Chronique d'André Savard

Le combat sur Internet



Des gens qui s’allient dans un effort créatif veulent construire des œuvres de persuasion politique. C’est un laboratoire que l’on fréquente et où on travaille parce que l’ambiance est agréable, pas un réseau de farauds qui prétendent représenter le peuple contre les pouvoirs conventionnels. L’objectif c’est de mettre en rapport les personnes qui sont initiées à des méthodes praticables et qui sont prêtes à se plier aux exigences du travail créatif.

Méditation à partir d’un événement insolite

Notre nation, par exemple, sans Constitution, sans volonté souveraine déclarée, est décrochée du cadre.


Le journal El Pais de Madrid rapportait il y a quelques semaines une expérience intéressante qui s’est déroulée dans le métro de Madrid. On a placé un chanteur très connu du monde hispanique dans une station de métro fort fréquentée. Il n’avait qu’à se plier au rite du chanteur de métro, gratter ses airs connus, la boîte de l’instrument ouverte pour les oboles. En plus d’une heure le chanteur n’a recueilli qu...

Le Tabou



Il est tabou de déclencher des élections en plein été. Il est tabou de renverser un gouvernement quelques semaines à peine après les dernières élections. De cela on peut déduire que, quoi que le gouvernement fasse au seuil de la belle saison, il n’y a qu’à encaisser avec une grimace.

La minorisation du Québec



Le Canada, qui s’est appelé Dominion britannique et qui parsème les couleurs british sur tant de drapeaux provinciaux, constitue un cas singulier dans l’histoire du colonialisme. Il prétend constituer un monde à part. [Un rapport du Commissariat sur le français->rub468], simple langue étrangère au Canada, ou d’autres facteurs corrélatifs [comme l’amoindrissement du poids du Québec dans la fédération->rub469], n’éclai...

Une grande orientation pour Pauline Marois



Un gouvernement national est élu pour représenter la nation, pas pour attendre que la cause nationale ait atteint un seuil de légitimité suffisante. Le gouvernement québécois a le droit d’avoir des décideurs qui décident en vertu de la nation québécoise et de sa légitimité propre.

Une Saga embrouillée

La promesse de modification de programme venue d’André Boisclair a plongé le mouvement indépendantiste dans une ambiance de coup de force appréhendé


Les journées d’André Boisclair doivent commencer des heures avant l’heure voulue et ce ne doit pas être à cause du bruit de la circulation urbaine... Peu après l’élection, André Boisclair annonçait son intention de proposer des changements au programme. On soupçonna le pire. Quand parut [la lettre de Martine Tremblay->6291], le sens de tout ça parut évident. Elle avançait les premiers pions, celle-là, et testait l’e...

Le réveil de la momie

L’autonomiste pense que tout est possible à condition de ne pas faire de bruit


Quand on veut renverser les citadelles ou qu’on veut secouer une vieille servitude, il arrive que l’on réveille la momie à la place. On pense ouvrir un trésor de possibilités et on ouvre un tombeau. On comprend que bien des Québécois ont voté pour Dumont parce qu’il croyait voter pour la distance moderne, l’invention et la passion. Ce serait bien le comble que, dans l’intention de suivre, au nom du bouleverseme...

La Nation filtrée



L’actuel projet de Constitution québécoise n’est pas une déclaration de vie. Il est tellement facile pour les adversaires du Québec d’agiter le menuet des soupçons qu’on préfère ne rien y dire : pas de pays à soi, pas de volonté souveraine, pas d’attachement outrecuidant à son identité propre. Notre existence prête trop à double sens et on ne peut pas être selon son cœur. On préfère faire à la place une déclaration d’amour au cadre canadien avec son cheminement, ses étapes, ses arrêts. C’est la Constitution d’une nation filtrée.

Les Rectificateurs



Si on continue sur cette lancée, la révolte de la classe moyenne, ces « êtres réels » fatigués d’ingurgiter des farces, aura vite fait de pondre des farces plus pompeuses encore. Encore quelques mois d’interprétation et on vivra dans un film génial sur la politique géniale.

À la défense de Philpot



L’art de Philpot avait été pourtant de montrer toutes les dimensions de ce génocide sans en faire une histoire simpliste. Dans ce renversement à faire frémir, ce fut lui que l’on qualifiât de négationniste.

