PQ majoritaire OU progrès de l’appui à l’indépendance?

Repenser le combat pour l’indépendance

Pour quoi vote-t-on, au juste?

Tribune libre

Nous tous, Vigiliens, ne cessons de chercher le moyen le plus rapide et le plus sûr pour atteindre notre objectif commun, l’indépendance du Québec. Depuis le début de mes interventions dans les pages de Vigile.net il y a un peu plus de huit ans, je constate que les auteurs de la tribune libre se partagent entre deux courants de pensée :
Les inconditionnels du Parti québécois
• Décrivent leur vision comme: "Hors du PQ, point de salut" ou "Le pouvoir à tout prix";
• De loin les plus nombreux dans la mouvance souverainiste (95-98%);
• Les "purs et durs" sont perçus par eux comme des crypto-fédéralistes à la solde du PLQ et des traîtres au parti et à la cause;
• Leurs interventions publiques sont bien acceptées par les médias nationaux, car elles ne s'attaquent qu'au PLQ dans un contexte strictement provincial;
• Ils se bornent à envisager la politique au quotidien, au gré de l’actualité reflétée par les médias de masse, dans une optique strictement provinciale à l’instar de la très grande majorité des élus des partis souverainistes qui débattent à l’Assemblée nationale (PQ, QS) et qui font la manchette des journaux, des nouvelles et des émissions d’affaires publiques;
• Leur réalité politique se résume à la polarisation PQ-PLQ à laquelle l’influence des autres partis est analysée en fonction de favoriser ou défavoriser les protagonistes de ce système bipolaire;
• On se préoccupe de la perception du gouvernement ou du parti par l’opinion publique et ce sont les sondages qui dictent les moyens de maintenir ou de regagner la confiance de la population québécoise et des milieux financiers et économiques;
• Ils vénèrent la mémoire de René Lévesque et n’éprouvent aucune gêne d’être identifiés à l’ancienne faction du Mouvement Souveraineté-Association (MSA) qui a été remplacée par le Parti québécois en 1968;
• Pour eux, le référendum est le seul moyen considéré démocratique pour signifier la volonté des Québécois de former un pays;
• Ils favorisent généralement une conception civique de la nation québécoise (basée sur l’occupation du territoire) et sont davantage ouverts en matière d’immigration et de protection des droits de la minorité anglophone et des Premières Nations;
• Pour favoriser l'élection du PQ, ils sont prêts à défendre les contradictions ou contorsions du parti propres à semer la confusion dans la population et à discréditer la thèse de l’incontournabilité de l’indépendance pour notre avenir collectif;
• Selon eux, seul le PQ est capable de réaliser l’indépendance du Québec;
• Ils s’opposent à la création d’autres alternatives susceptibles de "diviser" le vote indépendantiste;
• Pour eux, il n'y a aucun intérêt envers la possibilité de coalition ou d’entente tactique avec d’autres partis;
• Ils sont obsédés d'empêcher les libéraux ou les fédéralistes de prendre le pouvoir pour achever le démantèlement de l’État québécois;
• Face à Ottawa, ils cherchent à provoquer des conflits avec le fédéral en s’opposant aux intrusions d’Ottawa dans les juridictions québécoises et en cherchant à assumer de nouveaux pouvoirs jusque là réservés au gouvernement canadien. Espèrent un changement de la conjoncture politique susceptible de rallumer la flamme nationaliste québécoise et propice à la tenue d’un nouveau référendum dans les plus brefs délais;
• Pour eux, le Bloc québécois constitue la première ligne de défense contre les abus et intrusions d’Ottawa. Son rôle est essentiellement de servir de courroie de transmission au gouvernement du Québec pour veiller aux intérêts supérieurs du Québec;
• Les inconditionnels du PQ tentent de s’accommoder du fédéralisme pour tenter de démontrer la bonne foi du parti envers l’ensemble des Québécois, quitte à se conformer à la constitution de 1982 et de recourir aux tribunaux canadiens pour en appeler des politiques néfastes d’Ottawa;
• Les valeurs importantes pour eux sont le pragmatisme (dans le sens de la realpolitik), l'unité, la loyauté au chef et au parti et le compromis.
Les indépendantistes "purs et durs"
• Se définissent comme "Indépendantistes avant tout" ou "Jamais le pouvoir sans l’indépendance, jamais l’indépendance sans le pouvoir";
• Relativement peu nombreux en comparaison des inconditionnels du PQ (peut-être entre 2-5%);
• Les inconditionnels du PQ sont vus par eux comme des opportunistes, plus préoccupés par leur carrière politique que par la promotion ou la réalisation de la cause et de leurs idéaux;
• Leurs prises de position sont marginalisées autant à l’intérieur des instances du PQ que par les médias en général, à l’exception des publications indépendantistes privées comme la revue L'Action nationale, les journaux Le Québécois, L’Aut’Journal, Le Patriote et les maisons d’édition comme Les Éditions du Québécois, VLB ou Les Éditions Michel Brûlé. Les apparatchiks du PQ ont toujours cherché à minimiser les dissensions des purs et durs, car elles les faisaient mal paraître du point de vue cohérence ou crédibilité et les médias les ont systématiquement occultées si elles s'attaquaient au système. Par contre, les fédéralistes ne se sont jamais gênés pour les récupérer à son compte, souvent en en déformant le contenu ou leur contexte;
