On aimerait peut-être se rassurer en se disant que ces élections provoquées par esprit d'opportunisme ne seront pas historiques. Elles le sont. Elles le sont parce que, même en votant blanc, même en pestant, on ne peut pas décréter un arrêt de l'évolution du Canada avec tous ses noeuds. Ceux qui détestent les politiciens, je-m'en-foutistes, ont beau dire, ils ne sont pas à la hauteur de la situation.
Le débat a beau vouloir porter sur l'économie, les Québécois voteront forcément pour la forme de gouvernement à laquelle ils se soumettront.
Les temps ne sont pas mous. Ce n'est pas parce que la population se dit désabusée que l'époque se mettra entre parenthèses. Si Charest est remis au pouvoir, qu'on cesse de dire que ce sera du "pareil au même".
Le Canada comme système de pouvoir a des effets historiques. Il n'y a pas d'intermède. La gauche canadienne autant que la droite canadienne affirment que les provinces, en ces temps de crise, doivent présenter des relais efficaces pour les politiques canadiennes. Que la "belle province" abrite une des nations minoritaires du Canada, les Québécois, ne change rien.
La structure canadienne est agissante, cumulative dans ses avancées. Elle établit ses rangs, assigne les positions. Quatre ans avec Charest, c'est quatre ans où le Québec va se confiner dans un état intermédiaire. Il n'y a que Pauline Marois qui propose un virage. Un Québec avec sa Constitution Nationale, engagé dans un rapatriement des pouvoirs, se situe enfin dans l'ordre du remplacement. On ne doit plus admettre un Québec qui existe que dans l'exacte mesute où il est une province.
Charest l'a dit au cours du débat. Il se contentera d'ententes administratives. On aura donc, s'il est élu, un premier ministre qui propose et qui laisse le gouvernement fédéral disposer. Le Canada garde les mêmes normes mais il peut les assouplir temporairement pour une province.
Jean Charest a eu ce beau mot pour caractériser sa posture: "Je ne m'occupe pas du statut du Québec mais bien de sa stature." Personne au sortir du débat ne lui a posé de questions là-dessus. En fait, quelle est la stature d'une province qui ne peut que proposer et solliciter des autorisations? Une stature couchée à l'horizontale ou une stature à la verticale?
Claude Morin a écrit un petit bijou de synthèse dans son livre La Dérive d'Ottawa qui marque bien les intentions de ces "ententes administratives": "À la lumière de l'expérience constitutionnelle de la dernière génération, la classe politique d'allégeance fédéraliste a soudain tiré la leçon que, contrairement à ce que tout le monde, y compris elle-même, avait cru jusque là, la solution des problèmes fédéraux-provinciaux. et particulièrement celle de la question Québec-Canada, ne passait plus par une réforme du régime mais, grande découverte, par la mise au point d'arrangements administratifs! Voilà, il fallait y penser. Comme on ne pouvait résoudre les problèmes, on en tirerait des solutions..."
Le plus grave, c'est que ces arrangements administratifs sont devenus un outil de propagande. Charest les présente comme une grande victoire, la preuve de l'ouverture d'esprit de l'Etat canadien et de l'influence hégémonique de la "belle province" au Canada. On brandit une autorisation du grand frère, d'ailleurs temporaire et révocable, comme un renversement total, une victoire sur la pagaille, une preuve que la "belle province" peut briser la logique de la soumission.
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Pour ce qui est du chef de l'ADQ, on aimerait bien que sur la question québécoise il démontre cette "culture de l'effort" qu'il dit vouloir personnifier. Au cours du débat des chefs, pressé de se prononcer sur la souveraineté culturelle, il a noté que le rapport Allaire affirmait sans équivoque le droit du Québec à la souveraineté culturelle.
Fort bien, donc. Sitôt dit, le petit Mario exprima sa foi dans une prochaine ronde des "provinces". En effet, expliqua-t-il, les autres provinces veulent aussi des changements. Il fallait être prêt pour vouloir des changements avec elles.
Qu'est-ce que c'est que ça? Le chef de l'ADQ semble oublier que son rapport Allaire ne souhaitait pas une subordination du Québec aux initiatives des provinces. Le fédéralisme que disait vouloir le rapport Allaire n'était pas un fédéralisme interprovincial.
Le rapport Allaire affirma vouloir que le Québec détienne un pouvoir qui se suffit à lui-même. Maintenant, petit Mario nous ressort l'antienne des "temps pas mûrs", poussant la paresse jusqu'à situer son projet parmi les réformettes des autres intermédiaires provinciaux.
Charest et son alter ego de l'ADQ affirment qu'en ces temps de crise on doit laisser le Fédéral gouverner au nom de l'espace économique canadien. Or, prétextant les nécessités de la crise, le Fédéral réclame un resserrement des normes, des pratiques plus unitaires de gestion. À ce moment-ci comme à tout autre, le Fédéral ne parle jamais de trève, ni d'effacement, lui.
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La seule qui pose un Etat québécois qui étoffe ses bases, c'est Pauline Marois. La seule qui pose un gouvernement prêt à édicter ses propres normes, c'est Pauline Marois. Il ne suffit pas de dire comme Charest que l'on va assurer les subventions aux chanteurs, compenser pour les coupures aux arts. On ne peut pas toujours se rabattre sur les chanteurs pour se convaincre que le Québec laisse des traces et donc des différences.
Il faut faire la différence.
André Savard
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2 commentaires
Michel Guay Répondre
2 décembre 2008La place du Québec sera dans le monde au sein de toutes les institutions internationales ou sera municipalisé par les fédéralistes à Dumont et Charest aidés des partis bidons divisionnistes faux indépendantistes pour finalement devenir une province anglophone canadian .
Avec ce qui se passe à Ottawa ou le Bloc détient entièrement la balance du pouvoir dans cette coalition tripatiste il faut absolument élire le PQ au Québec qui seul peut soutenir Duceppe pour faire respecter la nation québecoise .
Votons PQ en BLOC c'est vraiment un choix historique que nous ferons le 8 décembre 2008
Archives de Vigile Répondre
1 décembre 2008M. Savard, vous dîtes avec raison : Il n’y a que Pauline Marois qui propose un virage. Un Québec avec sa Constitution Nationale, engagé dans un rapatriement des pouvoirs, se situe enfin dans l’ordre du remplacement.
Et, je pense que le contexte économique mondial actuel commande non pas une soumission bête au régime fédéral canadien et un effacement ou subordination aveugle au gouvernement fédéral, mais bien au contraire, présente une opportunité pour marquer des points dans notre marche vers la création du pays du Québec.
Il faut être complètement inconscient pour penser que le Québec trouvera une place dans le Canada, une place qui va satisfaire la nation québécoise. Jamais le Québec ne sera perçu autrement que comme une nation vaincue qui doit être assimilée coûte que coûte. Jean Charest a d'ailleurs été parachuté au Québec pour accomplir cette unique mission : affaiblir le Québec et l'assimiler à jamais. Et les partis fédéralistes d'Ottawa savent s'unir pour soutenir les efforts de l'anéantissement de notre nation unique en amérique du Nord.
Les circonstances commandent un gouvernement majoritaire du parti québécois. Un capitaine Québec et non pas un Capitaine Canada.