Plaidoyer en faveur de notre jeunesse

L’éducation, fer de lance de la société

Francisation à rabais

Tribune libre

L’éducation est en mal d’amour au Québec, pénurie d’enseignants qualifiés et de personnel spécialisé, lourdeur de la tâche, vétusté des écoles. Et pourtant, dès son premier mandat en 2018, François Legault avait promis d’en faire la priorité de ses priorités. Or sept ans de gouvernance caquiste plus tard, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, devant l’ampleur de la violence dans les écoles, présente un plan d’action axé sur l’interdiction du cellulaire à l’école et le vouvoiement obligatoire envers le personnel scolaire. Des pistes de solution qui, bien que louables, sont à mille lieues des enjeux fondamentaux qui gangrènent lentement mais sûrement la vocation première de l’école, à savoir la communication des connaissances à des apprenants.

Encore aujourd’hui, l’école ouvre ses portes à tous les jours à l’éveil des jeunes au monde qui les entoure. Rien n’a changé en ce domaine. De ce fait, qu’avons-nous perdu en chemin pour que s’installe dans nos écoles un tel désamour envers le respect de l’autre et le sens de l’effort inhérent à l’apprentissage des connaissances? Comment en sommes-nous arrivés à assister sans coup férir aux départs hâtifs et inquiétants de certains enseignants qui ont baissé les bras devant un climat malsain et démobilisateur?

Des questions inquiétantes, voire alarmantes qui commandent des réponses en lien avec le monde « moderne » dans lequel baignent les jeunes d’aujourd’hui, notamment l’explosion des cellules familiales et l’apparition de la pluriparentalité. Une situation préoccupante qui a donné naissance à toute une génération d’élèves éprouvant des besoin particuliers et pour lesquels les ressources spécialisées manquent à l’appel. Enfin, la dépendance systémique aux médias sociaux contribue à l’accroissement des problèmes de concentration qui se répercutent en période de cours, et qui ajoutent grandement à une désaffection croissante envers la profession d’enseignant.

L’éducation a été et est encore aujourd’hui le fer de lance de la société, laquelle par ailleurs, semble avoir perdu ses repères, en particulier le lien d’autorité qui doit régner entre le jeune et ses parents, et l’élève envers ses enseignants. La famille comme l’école doivent retrouver leurs lettres de noblesse. La relation d’autorité doit être rétablie dans le respect de chacune des parties. Dans un tel climat, peut-être arriverons-nous à recréer l’attractivité pour ce qui incarne toujours, à mes yeux, le plus beau métier du monde.

Francisation à rabais

Une page publicitaire parue dans le Journal du 23 mai sous le titre « Pour que le français continue de nous unir » a particulièrement attiré mon attention en raison de mon expérience passée en tant que professeur de français langue seconde. On y fait mention des craintes des quelque 900 professeurs de francisation du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), représentés par le Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ), que les conditions favorisant la francisation des Québécois d’adoption ne se révèlent qu’une façade politique.

Le gouvernement Legaut clame haut et fort sur toutes les tribunes l’importance pour les nouveaux arrivants d’apprendre la langue de leur terre d’accueil. Or, la réalité en classe est toute autre. Les professeurs ne sont pas soutenus dans l’exercice de leur travail. Ils ont le sentiment que la priorité de leur ministère est de vider la liste d’attente rapidement, quitte à mettre en péril la qualité de la francisation. De plus, ils doivent conjuguer avec des sessions trop courtes en regard du programme, sans recevoir aucune aide spécialisée pour les élèves en difficulté d’apprentissage ou victimes de traumatismes dans leur pays d’origine. Et, comble de malheur, le gouvernement leur propose une augmentation du nombre d’élèves par classe.

Une francisation efficace est primordiale pour assurer une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants à la société québécoise. Tant et aussi longtemps que la sous-ministre Karine Dumont s’évertuera à offrir une « francisation à rabais », les belles paroles de François Legaut sur l’importance reliée à l’apprentissage du français de la part des nouveaux arrivants demeurera une petite politique clinquante de bas étage.


Henri Marineau, Québec



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