Les Québécois et la politique

Le vide idéologique

Redressement - Non à la "Gouvernance souverainiste"

Richard Lahaie - Depuis le 2 mai, on a tenté d'analyser la déroute du Bloc québécois lors du dernier scrutin fédéral. On a parlé de la volonté de changement des Québécois et du désintérêt des jeunes envers la politique.
Nous savons déjà que, depuis la «nuit des longs couteaux» en 1982, les Québécois refusent de donner la majorité des sièges du Québec au Parti libéral du Canada. Nous savons aussi que, depuis l'échec de l'accord du lac Meech, le Québec se refuse au Parti conservateur. C'est ce qui a amené l'avènement du Bloc québécois. Le parti fondé par Lucien Bouchard entrait dans une stratégie référendaire en trois actes (victoire du Bloc en 1993, victoire du Parti québécois en 1994 et victoire au référendum en 1995).
Or la victoire au référendum de 1995 n'a pas eu lieu. Ce qui a amené plusieurs à se questionner sur la pertinence de la présence du Bloc à Ottawa après le référendum, puisque le Parti québécois se plaçait en mode attentiste (attendre les conditions gagnantes). Ainsi, la nouvelle raison d'être du Bloc devenait la défense des intérêts du Québec en attendant que le PQ organise à nouveau un référendum. Malheureusement, le monde politique au Québec est entré dans «l'ère du vide».
Depuis 1996
Le Québec a quitté l'ère féodale de la Grande Noirceur (1945 à 1959) grâce à la Révolution tranquille (1960 à 1979). Le Québec moderne est né à travers des idées et des projets d'émancipation. L'éducation postsecondaire est devenue accessible pour tous (cégeps et Université du Québec). La santé devenait universelle et gratuite. On a développé des outils de développement économique (Caisse de dépôt, Soquip, Soquem, etc.). On a protégé notre langue (loi 101). Bref, comme le disait René Lévesque: «On n'est pas un petit peuple; on est peut-être quelque chose comme un grand peuple!»
À partir de la fin du premier mandat du PQ, nous avons eu la «quinzaine constitutionnelle» (1980 à 1995). Devenir un grand peuple, c'est bien, mais être libre, c'est encore mieux! Ainsi, durant ces quinze années, la politique québécoise était au centre d'un nouveau projet de société. Il y a eu trois référendums (1980, 1992 et 1995), trois élections fédérales (1984, 1987 et 1993), quatre élections provinciales (1981, 1985, 1989 et 1994), deux périodes de négociation constitutionnelle (accord du lac Meech et entente de Charlottetown) et une commission sur l'avenir du Québec (commission Bélanger-Campeau).
Depuis 1996, c'est le vide idéologique. Les politiciens n'avancent plus de projets porteurs d'avenir. Ils veulent uniquement être les représentants d'une circonscription électorale. Le PQ cherche toutes sortes de formules pour ne pas s'engager à faire un nouveau référendum. Des «conditions gagnantes» de Lucien Bouchard au «moment jugé opportun» de Pauline Marois, le PQ rendait la situation difficile aux souverainistes à Ottawa avec leur «flou artistique».
Ainsi, ayant mis le PLC et le PC sur la liste noire, les Québécois, ne voyant pas de référendum à l'horizon, ont été tentés par l'aventure néodémocrate. Sauf que les «poteaux» du Nouveau Parti démocratique n'ont pas l'expérience ni l'expertise pour défendre les intérêts des Québécois à Ottawa.
Déjà, après cent jours de pouvoir majoritaire, le gouvernement Harper a coupé dans l'aide financière des francophones hors Québec. Ceux-ci sont les premières victimes collatérales du scrutin du 2 mai dernier. Imaginez quatre ans!
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Richard Lahaie - Montréal


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