L’authentique et le frelaté



Ce que nous vivons actuellement me rappelle notamment les moments où le gouvernement Landry était au plus bas dans les sondages. Tout à coup, c’est comme si on passait par une troisième phase. Par files entières, on voit les gens marquer leur dissidence. Déboussolés, nous voudrions marcher très rapidement. Les réactions primesautières tendent à prendre le dessus. On peut certes comprendre le mécontentement ambia...

La Balance du Pouvoir



Les sondages avaient raison quand ils prévoyaient qu’une petite marge déciderait. Une différence étroite d’une ou deux centaines de milliers de voix sépare les trois partis. C’est ce que la compilation fragmentaire des chiffres révélait passé minuit. Le Parti Québécois obtient la balance du pouvoir. Le Parti Québécois a chuté de cent cinquante mille votes et le parti Libéral de quatre cent mille votes. Le sonde...

Le Budget du Mandarin



Charest avait fait imprimer d’avance des affiches en l’honneur du budget de son ami Harper. Dumont butine sur ses spéculations financières en disant qu’avoir attendu le budget fédéral est une preuve de rigueur. C’est effarant de voir quel genre de types peut donner une patrie sans gouvernement national.

Le Bilan Culturel



Comme ministre de la culture, Line Beauchamp proclame que tout va pour le mieux sous ses responsabilités. Il faut traduire cela par une phrase plus précise. Certains projets artistiques sont financés et un nombre réduit d’artistes réussit à atteindre la prospérité. Il y en a d’autres qui, grâce à des bourses, ont réussi à atteindre pour cette année le seuil minimum de la pauvreté. Line Beauchamp vous dira, avec ...

Où souffle l’esprit?



Une frange croissante de l’électorat nationaliste se laisse prendre au jeu. Elle croit avoir le choix entre le gouvernement Charest qui se conforte dans une position passive et Dumont qui défend une plateforme si irréalisable qu’elle équivaut à une absence de conséquence. Ils ont si peur du référendum qu’ils se disent oui! Oui pour l’absence de conséquences. Ils croient voter ainsi pour la liquidation des conséquences néfastes.

Si on votait



Si les indépendantistes montrent qu’ils savent voter en masse, ce sera un signe de vigueur. Sans ce signe, la population ne croira pas en la possibilité d’une nouvelle période historique. Elle fera son choix entre des provincialistes et ceux qui sembleront être des chicaniers intéressés par-dessus tout par leurs affaires internes.

Le Parti des Blondes



La recrue de Jean Charest, Pierre Arcand, a servi une chanson qui s’inscrit dans le folklore fédéraliste en accusant Dumont d’être un [«Jean-Marie Le Pen québécois»->4449]. C’est une chanson servie par bien des journaux canadiens qui ont soutenu dans le passé que le Québec, en raison de ses influences françaises, risquait l’émergence d’un nouveau Jean-Marie Le Pen. Jean Charest, comme tous ses candidats, est bien prê...

Les Acteurs nécessaires



Il y a un moment où toute une classe professionnelle se donne le mot pour fournir le malaise attendu. Tout a un côté théâtre. La télévision, même celle consacrée à l’information, n’y échappe pas. Quand Bernard Drainville a annoncé sa candidature, un journaliste de Radio-Canada s’est dit témoin, à propos du passage de son collègue, de «l’état de journaliste à celui de souverainiste». En principe, avec les tergiversa...

Il faudra être en pleine forme



Il faudra être en pleine forme. Jean Charest a modifié l’agenda de ces rendez-vous partisans en vue des élections générales. Le premier ministre croit que ça va assez bien pour lui. Le Canada, ce grand pays, s’étale au soleil. En Ontario, il y a plus d’individus qui ne parlent ni le français ni l’anglais que d’individus bilingues. Le temps est au beau fixe, le temps idéal pour déclencher des élections. Les sondages...

L’identification collective

Le « nous » désigne un rapport vivant à soi et au monde


Les réactions aux déclarations de Ségolène Royal laissent songeur. La souveraineté est en soi une valeur. Ce n’est pas une option arbitraire. C’est un principe de base. Le seul fait que ce soit jugé comme un grave impair de se sentir des affinités avec la souveraineté du Québec démontre dans quel contresens nous sommes englués. On ne souhaite pas la perte de l’indépendance pour un peuple de plusieurs millions d’hab...

