Chronique de José Fontaine

Rivalités entre grandes villes wallonnes



Mons, Charleroi, Namur, Liège sont les quatre grandes villes wallonnes. Elles s'entendent pour partager les avantages liés au fait d'être la capitale de la Wallonie, mais peuvent rivaliser sur des projets nouveaux. Une autonomie wallonne effective dépend de leur accord et de leur renforcement.

Multiculturalisme au Québec et en Wallonie



La discussion sur le multiculturalisme se développe à l'intérieur même d'un pays ou à l'intérieur même de la race humaine toute entière: sa conclusion est une unité tragique, comme le montre Taguieff. Il n'y a pas de solution claire et tranchée. Il n'y a de solution que démocratique à cette question, car la démocratie est elle-même tragique: elle unit en opposant.

Le rapport Flandre/Wallonie en train de changer



La fermeture de l'usine d'Opel à Anvers pose une série de questions politiques et économiques tant dans le cadre belge qu'européen. Elle risque de modifier le rapport (ou les rapports) entre Flandre et Wallonie. Elle a une vertu pédagogique en quelque sorte sur la manière dont les deux peuples se représentent et qui peut être difficile pour chacun d'eux.

Le pape bafoue la Wallonie



Le journal bruxellois Le Soir entame une enquête sur les catholiques belges la semaine où les chrétiens wallons ont appris, consternés, la nomination par le pape de l’évêque de Namur, André Léonard, comme archevêque de Malines-Bruxelles, cet archevêque devenant automatiquement le primat de Belgique et le président de la conférence épiscopale belge. Et, bientôt (surtout), Cardinal. 60% de Wallons se ...

Haïti ou l'espérance humaine



Pour le titre, je me suis inspiré des paroles tracées lentement par Charles de Gaulle sur le livre d'or d'Auschwitz lors de sa visite qui suivit de peu celle de Québec en 1967: "Quelle pitié! Quel dégoût! Et, malgré tout, l'espérance humaine!"

Un moment unique de conscience wallonne



Une série d'émissions "Ma Terre" a commencé dimanche passé 3 janvier à la RTBF. La conception, les images, la haute vulgarisation de "Ma Terre" débouchent sur une présentation de la Wallonie qui, sur les plans simplement humain, historique et géographique, dépasse tout ce que l'on a vu, lu ou entendu jusqu'à présent. Cela a été rendu possible par la RTBF, le travail séculaire des historiens wallons, la compétence de l'Institut du Patrimoine wallon, le charme et l'intelligence de la présentatrice, Corinne Boulangier et bien d'autres.

Le dialogue Flandre/Wallonie qui déclasse la Belgique



Deux historiens, l'un flamand, l'autre wallon, ont écrit ensemble 400 pages sur la Belgique de 1970 à 2000, en trouvant un langage commun pour le faire, mais qui ne doit rien au nationalisme belge et qui annonce paradoxalement la fin des haricots pour le Royaume.

Nation et dialogue des convictions et des cultures



"Interconvictionnel" me semble être un bon néologisme pouvant désigner une société où ne règne pas seulement la tolérance entre les convictions mais aussi l'ouverture de celles-ci les unes sur les autres en lieu et place d'un "respect" qui morcelle la communauté citoyenne. J'ai vécu quelque chose d'une société pareille dans une école publique de Wallonie à 17 ans. La Constitution belge de 1830 me semble ouvrir à une telle société. Il me semble que la Wallonie, même détachée de la Belgique, doit rester fidèle à l'esprit d'un texte ancré dans l'expérience intéressante de la révolution de 1830, nourrie ensuite par des décennies de débats (parfois d'affrontements).

Pathétique chauvinisme belge



La presse bruxelloise francophone qui sent la Belgique condamnée se rue pathétiquement sur quelques Belges flamands récemment promus internationalement pour encore éprouver des frissons chauvins avant qu'il ne soit trop tard et que la Belgique ne cesse d'exister.