• Ils ne croient plus possible la politique dans le cadre constitutionnel actuel et conviennent qu’il faut le dénoncer constamment comme illégitime et poser des "gestes de rupture" pour signifier la fin de l’état de subordination du Québec à Ottawa;
• Ils considèrent que, tant que le PQ s’accroche au paysage politique tout en évacuant l’indépendance de son programme, il empêche tout renouvellement du mouvement indépendantiste et condamne le Québec à tourner en rond;
• Ils font invariablement passer la cause (l’indépendance du Québec) avant toute autre considération, fusse-t-elle électoraliste ou nuisible aux chances d’élection du principal parti capable de réaliser cet objectif;
• Ils vouent un culte envers la mémoire des Patriotes de 1837-38 et se reconnaissent dans les discours des Jacques Parizeau, Pierre Bourgault, André d’Allemagne et autres pionniers du mouvement indépendantiste moderne. Ils n’ont aucun complexe d’être taxés de "radicaux", de "pressés", de "caribous" ou "d’orthodoxes";
• Ils remettent en question le référendum comme moyen privilégié de faire l’indépendance et préconisent un retour aux idées du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale (RIN) pour y arriver (élection décisionnelle décisive sur l'indépendance);
• Ils considèrent la langue et la culture françaises comme le principal fondement de l’identité québécoise et posent donc l’adhésion aux valeurs québécoises comme condition de citoyenneté québécoise, en rupture avec les concepts de multiculturalisme et de bilinguisme institutionnel canadiens et en opposition au nationalisme civique du PQ;
• On veut parler constamment d’indépendance, quitte à ce que le PLQ ou les fédéralistes profitent du pouvoir pour saboter ou détourner à leur compte l’État québécois dans l’intervalle. On préfère laisser aux fédéralistes le fardeau de la preuve du bon fonctionnement de la province de Québec;
• Ils préfèrent repartir sur de nouvelles bases (nouveau parti exclusivement voué à la promotion et à la réalisation de l’indépendance) plutôt que d’être à nouveau déçus du PQ;
• Ils ont totalement perdu confiance envers le Parti québécois, ils se méfient de son comportement électoraliste et le voient comme un obstacle - sinon une nuisance – pour la réalisation de l’indépendance;
• Pour eux, le PQ ne cherche qu’à maintenir son monopole de la cause indépendantiste, de là son intransigeance envers les partis indépendantistes émergents;
• Pour eux, il y a urgence de réaliser l’indépendance avant que la démographie ne rende cet objectif virtuellement irréalisable;
• Ils n’attendent plus rien d’Ottawa, contestent la validité des institutions canadiennes (constitution de 1982, charte des droits et libertés individuelles, Cour suprême, Conseil de la fédération, symboles et cérémonies, royauté, etc.). Pour eux, seule une politique délibérée de "gestes de rupture" envers la légalité canadienne démontrera le sérieux des prétentions québécoises et fera réaliser aux Québécois l’opposition des intérêts canadiens aux leurs. Avec un mandat clair à cette fin en main, le gouvernement québécois aura toute la légitimité voulue pour agir de la sorte;
• Les "purs et durs" ne votent plus au fédéral pour délégitimer l’autorité d’Ottawa et considèrent l’Assemblée nationale comme seul interlocuteur pour représenter les intérêts de la nation québécoise. Afin d’empêcher les fédéralistes d’occuper tout l’espace fédéral, le rôle du BQ devrait être la préparation d’études sérieuses sur les conséquences de l’indépendance par rapport au statu quo actuel, grâce au budget de recherche, aux allocations de dépenses discrétionnaires et aux salaires des députés bloquistes;
• Pour eux, l’indépendance arrivera le jour où les électeurs québécois feront suffisamment confiance à leur nouveau parti pour lui confier un premier mandat majoritaire. On considère d’emblée que les milieux financiers et économiques sont réfractaires à l’indépendance du Québec et qu’il ne sert à rien de s’acharner à les rassurer;
• Les valeurs qu'ils affectionnent: la cohérence, la clarté, la transparence, la sincérité et l'intransigeance.
À la lumière de ce tableau, on constate que le mouvement indépendantiste est arrivé à une impasse. Que les inconditionnels du PQ l’admettent ou non, ce parti n’a plus la capacité de coaliser les indépendantistes de manière à former un gouvernement majoritaire, car, au-delà des querelles sémantiques, idéologiques ou stratégiques qui l’oppose à ses dissidents depuis ses débuts, la population ne croit plus à la crédibilité de ce parti pour réaliser l’indépendance et a même déchanté des mérites de cette option vu la division sociale qu’elle engendre. Et tant qu’une fraction importante de l’électorat québécois préférera les solutions imparfaites et condamnées à l’échec proposées par ce parti à l’alternative "des autres", la réussite de toute nouvelle alternative vraiment indépendantiste au PQ restera un exercice fastidieux et désespérant. Si l’on se fie au comportement électoral des Québécois depuis la Seconde Guerre mondiale, il faudra un changement radical de l’échiquier politique actuel pour convaincre les Québécois d’appuyer massivement l’idée d’indépendance.
Afin de favoriser l’émergence rapide d’une alternative sérieuse au PQ résolument indépendantiste et capable de former un premier gouvernement national, les mesures suivantes devront être entreprises :
