Le «Printemps» québécois
De la crise étudiante à la révolution, le fossé est large et nous n'en sommes pas là. Que faut-il attendre, donc, de l'avenir immédiat?
Une chose doit être comprise dès le départ. Le conflit qui oppose les étudiants et le gouvernement du Québec depuis plus de quatre mois déjà nous concerne tous...ou plutôt, presque tous. Il n'est en réalité qu'un des multiples aspects du remodelage du contrat social en faveur de la classe bien nantie, sous l'impulsion de l'idéologie néolibérale véhiculée par les médias de masse et l'«élite» dominante depuis une quarantaine d'années.
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Certains espèrent que la «révolte» étudiante aboutira à une véritable révolution. Ils évaluent mal la situation. D'abord, les victimes québécoises du néolibéralisme ne sont pas suffisamment nombreuses pour donner lieu à un bouleversement majeur. Ensuite, le Québec n'est pas en possession des outils nécessaires à un éventuel redressement de la situation. Ils sont presque tous entre les mains du gouvernement central. Autrement dit, il ne saurait être question d'une révolution québécoise sans une rupture du lien fédéral. (...)
Depuis une trentaine d'années, nous assistons à un formidable transfert de richesse de la classe moyenne vers les mieux nantis. Pour le moment, on comble le vide au moyen du crédit. Mais, cela ne durera pas. Un jour, il faudra faire face à la réalité. Et, des décisions devront alors être prises sur le contenu même du contrat social. Si les Québécois veulent être à la hauteur, ils ont intérêt à amorcer leur effort de réflexion sans trop tarder. Ils devront donc méditer sur des notions comme la nature de la richesse, le rôle de l'entreprise dans la société et la place de l'État sur l'échiquier social.