Reconnaissance mutuelle et conséquences politiques



Ce n'est pas en fonction d'une unité de l'humanité posée a priori, statique que nous allons vers une humanité plus humaine, mais en raison d'une unité dynamique. Langues, nations, cultures, civilisations se reconnaissent plus qu'autrefois, et cet impératif absolu de la reconnaissance condamne les pays comme le Canada ou la Belgique qui voudraient l'ignorer au nom de leur prétendue "unité".

La tragédie d'un peuple



Tragique destin que celui du peuple wallon. L'expression étatique qu'il s'est donnée - "Région wallonne" - est vouée à l'assumer. Mais comme toute entité étatique, elle a la température glaciale du "plus froid des monstres froids". Ceux qui ignorèrent et ignorent cette tragédie, retournent cette "Région wallonne" dont ils n'ont pas voulu, contre la Wallonie humaine à laquelle son expression politique s'oppose comme (selon le vocabulaire de Péguy), la politique à la mystique. Mais on peut faire pire encore que déchoir de la mystique à la politique: se servir de cette seconde contre la vie d'un peuple.

Une inoubliable Marseillaise



En Wallonie comme au Québec, les élites sociales et politiques ne jouent pas leur rôle. En acceptant n'importe quoi du partenaire national dominant, elles contribuent, à terme, à envenimer l'entente entre tous les citoyens de Belgique ou du Canada. On ne construit pas une société contre son peuple. Jeudi soir à la RTBF, le jeune ministre socialiste wallon Paul Magnette a cependant eu le mérite d'être plus éclairant, de se souvenir qu'il est un brillant professeur de sciences politiques et d'être ce que tout dirigeant démocrate doit être : un pédagogue.

L’abjecte Belgique d’Herman Van Rompuy



Le Premier ministre belge quitte son pays attiré par la fonction de "Président du Conseil européen" dont il avait d'ailleurs dit que personne ne pouvait la refuser, un peu comme un joueur de Division II du championnat de football ne dédaigne pas d'aller jouer dans une équipe de Division I. Sauf qu'un responsable démocrate n'a pas à s'engager dans la voie de la vanité, du mépris des siens et de la démocratie. Il est vrai que ses compères du club de Bilderberg s'enchanteront de voir l'un des leurs progressant dans leur philosophie commune: les peuples sont incapables de faire les bons choix.

Colère antibelge et démocrate



Le Premier ministre belge Eric Van Rompuy pourrait devenir Président du Conseil européen et jouer ainsi en "Division I" dans un match politique où les citoyens ne jouent plus depuis longtemps au niveau européen. Il n'empêche que les médias belges de plus en plus éloignés des citoyens au fur et à mesure que les élites s'en éloignent, se pâment. Colère d'un Wallon.

Montréal et Bruxelles peuvent tuer leurs hinterlands



Si Montréal cessait d'être majoritairement française, il faudrait faire une croix sur l'avenir du Québec qui n'aurait plus une métropole vraiment québécoise. Si je le dis, c'est parce que la Wallonie a une métropole - Bruxelles - qui, certes, parle le français, mais qui n'est pas pour autant wallonne. Qui n'est pas vraiment une métropole pour la Wallonie. Une situation qui, objectivement, constitue l'entrave principale à une Wallonie vraiment libre. Une Région qui dépend d'une autre Région parce que certains de ses intérêts y sont présents est une Région sans intérêt et vouée à disparaître.

La Wallonie paye pour Bruxelles



La Région bruxelloise a un PIB par habitant qui est pratiquement le double de celui de la Wallonie. Pourtant, face aux difficultés de financement de l'enseignement francophone en Belgique (= en Wallonie et à Bruxelles), c'est la seule Région wallonne qui est allée au secours de tout cet enseignement, le ministre du budget wallon ayant mis en avant qu'il ne calculerait pas mesquinement les modalités de la solidarité "entre francophones". Mais c'est aussi une manière de dire que les Wallons plus pauvres doivent payer pour plus riches qu'eux. En effet, les Bruxellois, eux, n'ont rien donné. Ce que j'écris ici n'est nullement une réaction isolée. Et les Québécois reconnaîtront ici le fameux complexe du colonisé.