Les racines politiques du multiculturalisme



Le multiculturalisme n’est pas né d’un amour de la différence. Après le rapport Laurendeau-Dunton, les puristes souhaitèrent Trudeau à la tête du parti Libéral. Pour des motifs tout aussi idéologiques d’ailleurs, ils ont amené récemment Stéphane Dion. L’objectif qui présida à l’ascension de Trudeau était de remplacer à jamais la thèse des deux nations par celle de la cohabitation des groupes ethniques. Ainsi la nation québécoise tombait dans la seule catégorie retenue, celle des groupes ethniques.

Contre l’emprise des prêtres



À les entendre, on finit par tant craindre la tendance totalitaire québécoise qu’il ne reste plus qu’à espérer un Québec démobilisé reposant dans le giron canadien.

Autodétermination ou faux choix



Hier, à l’aube, j’ai rêvé que j’étais chaussé de patins à roulettes. Je dévalais les corridors encombrés d’un immeuble inconnu. De toute évidence je possédais la technique car je me faufilais aisément entre les secrétaires, les avocats, les représentants en complet veston. C’était bien moi qui allais, et dans mon sommeil j’avais peine à croire. Je faisais partie de la génération suivant la mienne. J’avais de la m...

Le sort de Vigile



Si Vigile disparaît, ce sera un outil de moins pour contrer le point de vue officiel avec toutes ses lâchetés et ses médiocrités.

Le bon soldat

L'évidence logique de tout ceci est telle pour Dion que le souverainisme lui semble totalement irrationnel.


Au cours de la dernière décennie, Stéphane Dion s'est qualifié de « bon soldat » plusieurs fois en entrevue. Maintenant il dit de sa relation avec les Québécois qu'il s'agit de « respect mutuel ». On comprendra que le bon soldat nous tient en respect. Stéphane Dion est un préfet de discipline. À vos ordres. Quand il est arrivé en politique, il s'est demandé si un code existait pour imposer une discipline au Qué...

La "province nationale soumise" enfin reconnue



La « reconnaissance » de notre nation qui vient d'avoir lieu est un chef d'œuvre d'humour noir. La nation québécoise y est comme une grosse méduse sans squelette, enchâssée, et à laquelle on inculque un modèle qui n'a pas à être décidé par elle. « Au sein du Canada uni » veut signifier tacitement que la nation québécoise n'outrepasse pas le mécanisme intégré. Il y a une telle contradiction entre cette soi-disant reconnaissance nationale et la primauté du Canada uni qu'elle fournira aisément des munitions aux souverainistes.

« Vive le Canada souverain »



L'étage amplement vitré montrait la rue en-dessous s'allongeant entre une lignée de néons. Anouk Veilleux défroissa sa feuille où avait été inscrit le numéro du local. Elle poussa la sonnette qui paraissait en panne. De guerre lasse, elle tourna la poignée et se faufila dans un vestibule où elle attendit qu'une personne bien avisée vienne la chercher. Par une porte entr'ouverte lui venait le bruit d'un entretien. E...

Un faux débat philosophique



Comme Québécois, nous nous faisons renvoyer par le système politique canadien à l'existence d'une autre nation qui s'assume comme adulte et qui demeure libre de nous définir comme elle veut, nation, province, groupement ethnique. C'est elle l'arbitre du match... et la partie adverse tout à la fois.

Pour une nation qui s'appartient



Dans l'optique où notre nation reste une partie du Canada, le Québec est un territoire octroyé et rien n'appartient aux Québécois en propre. C'est ce qui est fascinant dans cette pagaille. Le système canadien est un pur système d'octrois où tout appartient à la majorité canadienne, tout, absolument tout. Le Canada se présente à nous comme s'il accordait aux Québécois conditionnellement un droit d'assise sur le sixième du territoire canadien. C'est outrageant. C'est se faire ravaler au rang d'ethnie d'emprunteurs. Nation reconnue ou pas, tant que nous serons au sein du Canada, nous resterons submergés dans une domination politique scandaleuse et qui se veut légale.

«Voir ou ne pas voir» pour un lucide



Lucien Bouchard a un point en commun avec Bill Clinton. Tous les deux sont d'anciens chefs d'Etat au lendemain de leur carrière. Tous les deux sont des figures qui, par principe, ne peuvent plus représenter uniquement une famille politique. Il y a un déplacement de l'enjeu, du point de vue, pour celui qui a représenté l'Etat. Lors de son départ, Bouchard prononça un vibrant plaidoyer en faveur de la souverainet...