Chronique d'André Savard

La popularité imméritée de Jean Charest



Charest n'a pas changé mais il profite de son inertie dans une position élevée. Il passe devant les micros et on apprend à associer sa figure rondouillarde avec le principe d'accès à des informations privilégiés, de pouvoir supérieur, d'autorité légitime. Moralité? Si vous êtes médiocre, essayez d'occuper un haut fauteuil le plus longtemps possible. À force de vous voir là, on finira par vous trouver aussi rassurant que les beaux meubles.

Série sur René Lévesque

Les ronrons hypnotiques



Il y a d’autres exemples de ronron hypnotique, la série télévisée René Lévesque par exemple. Pour maintenir la tension dramatique dans le récit, le scénariste a carrément donné des fonctions à des personnalités historiques, plusieurs bien vivantes (comme Parizeau et Claude Morin) les ravalant au rang de types romanesques.

Ignatieff ou l'utilité politique d'un prince de l'esprit



Le prince de l'esprit veut donc dire aux Québécois que leur existence politique ne déroge pas du patriotisme canadien et des références unificatrices. Néanmoins, Ignatieff laisse la porte ouverte à l'appartenance québécoise, dit-il. On ne voit pas en quoi cela diffère d'un ordre de préférence, le droit d'aimer sa ville, le droit de choisir un club de hockey.

Autour de la Romaine



Dès qu'on touche à des causes sacrées comme l'écologie ou les amérindiens, on n'a pas intérêt à parler apparemment contre, de sorte que la seule chose qui s'étale dans les journaux, c'est la guimauve romantique.

Le maire Tremlay doit-il partir?



Les montréalais interrogent le vide. Qui est en mesure de le remplacer pour faire de Montréal une métropole? La population n'a pas confiance en Labonté. Le temps n'est plus aux intérêts de carrière et au confort personnel. Madame Louise Harel devrait songer à sa nomination à la mairie de Montréal comme étant une question de salut public.

Gilles Taillon espoir des adéquistes



En principe, l'ADQ n'a pas renié ses origines. Ce serait simplement que les temps ne sont pas mûrs. Le Québec comme État au sens plein du terme a le temps d'advenir mais entre-temps, l'heure est à son amoindrissement, condition qui fécondera les communautés locales. Il y a un temps pour chaque chose, un temps pour exprimer une chose, un temps pour exprimer son contraire...

La péréquation comme axe de développement



La péréquation est supposée d'être une répartition équitable de la richesse canadienne. Le Québec s'est habitué à la voir comme un maillon nécessaire, une force centrale sans laquelle il ne peut vivre.

La nation québécoise et le sentiment mondial d'être berné

Toutefois, un énorme sentiment d’incrédulité monte devant tous ces chiffres astronomiques.


Après la crise comme avant, la bonne vieille rhétorique voulant que rien n’empêche le capitalisme de récompenser le mérite individuel sert de bannière à des exactions depuis longtemps devenues pratiques courantes.

Et si la loi 101 était devenue une grande loi canadienne?



La loi 101 a-t-elle même le droit de viser plus haut sans brimer les droits du citoyen canadien? Le consommateur a le droit d’être servi dans sa langue mais le citoyen canadien a le droit de ne pas se voir dicter ses préférences linguistiques.

Les vraies raisons du sous-financement de Radio-Canada



En conclusion, Ottawa occupe le champ de télécommunications. Il est normal que tout soit d’abord pensé pour assurer la médiatisation du point de vue canadien. L’intérêt est politique et ne vise qu’en second lieu le développement d’une culture québécoise, compatible d’ailleurs avec le mandat de Radio-Canada.

Ignatieff à l'assaut du Québec



Nous y voilà. Il ne faut pas craindre la diversité et accorder pleine confiance dans nos moyens de faire notre place au Canada. Un très long détour pour nous resservir du réchauffé tout droit sorti du règne de Trudeau.

Vers une hausse des tarifs en 2011

Doit-on démanteler les vaches sacrées québécoises?



