Gilles Taillon espoir des adéquistes

Chronique d'André Savard

Il n'est guère étonnant de voir Gilles Taillon pressenti pour diriger l'ADQ. Ce n'est pas un combattant de la première heure. Ancien meneur du Conseil du Patronat, Gilles Taillon n'apparaissait pas comme un allié naturel de ces jeunes libéraux en rupture de ban après l'échec de Meech. Mais il y a deux ADQ, celle des origines et celle élaborée après le référendum. La dernière version de l'ADQ paraissait taillée sur mesure pour Gilles Taillon.
On se souviendra qu'après le référendum de 1995, l'ADQ s'interrogeait beaucoup sur son avenir comme parti politique. Un parti, entendait-on, devait avoir une "offre de services intéressante". Il devait modeler son discours pour la clientèle visée et savoir à qui il voulait parler.
L'ADQ aurait désormais son public-cible, la classe moyenne. Et l'ADQ se faisait une définition de convenance de la classe moyenne, des gens qui se sont faits tout seuls, envers et contre les tentacules de la société sociale-démocrate qui ne les avait jamais aidés. Exit la cause nationale, on était désormais en présence d'un parti en quête d'une caste électorale et qui se présentait comme le parti des petits entrepreneurs.
L'ADQ formée pour doter le Québec d'un Etat autonome, libre de ses choix, possédant ses institutions, se définissant selon ses voeux? Là n'était plus la condition essentielle, pas même une incertaine prédiction sur les actions à entreprendre. L'ADQ ne reniait ses intentions originaires. Seulement, le parti alléguait, selon ses termes, une "maturité nouvelle". On allait désormais mieux cerner les problèmes, les ramener à leurs justes limites. Un préambule qui ramenait rapidement à une conclusion: un Québec prospère qui chérit sa classe moyenne serait plus fort économiquement et donc politiquement.
Le programme semble schizophénique. L'ADQ comme d'ailleurs le parti Libéral se plaît à décrire l'Etat québécois actuel comme le moteur du développement québécois, de bonne taille et en stature croissante indépendamment du statut qui lui est accordé. L'ADQ veut l'Etat dégraissé, confiant la gestion des juridictions dont il est responsable, la Santé et les transports surtout, à l'invention du privé. D'un côté on prône le rôle accru de la créativité individuelle (entendez le privé) puis on veut y parvenir par un régime minceur à l'endroit du gouvernement québécois qui n'est qu'un demi-Etat.
En principe, l'ADQ n'a pas renié ses origines. Ce serait simplement que les temps ne sont pas mûrs. Le Québec comme État au sens plein du terme a le temps d'advenir mais entre-temps, l'heure est à son amoindrissement, condition qui fécondera les communautés locales. Il y a un temps pour chaque chose, un temps pour exprimer une chose, un temps pour exprimer son contraire...
D'un côté, on nous parle des libertés individuelles accrues. Puis on nous apprend que ces libertés individuelles s'exercent bien si on se soumet à l'époque et aux limites du régime canadien. Ce n'est pas une incohérence sur le parquet de l'ADQ. Si c'en est une, l'absurdité ne se manifestera pas sur le long terme. Arrivera un jour où le Québec paiera de la péréquation. Arrivera un jour où le rapport de dépendance se sera inversé et où le Québec définira la fédération canadienne alors que pour le moment il est défini par elle.
Si l'ADQ se borne à prôner un demi Etat aminci qui abrite des individus entreprenants, avant de se chercher un chef, il y aurait lieu de se demander s'il ne vaut pas mieux mettre la clef dans la porte. L'ADQ des origines défendait une proposition qui, au moins, avait le mérite de mettre en lumière un point: les fédéralistes canadiens ne défendent pas tous les fédéralismes, ils en défendent une sorte.
Le fédéralisme interprovincial est une combinaison particulière et le statut provincial du Québec n'est une condition de viabilité de tout système d'union politique et économique apte à fonctionner. Si l'ADQ avait un chef qui a le courage de défendre ses idées de gros bon sens, ce serait déjà ça de pris. La raison d'existence d'un parti n'est pas d'avoir sa place et sa clientèle.
André Savard


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mai 2009

    L'ADQ n'est qu'une nuisance politique au Québec rien de plus. Que Taillon dont les suffrages ont diminué de 65% aux dernières élections dans son comté arrive avec son histoire personnelle d'extrême-droite, le créneau est déjà occupé par les libéraux-conservateurs de Jean Charest. Ce Charest, qu'il contestait, à la tête du conseil du patronat, le trouvant trop centre-droite dans toutes ses décisions. Un parti de classe moyenne et dont la caisse électorale est remplie à majorité par des dons de riches, 1000$ et plus, n'a pas d'avenir. C'est un parti de classe qui tend à substituer la ploutocratie à la démocratie et les électeurs n'en veulent pas, même avec un super Mario vociférant à la une.
    Passé de nationaliste après Meech à fédéraliste presque inconditionnel après le référendum ce parti puise dans l'autonomie provinciale de Duplessis, décision en moins quand c'est le temps de passer aux actes, en retard de 70 ans sur la réalité politique du Québec. L'autonomie des mots et des maux. Taillon n'a pas plus d'expérience politique que Mario et peu de crédibilité pour nous y faire croire à son tour. Le Canada anglais n'en veut pas, Chalottetown l'a
    dit.
    Le programme fantaisiste de l'ADQ à travers ses pérégrinations décennales relève du roman dont les principaux personnages sont les commissions scolaires, l'impôt à 20%, les bons de l'éducation, la dette, le dégraissage du gouvernement bref de la science-fiction.
    Taillon tente de monter sur les mêmes plattes-bandes déjà occupées par le PLQ, obsédé par la dette plus que jamais. Jamais l'ADQ ne reconnaitra qu'un bilan du Québec contient un actif et un passif. Il n'y voit que la dette comme un proprio qui ne voyant que son hypothèque et n'en dormant pas vend son bloc, rembourse sa dette et s'en va vivre en appartement chez le voisin. C'est le genre d'autonomie qu'on nous offre. Ils ne savent pas que le Japon, pays le plus endetté de la planète, y vend la majorité des autos. Pour eux dettes et capitalisation ne font qu'un et Garcia court après ces rêveurs pour vendre Hydro-Québec
    au secteur privé, à ses amis, à moitié prix, pour doubler le montant de notre facture après coup.
    Il ne leur manque plus, pour économiser des sous, que des députés et des ministres du secteur privé dans leur programme. Là encore les PPP de Jean Charest les ont précédés. Ils n'ont plus de créneau sinon à l'extrême-droite : un parti schyzo-paranoïde et nuisible au Québec et à nation québécoise reconnue à Ottawa grâce au Bloc.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009

    M. Taillon vient de se déclarer pour une confédération à la place de la fédération actuelle. Ce ne serait pas une réduction de la Province de Québec qui passerait ainsi à État du Québec, si on se fie à la désignation de confédération : Association d'États souverains.
    Est-ce que M. Taillon va gagner la course à la chefferie de l'ADQ et comment est-ce qu'il va annoncer qu'il s'y prendrait pour faire passer ce motton là dans le gruau du ROC et sur l'option du PQ qui semble avoir oublié l'association ou le partenariat de 1980 et 1995 ?