Nous demandons la démission du recteur

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise


Blandine Parchemal, Coordinatrice aux cycles supérieurs de l'ADEPUM (Association de philosophie de l'Université de Montréal)
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Ces derniers jours ont été désastreux à l’Université de Montréal. Les mots ne suffisent pas pour les décrire. Nous pouvons et nous devons néanmoins condamner ces gestes de violence et d’intimidation. Parce qu’il s’agit de gestes de violence et d’intimidation.
Certes, nous avions pu déjà en avoir un « avant-goût » lors de l’injonction le 12 avril dernier. En support aux agents de sécurité, l’administration avait en effet fait appel à une agence de sécurité privée, l’agence BEST. Lors de l’intervention des agents, des propos racistes et sexistes, des menaces d’intimidation envers les étudiants et les professeurs avaient été relevés. Seule une solidarité entre étudiants, professeurs, chargés et employés de soutien avait permis de mettre fin à cette injonction.
Encore plus loin
Cette semaine, l’administration est encore allée plus loin. Beaucoup trop loin.
Agents de sécurité, policiers, anti-émeutes se sont croisés et sont intervenus dans les couloirs de l’université comme s’il s’agissait d’un lieu de passage habituel, comme si l’université n’avait jamais été ce sanctuaire qu’elle a jadis pu être, comme si l’université n’était plus ce lieu de protection mais bien de répression.
Or, rappelons que seule la direction a le pouvoir de donner l’autorisation à ces corps policiers de pénétrer dans l’université, seule la direction peut choisir ou non de les faire entrer. Bref, seule la direction a le pouvoir de bafouer les principes fondateurs de l’université.
Que reste-t-il, par exemple, du principe de collégialité quand on place les professeurs dans une situation impossible? Quand on ne leur donne pas la possibilité de respecter des votes de grève pris par leurs étudiants et qu’on les oblige, sous peine d’amendes salées, à donner leurs cours et ce, dans une ambiance des plus pesantes et traumatisantes?
Valeur de l’université
Par ailleurs, une université est-elle encore une université quand en ses lieux se déroulent arrestations, gardes à vue, souricières et charges de l’anti émeute? Quand des étudiants sont considérés comme de dangereux criminels alors qu’ils tentent simplement de faire respecter des décisions prises démocratiquement et collectivement? Tout comme les professeurs, les chargés de cours et les employés de soutien, les étudiants sont l’âme de l’université. Or que devient une université qui a perdu son âme? Un simple centre commercial? Une entreprise privée où seule la productivité compte?
Nous pensons qu’elle vaut plus que cela. L’université devrait être ce lieu de confiance et d’échanges, ce lieu de réflexion collective et de partage du savoir, ce lieu de respect. Nous en sommes pourtant bien loin quand des étudiants sont menottés dans un couloir ou que se produit une charge de l’anti-émeute dans les escaliers de l’Université.
Alors que les salles de classe devraient être le lieu où l’on apprend à développer notre esprit critique et à être libre, elle sont aujourd’hui des lieux de séquestrations et de gardes à vue. Alors que l’université devrait être le lieu de l’apprentissage de l’humanité, elle est aujourd’hui ce lieu où l’humain n’a plus sa part.
Nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Nous ne pouvons pas nous taire. Nous ne pouvons pas laisser cette université tomber en ruines.
C’est pourquoi, au vu de votre gestion déplorable de la grève, nous demandons, monsieur le recteur, votre démission, et ce, sans prime de départ.
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Blandine Parchemal
Coordinatrice aux cycles supérieurs de l'ADEPUM (Association de philosophie de l'Université de Montréal)

Ont signé cette lettre: Association étudiante de littératures de langue française de l’Université de Montréal, Association étudiante des cycles supérieurs d’anthropologie de l’Université de Montréal, Association des étudiants diplômés d’histoire de l’Université de Montréal, Association étudiante de littérature comparée de l’Université de Montréal, Association étudiante des cycles supérieurs de sociologie de l’Université de Montréal, Association étudiante de philosophie de l’Université de Montréal, Association étudiante d’anthropologie de l’Université de Montréal, Association des étudiants d’informatique et recherche opérationnelle de l’Université de Montréal, Regroupement des étudiants et étudiantes en sociologie de l’Université de Montréal, Association des étudiants en études cinématographiques de l’Université de Montréal, Association étudiante de géographie de l’Université de Montréal, Association étudiante des cycles supérieurs de science politique de l’Université de Montréal, Association des étudiants et étudiantes à l’Ecole de bibliothéconomie et science de l’information, Association des étudiants en histoire de l’art, Association des étudiants en service social de l’Université de Montréal, Association des étudiants en biologie de l’Université de Montréal, Association des étudiantes et étudiants des cycles supérieurs en géographie de l’Université de Montréal.


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