Lutte à mort chez les libéraux wallons



Les libéraux wallons (et bruxellois), ont pris l'étiquette MR (mouvement réformateur). Leur président, le Liégeois Didier Reynders, est un homme d'envergure qui en est peut-être trop conscient et qui suscite contre lui une révolte radicale peu fréquente dans les partis en Wallonie et à Bruxelles. Cette crise, les observateurs belges l'analysent malheureusement sans souligner ce qu'elle révèle essentiellement: la nuisance du système politique appelé "particratie" pour la Wallonie. Et par là, plus gravement encore, pour la démocratie.

Julien Lahaut ne meurt pas



Une ministre fédérale wallonne (et libérale), a décidé que les travaux d'une Commission parlementaire fédérale, chargée d'enquêter sur l'assassinat du député et ancien résistant Julien Lahaut, le 18 août 1950, n'auraient pas lieu. "Pour raisons d'économie". Les démocrates se mobilisent. Quand la fonction critique du marxisme se renouvelle (avec Boltanski par exemple), on doit oublier, moins que jamais, qu'un député communiste a été assassiné. Le 18 août 1950 appelle "du travail, du pain, la liberté". Les blanches pages du beau poème en wallon de L.Hendschel ne peuvent le rester.

Chine et défis wallons ou québécois



Beaucoup s'occupent dans leur coin de leurs petits problèmes. Mais dès qu'il s'agit de s'élever à la hauteur des préoccupations d'un peuple (comme la Wallonie, le Québec), étrangement, même les plus éloignés de l'engagement politique, les plus confinés à leurs problèmes étroitement personnels, peuvent vous faire valoir que vous ne vous préoccupez pas de questions réellement à la dimension de l'univers et ils vous flanquent la Chine dans les jambes. A tort...

Le silence de la France



Alors que les chercheurs de maints pays (de langue anglaise en particulier), contribuent de façon parfois fondamentale au savoir sur la Wallonie, la France - la France universitaire notamment, ce qui est encore plus grave - nous ignore complètement. On peut montrer que ce n'est pas par hasard. Et les raisons de ce silence assourdissant (qui concerne aussi le Québec), ne grandissent pas la France, ce pays qui a pourtant signé un pacte avec la grandeur et que nous aimerions admirer sans réserve. En effet, comme le dit Hegel, "L'homme libre n'est pas envieux. Il admet volontiers ce qui est grand et se réjouit que cela puisse exister."

Tout nous vient de la France



En wallon de Liège, si l'on apprend qu'un distrait a oublié encore un rendez-vous, qu'un emporté a piqué une grosse colère de plus ou qu'un amoureux de la bouteille a de nouveau roulé sous la table on dit "Ci n'è nin possipe!" ("Ce n'est pas possible" exactement pour signifier l'inverse). C'est la définition de ce que l'on appelle une "antiphrase". Le titre de ma chronique est une antiphrase dédiée à la France et aux Français que nous aimons tant malgré tout.

Les Wallons en grève contre l'Europe



Acculés à la ruine, malgré l'indifférence (apparente) de la Flandre à leur combat, malgré l'énormité technocratique européenne à laquelle ils s'affrontent, les paysans wallons ont fait ce que le peuple wallon a toujours le mieux fait dans son histoire: refuser la servitude. Puisqu'on les détruit, ils ont commencé à détruire leur production de lait en le déversant dans un champ, à Ciney, en pleine Wallonie agricole. On commence à les imiter, notamment en Bretagne. L'Union européenne devenue l'union européenne du mépris est rejetée. En voilà un signe.