Le gouvernement Charest fait souvent des bourdes en commençant par des sorties contre les visions « trop totalisantes », les convictions trop monolithiques. Jusqu’à présent, cela nous a donné la réingénierie, le partenariat public-privé du CHUM, et la décomposition de l’autorité montréalaise en arrondissements. Ne soyons donc sûr de rien, surtout que ce gouvernement est là pour quatre ans.

Charest acharné à rendre la Caisse suspecte



La Caisse de dépôt a acheté du papier commercial dont la nature même est de regrouper des mauvaises créances. Elle en a acheté si massivement qu’en cas de coup dur, sa revente était impossible. L’écoulement d’une telle quantité de papier commercial aurait inondé le marché. Le risque d’un tel investissement était manifeste.

Le Canada, pays enchanté



À cette époque où on vante la « fin des idéologies » et « la fin des grands récits », on peut s’étonner de cette sublimation du Canada. Il devrait soulever la question de la qualité de notre débat démocratique. Le Canada est devenu un pays qui se pose au Québec comme un objet de prédication et d’idolâtrie.

L'affaire du Québécois

L'affaire 1759



Que l’on cesse de lancer la pierre à ceux qui nous avertissent du danger. Plus nous serons dans l’ambiguïté, un glacis québéco-canadien en voie d’assimilation, plus des lignes de fracture exploseront. Avant d’entrer pleinement dans le giron canadien, fatalement, le Québec connaitra de la colère, de la confusion, un sentiment de reniement fondamental.

Le refus de la souveraineté culturelle



Nos combats au Québec, dès que nous les perdons, nous nous empressons de nous dire qu’ils ne sont plus actuels. La Québec vient d’encaisser une baffe, on range le dossier. Le lendemain, avec une hypocrisie incroyable, nous nous disons que nous sommes très bien après coup, moins timorés, que nous avons bien tort de faire des guerres de religion avec n’importe quoi, le français, la culture, les droits de la nation québécoise. Nous écoutons René-Daniel Dubois, Richard Martineau, les libres penseurs qui ont tellement la ressource de voler au-dessus de tout ça.

Sarko: un chameau chante l'opéra canadien

Pourquoi le fait que le Québec cesse d’être une province de la nation canadienne constitue-t-il de facto un retournement des valeurs de justice et de liberté ?


Sarkozy a l’excuse de parler à travers son chapeau et d’être reconnu comme tel. Il est plus grave de penser que cette lourde symbolique faisant des souverainistes des sectaires haineux dresse une table stratégique. Ce répertoire monte la tête de ceux qui veulent croire que les victoires de l’appareil d’Etat canadien sont nécessairement des victoires du bon droit sur la barbarie.

Pourquoi Charest est-il content des principes fédéralistes?

il est très difficile de traiter avec la nation canadienne, une nation plus convaincue que toute autre au monde de sa stature morale immaculée.


Le fédéralisme canadien ne dépend pas d’un contrat entre sujets libres. Le Québec n’est même pas un sujet libre dont les droits sont évoqués dans un corps de principe. Le seul sujet libre au Canada c’est le citoyen canadien qui décide par le truchement de son gouvernement national du sort de ses entités administratives. Avec de tels principes, le Fédéral n’a pas fini de vivre en grande, heureux d’achever sa besogne au Québec, Harper ou pas.

La raison politique du budget

Que des indépendantistes québécois permettent à une coalition de tenir ensemble, c’est inacceptable au Canada.


Le budget qui vient de faire l’objet de plusieurs fuites calculées ne fut pas rédigé en raison d’un désaccord sur un principe de budget. Harper croyait en l'autocontrôle des marchés. Il croyait que les servitudes du gouvernement faisaient plus de tort que de mal. N'importe. Ce budget n'a pas eu comme objectif de fond de refléter les convictions des uns et des autres sur l'économie. Il ne fut même pas spécifiqu...

Jean Pelletier l'éminence



Pendant la longue carrière de Jean Pelletier, des façons de raisonner furent instaurées par sa famille politique. Jean Pelletier fut solidaire de chacune d'entre elles parfois en manifestant ouvertement son appui, parfois par son oubli non accidentel des menées les plus sombres du camp fédéraliste.

