Ce qu'il ne faut pas dire
9 octobre 2014
Vous avez raison, monsieur Bouchard. Et pourtant, personne ne peut sérieusement insinuer que Québecor ait jamais été pro-PQ ou pro-indépendance du Québec. Au pire, les éditoriaux, articles, blogues et commentaires étaient partagés. D'ailleurs, si Pierre Karl Péladeau a jamais été indépendantiste, je n'ai jamais compris pourquoi il n'a pas mis son empire médiatique au service du mouvement indépendantiste, pourquoi il a déjà contribué au maximum permissible de la Loi électorale au PLQ ou annoncé si tard ses convictions indépendantistes.
Probablement que l'actionnaire de contrôle de Québecor souhaitait que ses médias conservent leur impartialité afin de ne pas rebuter son auditoire et lectorat québécois. Malgré que son concurrent direct (Gesca) ne se soit jamais caché d'être favorable aux libéraux et au fédéralisme canadien.
Par contre, si Gesca et l'empire Desmarais contribuent, depuis 50 ans, à assurer l'hégémonie du fédéralisme, du Canada dans les médias et à l'élection du PLQ/PLC, jamais un propriétaire ou un actionnaire majeur de ce conglomérat n'a été élu à l'Assemblée nationale ou n'est devenu chef de ces partis. Bien sûr, il est connu que Power Corporation est une "machine à fabriquer des politiciens" fédéralistes (Trudeau, Bourassa, Johnson, Charest, etc.), mais aucun de ceux-ci n'a été en position de contrôler directement Gesca. Ils ne sont que des produits du propriétaire, la famille Desmarais.
Si jamais PKP était forcé à choisir entre son rôle de parlementaire et celui d'actionnaire de contrôle de Québecor, Pauline Marois et ses conseillers qui ont sollicité sa candidature devront porter une grande partie de la responsabilité de ce nouveau rendez-vous manqué pour l'indépendance du Québec. Je suis convaincu que les apparatchiks du PQ misaient sur une victoire majoritaire du parti, le 7 avril dernier, pour résister aux éventuelles tentatives des adversaires de PKP pour le discréditer pour son apparence de conflit d'intérêt entre ses fonctions parlementaires et de magnat de l'information. À moins que ce n'ait systématiquement été planifié par Pauline Marois elle-même pour se défaire du prétendant le plus sérieux à son poste de chef de parti.
Après Gilles Duceppe qui a été évincé d'une possible conspiration pour remplacer Pauline Marois à cause d'une fuite à La Presse, le Parti québécois vient peut-être de perdre un autre successeur potentiel à Pauline Marois capable de refaire l'unité des indépendantistes au sein de ce qui fut le vaisseau-amiral du mouvement souverainiste.
À devoir choisir entre les deux, je souhaite que PKP prenne le parti de Québecor. D'une part, son intégrité serait sauve, malgré que sa "sortie du placard" risque de faire en sorte que son lectorat et son auditoire fédéralistes sache désormais à quelle enseigne il loge. Ensuite, à cause du risque de voir les fédéralistes ou le Canada anglais mettre le grappin sur Québecor. Et enfin parce que je doute que, même avec lui comme chef, le PQ ne parvienne à faire le ménage qu'il faudra pour en refaire le parti capable de réaliser l'indépendance du Québec. Il y a trop de carriéristes au sein de ce parti et je doute que PKP ait la patience de siéger dans l'opposition le temps qu'il faudra pour convaincre les Québécois de rompre leur lien de sujétion avec le Canada.