Découverte d'un surprenant rapport

« en politique tout ce qui est imposé de l’extérieur est faux » - Jean-Marc Ferry


Un rapport officiel datant du 3 mai 1918, par sa force d'analyse et sa pénétration vient d'être mis à jour par l'historien Paul Delforge. Il jette une lumière crue sur la constante répression des Wallons au sein d'un Etat belge où ils sont supposés "opprimer" les Flamands et dont la propagande parvient encore à les abuser, notamment par cette culpabilisation inepte à l'égard de leurs compatriotes.

La Belgique (comme le Canada), à n’importe quel prix



Les partisans de l'unité canadienne comme de l'unité belge sont prêts à tout pour la garder, y compris à saper, au moins par leur discours, les fondements mêmes de l'Etat démocratique, les valeurs du débat et même du conflit qui menacent trop leur vision glacée d'une Belgique ou d'un Canada en ordre et unis.

Ernest Glinne est mort le 10 août 2009

Nationalisme wallon et fraternité universelle



Ernest Glinne est mort le 10 août 2009. Parlementaire socialiste wallon et européen d'une envergure exceptionnelle, il le fut à la fois par son immense culture, la fécondité locale, wallonne et internationale de son action politique, mais aussi son honnêteté et sa sincérité. Il fut ministre, président du groupe socialiste européen, évincé de la présidence du parti socialiste dans des circonstances pas très claires. Il est l'un des parlementaires wallons qui a marqué le siècle passé par toutes ces qualités que fuient les médias tout en salissant ceux qui ne les ont pas.

Les fortunes royales en Belgique



Le yacht de 4,5 millions d'€ acheté par le roi Albert II de Belgique n'a rien de scandaleux en soi. Mais le fait qu'on l'ait appris et qu'on en débatte depuis mercredi annonce probablement le démantèlement du secret le mieux gardé du Royaume: la fortune de la famille royale. Symbole moral, voire spirituel de la nation belge, l'institution monarchique n'a aucun intérêt (surtout dans un pays de culture catholique), à ce que la fortune des différents rois depuis 1831 soit connue ni la manière dont elle a été acquise et transmise au long de son histoire. Et aussi celle de son dernier représentant.

Le film "chrétien" (?), le plus fort de ce temps



Il y a tant d'équivoque à user d'un pareil terme que "chrétien", que j'ai préféré le mettre entre guillemets, non par prudence ou timidité mais par souci de respecter l'oeuvre si forte de cinéastes de mon pays, le livre que l'un des deux Frères Dardenne a écrit récemment et qui bouleverse, même cet Américain que je voyais réagir l'autre jour sur un Forum, fier de l'avoir lu en français.

La Wallonie « glamour » d’Emily Hoyos



L'arrivée des Ecolos au Gouvernement wallon et à la présidence du Parlement de Namur (une fonction importante dans notre type de parlementarisme), est bien accueillie par des médias qui n'aimaient pas notre image non-glamour lié au passé ouvrier. Mais c'est probablement plus qu'un ravalement de façade...

Chaises musicales en Wallonie, Flandre, Belgique



Les gouvernements des Etats fédérés en Belgique sont constitués. La manière dont ils le sont fait penser que ce sont eux les gouvernements les plus importants. D'autant qu'une réforme de l'Etat belge est en vue qui leur attribuera plus de compétences.

Tout divise Wallons et Flamands



Agriculteurs wallons et flamands se sont divisés sur la question du prix du lait. On s'en scandalise. Mais ce désaccord ne relève pas de la mauvaise volonté des uns et des autres: simplement les intérêts se contredisent. Comme souvent dans une infinité de domaines entre les deux peuples. Ce qui ne mène pas nécessairement à la haine mais implique une large indépendance des deux pays et des accords pour s'accommoder raisonnablement de cette situation, pour "vivre avec". L'Etat belge, par son existence même, son unitarisme empoisonne les relations entre Flamands et Wallons.