L’indépendance n’est pas une récompense, elle est un effort (Pierre Bourgault). Les militants indépendantistes doivent comprendre qu’un parti dont l’objectif fondamental est de faire du Québec un pays n’est pas un parti comme les autres. L’indépendance du Québec ne sera jamais réalisable dans le cadre fédéral actuel ; c’est le sens des gestes dits de rupture. Contrairement à la soi-disant gouvernance souverainiste, le parti qui posera ces gestes en aura reçu expressément le mandat de la population pour le faire ;
Le Canada a déclaré la guerre aux "séparatisses". Depuis le référendum volé de 1995, Ottawa utilise tous les moyens pour nier l’autorité de l’Assemblée nationale et tous les partis fédéraux ont renoncé à toute concession de nouveaux pouvoirs au Québec. Le militantisme indépendantiste n’est donc plus un militantisme strictement électoral (i.e. limité aux campagnes électorales) mais un militantisme de résistance ;
Savoir, c’est pouvoir. Les militants indépendantistes doivent approfondir leurs connaissances historiques et politiques s’ils veulent être convaincus et convaincants. Ce sont eux qui sont les plus près des électeurs, qui sont les mieux placés pour comprendre leurs préoccupations et leur perspective et qui sont les plus crédibles, à leurs yeux, pour leur vendre les mérites de l’indépendance. Un comité d’indépendantistes chevronnés et de conseillers en communication et en pédagogie devra être formé pour bâtir des outils de travail destinés à la formation des militants, que ce soit du point de vue contenu ou organisationnel ;
Une structure près du terrain. Chaque comté devra, le plus rapidement possible, constituer un conseil exécutif formé de membres à la fois disponibles, connus de leur communauté, motivés et avec de bonnes habiletés en communication, en stratégie, en organisation et en collecte de financement pour construire une structure organisationnelle électorale permanente. Leur rôle sera de recruter le plus possible de membres, les former, organiser des assemblées de cuisine et des événements locaux pour raffermir les liens entre eux, connaître davantage leur milieu, recueillir des fonds et propager le message indépendantiste ;
Une direction compétente, crédible, visible, ouverte et proche des membres. Le Conseil national devra disposer de ressources suffisantes pour assurer la viabilité du parti, en faire la promotion au niveau national et appuyer les exécutifs de comté du point de vue logistique et consultatif. Un mécanisme de communication et de formation (site intranet, journal, etc.) devra être mis en œuvre afin de relayer les décisions prises par la direction du parti et laisser s’exprimer les membres sur toute question d’intérêt pour la réalisabilité de l’indépendance ;
Un mouvement indépendantiste cohérent et complémentaire. Le rôle du Bloc québécois ne doit plus être de chercher à accommoder le Québec dans le fédéralisme canadien mais de contribuer à le faire sortir du Canada. Il va de soi qu’il devra y avoir nécessairement concertation entre les élus indépendantistes à Ottawa et ceux de Québec. Grâce à leur accès privilégié aux dossiers de compétence fédérale, les députés bloquistes devraient former un comité d’étude sur les moyens de transférer l’expertise fédérale au Québec, i.e. étudier de quelle manière le personnel des ministères et organismes du gouvernement du Canada pourrait être redéployé dans la fonction publique québécoise. Lors des périodes de question et des votes en chambre, les députés du Bloc devraient s’opposer systématiquement à toutes les politiques et décisions défavorables aux Québécois. De son côté, le parti indépendantiste québécois devra proposer un programme électoral destiné aux électeurs expliquant les grandes lignes de ses orientations pendant la transition province-pays ainsi que les avantages concrets de l’indépendance. Il va de soi que nos élus indépendantistes, à Québec et à Ottawa, tiendront des rencontres régulières pour partager leurs réflexions et s’entendre sur leurs actions respectives.
En conclusion, lorsque se pose la décision de notre choix dans l’urne, il importe de se poser systématiquement la question sur les conséquences de notre vote. En appuyant le Parti québécois, on ne fait que retarder le déclin de notre "demi État" puisqu’on doit s’en remettre essentiellement à la conjoncture politique pour espérer obtenir les conditions propices à une consultation populaire (référendum) sur la forme de répartition des pouvoirs entre le Québec et Ottawa qui sera à la mode du moment. On se prive également de toute alternative pour réaliser l’indépendance et même d’en faire la promotion active. En contrepartie, en appuyant un parti ouvertement et exclusivement indépendantiste, on contribue à ramener l’indépendance au cœur du débat politique, on envoie un message de désaveu au carriérisme et à l’électoralisme du PQ et on encourage tous ceux qui envisagent de changer vraiment les choses de faire de la politique et à bâtir une nouvelle force politique capable d’entraîner le peuple à sa suite. Tant que nous hésiterons entre le fameux "vote stratégique" et celui dicté par sa conscience, les politiciens professionnels du PQ auront beau jeu pour user de la menace libérale comme moyen de chantage et nous continuerons à tourner en rond et faire la démonstration de notre incompétence.


