La popularité imméritée de Jean Charest

Chronique d'André Savard

Alors que l'on note une baisse de popularité de Jean Charest dans les sondages, même les analystes sympathisants au régime se surprennent qu'il s'en tire aussi bien. S'il est vrai que la cote du parti Libéral retarde de dix points sur ses rivaux du Parti Québécois, vu l'inefficacité d'ensemble du gouvernement, on peut dire que Jean Charest jouit d'une certaine déférence de la part de la population.
Oui, on s'attendait à ce que le fossé se creuse plus drastiquement entre le Parti Québécois et le Parti Libéral. Les preuves d'une bonne administration font cruellement défaut. Après avoir utilisé le slogan La souveraineté ou la santé puis La souveraieté ou l'économie, Jean Charest n'a jamais dérogé de l'essentiel de son message: les fédéralistes sont des gens qui se préoccupent de votre sort, des gens qui multiplient les efforts avec vous, pour vous.
Les piètres résultats concrets s'expliqueraient par une cause fondamentale, soit l'incurie et l'idéologie des gouvernements séparatistes précédents. C'est carrément un scénario du Méchant et du Gentil. André Pratte du journal La Presse s'étonne de voir le premier ministre appliquer ce scénario sans nuance au point d'effacer toute référence à René Lévesque ou au Plan Nord du gouvernement Landry dans ses prospectives sur les développements de l'hydro-électricité au Québec.
Charest se veut simplement conséquent dans sa stratégie. Sachant son gouvernement très limité, peu inspiré, son unique recours est de réussir dans les perceptions par comparaison avec le Méchant et son gouvernement venimeux d'antan. Partout dans le monde on voit des gouvernements hantés par l'idée de diriger le message. Charest fait vraiment partie de cette école.
Au cours de son premier mandat, les analystes sympathisants avec son régime expliquaient les déboires du gouvernement par son inaptitude à communiquer. Pourtant le gouvernement Charest profitait d'un traitement de faveur. On ne voyait pas des échelles barométriques au bas des écrans censées nous indiquer le taux d'engorgement des hôpitaux comme ils le firent du temps du gouvernement de Lucien Bouchard.
Charest emporte davantage l'adhésion. Tout se passe comme si on était progressivement moins enclin à le fustiger bien qu'il ne fasse pas mieux. Pourquoi? Jean Charest se cassait le nez plus fort dans les sondages il y a cinq ou six ans simplement parce que le gouvernement Landry était encore frais dans la mémoire collective. Il avait beau être élu, Charest ne réussissait pas à convaincre qu'il était une figure d'autorité. Le temps passant, le public apprend à le voir à la tête des autorités compétentes.
L'habitude d'associer ce politicien populiste et provincialiste fait lentement son chemin. Ceux qui craignent que le Québec se donne des droits finissent par trouver Charest sécurisant. Le premier ministre dit que le Québec sera une province modèle et inspiratrice. Le bon citoyen canadien qui redoute les problèmes veut bien voir dans cette tirade un raccourci précieux pour décider de la conduite à tenir. Celle-ci se fera en symbiose avec le Fédéral selon les injonctions d'une autorité supérieure qui n'est certainement pas dénuée de raison.
Charest n'a pas changé mais il profite de son inertie dans une position élevée. Il passe devant les micros et on apprend à associer sa figure rondouillarde avec le principe d'accès à des informations privilégiés, de pouvoir supérieur, d'autorité légitime. Moralité? Si vous êtes médiocre, essayez d'occuper un haut fauteuil le plus longtemps possible. À force de vous voir là, on finira par vous trouver aussi rassurant que les beaux meubles.
***
Je pars pour trois semaines pour compléter du boulot à l'étranger. Je vous souhaite une bonne fête nationale. Avec la hâte de vous revoir en juillet, recevez les meilleures pensées du chroniqueur.
André Savard


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5 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    7 juin 2009

    @ Rodrigue Guimont:
    Oui, cette division des forces souverainistes complique royalement les choses. Mais est-ce que le PQ semble toujours un allié souverainiste valable?
    Mais je maintiens ce que j'ai dit: le Québec tele que nous le connaissons, ne survivrait pas à un 4e mandat sous John James Charest.
    Je crois que nous devrions voter MASSIVEMENT pour le PQ, ne fut-ce qu'une dernière fois, pour enlever le pouvoir à Johnny. Ensuite, il faudra faire un sacré de travail de réorganisation des forces souverainistes! Et de redéfinition claire du projet. Et d'éducation politique des masses.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2009

    Comment ne pas penser que le Parti Libéral du Québec dirigé par Jean Charest ne gagnera pas un 4ième mandat aux prochaines élections provinciales?
    Prenez présentement le comté de Rivière-du –Loup où il y aura des élections partielles le 22 juin prochain.
    Sur les sept candidatures, cinq se sont déclarés ouvertement souverainiste-indépendantiste-réformiste :
    Paul Crête Parti Québécois, Martin Poirier, Parti Vert; Benoît Renaud, Québec Solidaire; Éric Tremblay, Parti Indépendantiste; Victor Levy-Beaulieu, Indépendant; Denis Couture, Parti de la Réforme Financière.
    Une candidate mi-figue-mi-raisin dont le Parti est toujours assis entre deux chaises, mangeant aux deux râteliers politiques : Gilberte Coté de l’ADQ.
    Le seul candidat ouvertement fédéraliste est Jean d’Amour, ancien Président du Parti Libéral et ancien représentant de BPR dont la firme a été éclaboussée dans l’affaire des installations des compteurs d’eau pour la ville de Montréal. Monsieur d’Amour s’est également distingué en étant en état d’ébriété avancé conduisant sa voiture ( il s’en est mal sorti en disant que cela pouvait arrivé à n’importe qui… or, erreur monumentale…conduire en état d’ébriété cela n’arrive PAS à n’importe qui… il faut être carrément irresponsable pour qu’une telle situation nous arrive !!!)
    Les Partis souverainistes-réformistes-indépendantistes sont divisée entre eux…Le seul candidat que cette guerre entre fratricide va favoriser est le PLQ.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    2 juin 2009

