Un bilan de 2008

2008 fut une année au cours de laquelle le Québec fut traité comme une nation minoritaire du Canada.

Chronique d'André Savard


2008 fut une année au cours de laquelle le Québec fut traité comme une nation minoritaire du Canada. Les députés québécois du parti Conservateur, lesquels avaient beaucoup de temps, le parlement étant fermé, se retrouvaient dans tous les médias pour réitérer le principe de la proportionnelle. À moins d’un gigantesque baby boom, le Québec semble avoir atteint son nombre limite avec soixante-quinze députés au Québec.
Pour contrer cette minorisation inéluctable, les députés du Parti Conservateur annoncent ce qu’ils appellent une “bonne nouvelle pour le Québec”. Il aura droit à quatre nouveaux sénateurs pour défendre ses intérêts nationaux. Quatre nouveaux sénateurs québécois convaincus de ce que peut le fédéralisme canadien comme Idée en ce nouveau siècle de minorisation et d’annexion de la nation minoritaire. Quel Beau programme!
Jean Charest fut réélu en 2008 mais pas pour donner un tour de clef dans la serrure. Il a été élu dira-t-il pour donner au Canada tout entier une porte de sortie sur l’Europe. Il a été élu pour que les travailleurs québécois aillent s’épanouir de ravissement en Alberta grâce à une mobilité accrue de la main d’oeuvre. La chose ne paraît pas inquiétante à Charest, souhaitable plutôt. Sa bouche se remplit de formules comme “progrès de l’industrie québécoise”, ou “Canada, terre d’expansion du Québec”.
2008 fut l’année au cours de laquelle on a entendu un premier ministre du Canada dire que les vrais représentants du Québec, les vrais nationalistes, travaillaient pour le Canada tout entier. C’est parce qu’ils ont une vue plus globale, plus fraternelle que les séparatistes. Si on veut un exemple, un séparatiste vous dira que le Québec se minorise sans cesse. Un bon fédéraliste voit plus large. Il vous dira que le nombre de Québécois varie sans cesse. Tantôt, il en naissait, tantôt, il en mourait, sans que jamais le Québec ne disparaisse. C’est ce qu’on appelle l’optimisme fervent de nos représentants nationalistes fédéralistes.
Tout s’est bien passé alors que le Québec avait quatre sénateurs en moins. Pourquoi disparaîtrait-il maintenant qu’il a quatre sénateurs de plus? À moins d’avoir perdu le sens de l’addition, nous ont répété les partisans du Québec annexé, il est assez évident que des grands jours nous attendent.
Au plan de l’économie mondiale, l’année fut riche en surprises. Les plus grosse fortunes américaines, celles-là même qui ont pesté toute leur vie contre l’intervention de l’Etat, au volant de leur jet privé, ont réclamé une aide, des étrennes qui pourraient atteindre le trillion de dollars. Même les journaux de droite ont décrié cette générosité sans condition. Alors, quand les grands de l’automobile sont arrivés à leur tour rencontrer le Père Noël, on avait trouvé une condition: si vous voulez de l’argent baissez le salaire de vos employés.
Pendant deux semaines, le grand symbole du faste outrancier des élites dirigeantes fut les revenus somptuaires des ouvriers sur les chaînes de production. Une bonne rationalisation, dit-on lors des audiences publiques à ces dirigeants qui font en un avant-midi l’équivalent du salaire annuel d’un ouvrier, commençait par l’orchestration d’une bonne baisse de revenus à la base. Ainsi les ouvriers du secteur de l’automobile deviendraient comme tout le monde. Ils auraient enfin besoin de cinq cartes de crédit pour vivre et on ferait un pas de plus vers une société plus égalitaire.
2008 fut aussi l’année de l’affaissement des fonds de pension. On était habitué à miser sur la progression continue de la bourse qui allait de pair avec la croissance économique mondiale pour s’assurer des revenus à la retraite. Maintenant il n’y a plus qu’à espérer que les pertes soient des pertes sur papier, en rêver, se dire que les rêves se réalisent, s’abstenir en attendant d’ouvrir les redditions de compte de son REER.
Au niveau international, on a appris que le Congo était à feu et à sang. Le New York Times a fini par briser le silence pudique sur l’alliance des U.S.A avec Paul Kagamé, grand maître du Rwanda, quand on a observé que des effectifs militaires rwandais se joignaient aux génocidaires congolais. La diplomatie américaine nia tout. Kagamé, bien assis sur son doctorat Honoris Causa de l’université de Sherbrooke, assura qu’aucun de ses malfrats n’étaient au Congo. Si jamais il y en avait, ils ne s’occupaient que du lavage des culs-de-jatte.
En 2008, on a peu parlé des pluies acides, ayant trouvé des problèmes écologiques pires encore. En 2008, Jean Charest a beaucoup parlé des “vrais problèmes”. Avant de l’écouter pour une autre année disserter sur la hiérarchie des urgences, il faut se rappeler qu’un homme qui renonce à ses rêves au nom de ses problèmes n’a plus qu’à s’éteindre.
Que 2009 soit une année de plus vers la maturité car “maturité” ne signifie pas qu’il faille renoncer aux rêves de ses vingt ans. Au contraire. Il faut y croire encore davantage.
André Savard


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