La Caisse de dépôt et l'avenir des stratégies d'investissement



Le prochain directeur de la Caisse de dépôt aura besoin de voir large. Il s'agit de savoir si les bons vieux schèmes entourant les stratégies d'investissement tiendront toujours dans l'avenir.

Portrait d'une fin d'année au Québec



On lit tellement année après année sur les miracles du pouvoir québécois que, pris dans les plis de l’habitude, nous nous méprenons totalement sur la condition de notre nation.

Un bilan de 2008

2008 fut une année au cours de laquelle le Québec fut traité comme une nation minoritaire du Canada.


Que 2009 soit une année de plus vers la maturité car “maturité” ne signifie pas qu’il faille renoncer aux rêves de ses vingt ans. Au contraire. Il faut y croire encore davantage.

Les idées claires



Avoir les « idées claires » c’est poser la volonté de la nation québécoise comme condition première, raison inaliénable qui doit présider à l’élaboration du cadre politique dans lequel elle veut vivre.

Autopsie d'un abus

Autopsie de l’abus d’autorité du premier ministre canadien


Pour justifier l’abus d’autorité du premier ministre canadien, on prend un langage catastrophiste. Tout le monde au Canada a parlé de “l’éclatement du pays”. Pourtant les Canadiens sont maîtres de décider du lien qui les soudent entre eux. Ils pourront rester unis autant qu’ils le veulent advenant la souveraineté du Québec.

Un premier tour d'horizon

Les chiffres du journal La Presse annonçaient un balayage libéral. Il n’a pas eu lieu.


Dans son discours de remerciement, Charest a parlé de la nécessité que le Québec occupe toute la place qui lui revient au Canada et dans le monde. Chez les fédéralistes, ce genre de discours alterne habituellement avec des discours sur l’oubli de soi-même ou sur la solidarité interprovinciale.

Un choix historique



Jean Charest a eu ce beau mot pour caractériser sa posture: "Je ne m'occupe pas du statut du Québec mais bien de sa stature." Personne au sortir du débat ne lui a posé de questions là-dessus. En fait, quelle est la stature d'une province qui ne peut que proposer et solliciter des autorisations? Une stature couchée à l'horizontale ou une stature à la verticale?

Charest - héritier plaintif d'un pseudo-désastre

Il y a deux points sur lesquels Charest n'a pas changé de chapeau. Son attachement au statut du Québec, province du Canada et son inclination spontanée à blâmer les autres.


Charest affirme qu'il a hérité d'un désastre. "Quand je suis rentré au pouvoir, le système était à terre" a-t-il dit textuellement. Il a ensuite dit: "Pauline Marois est l'auteure d'un désastre dont les effets se feront encore ressentir pendant quinze à vingt ans". Songez: cela signifie que Charest va attribuer les aléas de sa gestion gouvernementale au Parti Québécois au-delà de 2025.

"la souveraineté ou l’économie"

Charest a fait sa dernière campagne en scandant "la souveraineté ou la santé". On peut dire qu’il a ajouté cette fois : "la souveraineté ou l’économie"


Charest, politicien qui connaît peu l'économie et entouré d'une équipe que personne n'oserait qualifier de "du tonnerre" a quand même tiré son épingle du jeu. En évoquant la souveraineté comme la coupure, frontière qui sépare le peuple de l'économie et de la santé, il a fait une merveilleuse carrière.

Le gouvernement Charest: une abomination économique



Jean Charest compte sur le renoncement par rapport au rêve québécois, sur une satisfaction désabusée, et sur la promesse d’écarter les élections pour les quatre prochaines années afin d’être élu majoritairement. Les Québécois feraient une très grave erreur en réélisant Jean Charest. Sous prétexte qu’on en a juste marre de la politique et qu’on n'a pas le goût de poser des gestes historiques, on reconduirait au pouvoir un gouvernement dont la boussole fut erratique.