    LES MEDIAS !
    C'est décidément le nerf de la canadianisation!
    SRC Radio Première chaîne, où tout le monde se colle encore par habitude:
    -Marc Laurendeau et René H.-Roy: Mme Marois réussit là où tous ses prédécesseurs ont échoué, soit, au lieu d'un référendum sur la souveraineté, des réf sectoriels... Pourtant, il y a toujours des "purs et durs" qui trouvent que ce n'est pas assez. Genre, l'éditeur du journal LeQuébécois, Patrick Bourgeois qui en dit "...programme péquiste à la sauce moumoune!" Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!... Sauce moumoune... Ha ha ha...
    Ces gens jadis respectés ont glissé subrepticement dans la propagande subtile, le lavage de cerveaux des Québécois, la dérision envers toute résistance face à l'occupant. Homier-Roy qui s'était fait une renommée de dénonciateur de l'anglais (comme disent les Chinois) farcit maintenant son langage d'anglicismes pernicieux ou simplement de mots anglais: Indeed, nervous breakdown, matter of fact... Et ça continue à 9 heures avec l'excitée qui se fait un point d'honneur de défendre la part canadian! Tout se tient! Il en faudra des marches à drapeaux bleus et des pèlerinages à Ottawa avec les retours de caisses de drapeaux rouges, si on considère l'immense majorité de Québécois qui n'ont AUCUNE idée de ce qui est en train de se passer!

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2009

    Ceux qui ont voté non et qui ont eu si peur de voir le Québec devenir un pays se dirigeant lui-même sans la contrainte d'Ottawa veulent que Charest rende la possibilité de l'indépendance du Québec plus jamais possible. Ils voient bien que Charest travaille à cela comme nous le voyons aussi. Eux ils sont contents. La grande impopulatité de Charest au tout début venait de ce qu'il n'en faisait pas assez pour plaire aux "Canadian" alors ils étaient mécontent de lui pour des raisons contraires aux nôtres...
    Nous avons le sentiment que l'indépendance s'éloigne de nous et cela de plus en plus rapidement au rythme où vont les choses sous le régime Charest. Eux ils sentent que leur peurs sont de moins en moins présentes et que somme toute ce charest il fait du bon travail, il ne fait pas semblant...
    François Therrien

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    2 juin 2009

    Jean Charest est ce que je me permettrais d'appeller un beau cr------, mais c'est son principal atout, car c'est bien vrai que ce bonhomme rondouillet et doucereux, qui n'a rien fait qui soit digne de mention avant de faire de la politique, est un médiocre! C'est un essentiellement un hyper-politicailleux, manipulateur des foules, et menteur comme il devrait être criminel de l'être. Voilà!
    Cependant, bien que cela soit triste à constater, le fait qu'il en soit à son troisième mandat comme premier ministre ... ça révèle, je dirais, une certaine naïveté qui existe chez les électeurs d'ici. À mon humble avis.
    Notre John James national est toujours au pouvoir, alors qu'à la fin de son premier mandat, comme du second, TOUT était là, en fait de raisons parfaitement valables, pour l'éjecter prestement de son siège de premier ministre, aux dites élections.
    En 2004, notamment, il devait être l'homme le plus détesté au Québec, je dirais. Son gouvernement cumulait depuis son élection, des taux d'insatisfaction dans la population, qui n'avaient jamais été vus, de mémoire de citoyen québécois. Sans blague!
    Écoutez, le dit personnage n'est pas sans une certaine habileté à inspirer confiance aux plus dociles de os concitoyens, mais son style est plutôt simple, voire grossier; on le voit venir d'avance, quoi. Ses petits trucs ont un effet assez passager et il est vrai qu'après 6 ans de ce régime, la formule commence à être usée et à moins faire son effet...
    John James Charest travaille à nous affaiblir et à nous livrer pieds et poings liés au Rest of Canada. Il le fera, le jour où après qu'il ait causé beaucoup de dégâts, nous ne puissions plus, démographiquement, gagner un 3e référendum. C'est carrément ça, la job pour laquelle on le paie (et très bien!).
    Le Québec tel que nous le connaissons, ne pourra survivre à un 4e mandat du prime minister provincial Charest. Cette fois, qu'on aime cela ou non, ça passe ou ça casse!
    Il faut que les Québécois prennent conscience de ce qui se passe et dès 2013, renvoient ce fossoyeur de notre nation à Ottawa. Ou sinon, peu importe là où il voudra aller, suite à une cuisante défaite électorale!
    Sincèrement, regardons ce que Johnny et sa bande est en train de faire à notre économie, notre système de santé. Prennons en considération son attitude à l'égard de la langue française. Et n'oublions pas qu'il veut faire entrer ici, en pleine récession, un peu plus de 250 000 nouveaux arrivants qui choisiront majoritairement l'anglais, d'ici la fin du présent mandat. Vous n'avez certainement pas besoin que je vous fasse un dessin, amis lecteurs.
    Le sortir de l'Assemblée nationale (ou pour lui, Assemblée provinciale) est d'importance cruciale, et urgent!
    C'est d'abord et avant tout ça qu'il faut faire, pour que quelque autre démarche vers l'indépendance soit vraiment possible. Nous devons, comme peuple, prendre des mesures, accomplir des choses étape par étape... au lieu de faire comme si nous attendions un Messie souverainiste, qui allait un jour tout faire pour nous!