Réplique au « monde à l’envers » de Benoit Renaud

Le monde à l’endroit

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise



Dans un texte paru sur le site Internet du Devoir et sur Vigile, intitulé [«
Le monde à l’envers »->http://www.vigile.net/Le-monde-a-l-envers,48844] , Benoit Renaud critique notre texte [« Pour éviter le
piège à ours de Charest »->http://www.vigile.net/Pour-eviter-le-piege-a-ours-de].
Il résume ainsi notre propos : « Ce sont les mobilisations sociales qui
causent l’élection de gouvernement de droite et la politique se limite aux
tractations négociées au sommet. »
Dans un long développement, il montre que les mobilisations, auxquelles
nous faisions référence dans notre texte – le mouvement étudiant et
syndical des années 1970 au Québec et Mai 68 en France –, sont responsables
de plusieurs gains importants pour les classes populaires.
Nous ne l’avons jamais nié et n’avons jamais, au grand jamais, condamné les
mobilisations populaires. Au contraire, nous avons été parmi les premiers à
appuyer la grève du mouvement étudiant et à la donner en exemple au
mouvement syndical. (voir [Le mouvement étudiant montre la voie au mouvement
syndical->http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CFgQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.spqlibre.org%2Fdefault.aspx%3Fpage%3D44%26NewsId%3D202&ei=xBDYT-G3ENHH6AGk8ZT4Ag&usg=AFQjCNG_4fQnh_R90PqslQdS66rqIdGdpg&sig2=AkEZd3u149O8eXaoNvSL_Q], 27 mars 2012).
Notre intention n’était pas de faire un bilan des mobilisations populaires
au cours de l’histoire, mais d’attirer l’attention sur la stratégie de Jean
Charest qui se dessinait. À cet égard, le titre de notre article était
éloquent : « Pour éviter le piège à ours de Charest ».
C’est dans cette perspective bien précise que nous condamnions l’appel, à
ce moment-ci, à une grève sociale. Est-il besoin de préciser que nous ne
sommes pas contre toute grève sociale? Et, que si, malgré tout, une grève
sociale se déclenchait, nous serions au premier rang.
Nous traitions donc d’une conjoncture bien particulière où un gouvernement
en plein désarroi pourrait chercher à provoquer une crise sociale pour se
faire réélire.
Un autre élément important de notre analyse est notre appréciation de la
période actuelle. Nous ne sommes plus dans les années 1960 et 1970, alors
que les gouvernements occidentaux, motivés, depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, par la crainte de révolutions socialistes, étaient prêts à
jeter du lest avec des politiques keynésiennes.
Les choses ont radicalement changé par suite de l’écroulement du bloc
soviétique et l’avènement du néolibéralisme. Le Grand Capital est à
l’offensive. Nous le voyons en Grèce et dans plusieurs autres pays
d’Europe. Nous venons de le voir au Wisconsin et dans d’autres États
américains. Nous le voyons à Ottawa avec Harper et au Québec avec Charest.
Nous sommes toujours étonnés de constater comment, après des années
d’analyse du néolibéralisme par la gauche, celle-ci n’en voit toujours pas
les conséquences pratiques!
Cela est patent dans le texte de Benoit Renaud. Il est béat d’admiration
devant le mouvement spontané, qu’il voit comme nécessairement victorieux –
« le mouvement étudiant gagne sa lutte contre les frais de scolarité et
préserve son droit de grève » – sans produire aucune analyse du rapport de
forces qui justifie un tel optimisme.
Enfin, last but not the least, il reprend un classique de la pensée «
économiste » en opposant au mouvement spontané « les tractations
électorales négociées au sommet ».
C’est cette négation totale de la lutte politique à laquelle nous nous
attaquions. Il est amusant de voir des membres de Québec solidaire comme
Benoit Renaud nier toute spécificité à la lutte politique et aux
négociations entre partis politiques, alors qu’ils réclament à hauts cris
un mode de scrutin proportionnel, dont une des caractéristiques
fondamentales est justement des « tractations au sommet » pour la formation
de gouvernements de coalition!
Benoit Renaud conclut son texte en affirmant que, pour mettre en échec la
loi 78, « il faut résister sur les campus et dans la rue ». Fort bien. Mais
il y a aussi une autre avenue. Former une coalition électorale la plus
large possible pour battre le gouvernement Charest et mettre au pouvoir le
Parti Québécois.
Après tout, Mme Marois n’a-t-elle pas promis d’annuler la hausse des droits
de scolarité! Et le PQ promet également d’organiser le Sommet sur les
universités réclamé par les organisations étudiantes. À cette occasion, le
PQ mettra de l’avant l’indexation des droits de scolarité. D’autres, dont
le SPQ Libre prôneront la gratuité scolaire dans le contexte d’un Québec
indépendant.
M. Renaud est-il prêt à appuyer cette idée de coalition, ou bien se
contente-t-il, comme il l’exprime dans la conclusion de son texte, d’ «
encourager la volonté de résistance », même si « la grève sociale n’est
peut-être pas à nos portes »!
Nous pourrions ajouter : tout comme l’élection d’un gouvernement de Québec
solidaire « n’est peut-être pas à nos portes », comme on l’a vu dans
Argenteuil, alors que son candidat a récolté 2,70% des suffrages et a
terminé en 5e position, derrière même le Parti Vert!

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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