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11 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    13 décembre 2013

    Mercipour les éclaircissements monsieur Bertrand.
    Serge Jean

  • Luc Bertrand Répondre

    12 décembre 2013

    Pour répondre à votre dernier commentaire, monsieur Jean, je rappelerai à tous que le Canada a été construit sur un malentendu en 1867. L'Ontario, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard ont accepté de joindre la confédération afin de concentrer le pouvoir dans un parlement (Ottawa) où le Canada français (le Québec principalement) serait désormais réduit à l'impuissance, à part des pouvoirs relativement inoffensifs et limités à son territoire. Le Québec, lui, s'est fait vendre l'idée qu'il resterait autonome à l'intérieur de cette nouvelle structure constitutionnelle. Quant à elle, la Nouvelle-Écosse, opposée au départ à la Confédération à cause de la marginalisation de son influence, a fini par rentrer dans le rang.
    Ce que la plupart des gens ne savent pas, c'est que, avant même la fin des discussions sur la Confédération, la communauté marchande anglophone de Montréal, représentée par Alexander T. Galt et John Ross, est allée secrètement à Londres au palais de Buckingham pour faire accepter, derrière des portes closes, la protection des droits de la minorité anglophone dans la nouvelle constitution. Selon le constitutionnaliste Me Denis Miron, cette entente était inconnue de Georges-Étienne Cartier lorsqu'il recommenda l'entrée du Québec dans la confédération au parlement du Canada-Uni. Ainsi, l'article 133 de la loi constitutionnelle de 1867 reconnaît l'anglais comme langue officielle au Québec, oblige la législature québécoise à promulguer ses lois dans cette langue en plus du français et permet aux anglophones d'utiliser leur langue dans les tribunaux québécois.
    Malheureusement, le 1er juillet 1867, le mal était fait. Le Québec restait une province inféodée à un ordre de gouvernement supérieur qui procurait à la minorité du conquérant de 1760 un statut incomparable par rapport à celui des minorités francophones ailleurs. On a bien sûr protesté, mais la Grande-Bretagne avait obtenu ce qu'elle voulait: unir ensemble toutes ses colonies restantes en Amérique du Nord afin de barrer la route à la menace d'annexion américaine. Bien sûr, nos dirigeants (qui avaient des intérêts commerciaux personnels dans cette union, il ne faut pas l'oublier) et l'Église catholique se sont faits complices au nouvel ordre national, vantant la protection offerte par l'Empire britannique contre les méchants Yankees. Les partis politiques d'alors, le parti rouge (le PLQ d'aujourd'hui) et le parti conservateur (subbordonné à son grand frère fédéral et disparu en 1935) étaient donc nécessairement fédéralistes, avec un degré plus ou moins élevé de nationalisme envers les Canadiens français.

  • @ Gilles Paquin Répondre

    12 décembre 2013

    Vous revenez sur cette idée de «repartir à zéro hors du PQ» depuis quatre ou cinq ans et vous en êtes toujours à faire des plans sur papier. La réalité à la tête dure M. Bertrand, c'est que l'immense majorité des membres et des électeurs du Parti québécois ne partagent pas votre analyse. Ils ne souhaitent pas fractionner encore plus le mouvement indépendantiste. Vous critiquez la stratégie actuelle du PQ mais vous ne dites rien d'Option nationale, sans doute parce que ses membres tentent précisément de construire un parti «pur et dur» comme vous le souhaitez, mais sans succès. Souvenez-vous M. Bertrand, que nous avons connu d'autres tentatives du genre: Marcel Chaput a quitté le RIN en 1962 pour créer le Parti républicain du Québec, Gilles Grégoire a fondé le RN quelques années plus tard et des «purs et durs» s'épuisent depuis deux élections à entretenir un Parti indépendantiste qui n'existe que sur papier. Certains, comme les groupes gauchistes qui ont fondé Québec solidaire, défendent d'autres idées politiques et se contentent d'ajouter le mot indépendance à la fin de leur discours électoral. Le PQ est loin d'être parfait mais il a porté au pouvoir un gouvernement composé d'indépendantistes. Croyez-vous faire avancer la cause en les reniant? Ne serait-il pas plus utile de faire campagne pour le regroupement de tous les indépendantistes au sein d'une grande coalition ?

  • Archives de Vigile Répondre

    12 décembre 2013

    L'unité des forces souverainistes pourrait se faire autour d'un programme mettant de l'avant l'indépendance du Québec, la justice sociale et un bon gouvernement de transition.
    Pour cela, il faudrait que les partis souverainistes (notamment le Parti Québécois, Québec solidaire et Option nationale) entament des discussions et des rencontres pour en arriver à un tel programme.
    On est probablement loin d'un tel résultat.
    En attendant les trois partis vont continuer leur chemin. Pour des partis qui ne s'attendent pas à avoir demain matin le pouvoir, Québec solidaire et Option nationale ont eu des résultats encourageants lors de la partielle du 9 décembre dernier. Quant au Parti Québécois, le dernier sondage CROP devrait le conforter dans sa démarche de gouvernance souverainiste.
    Espérons que notre fragilité au plan démographique, amènera quand même assez rapidement la prise de conscience de l'urgence d'agir et de se regrouper autour d'un programme résolument indépendantiste. Il n'est pas très loin le jour ou l'on ne pourra plus éviter la louisianisation progressive et irréversible du Québec.

  • Serge Jean Répondre

    12 décembre 2013

    Monsieur Bertrand, ce que vous écrivez est tout à fait honorable, rassurez-vous.
    Dans un autre ordre d'idée connexe, est-il normal depuis toujours au Québec peut-être bien depuis la confédération je ne sais pas, est-il normal donc que des partis provinciaux se présentent sous des bannières fédéralistes comme ce parti libéral et tous les autres qui traitent les indépendantistes comme des lépreux dans notre face avec nos micros bonyeux!
    Tous les partis provinciaux du Québec devraient être souverainistes d'entrée; il faut en finir avec tous ces baveux qui combattent le peuple; nous ne leur appartenons pas nous le peuple à tous ces écoeurants. Dehors les partis qui combattent le peuple.
    Serge Jean

  • Luc Bertrand Répondre

    12 décembre 2013

    Enfin, il existe un excellent ouvrage de Pierre Cloutier, un militant de très longue date et d'une sincérité exemplaire du PQ, qui y décrit de manière éloquente et objective les multiples accrocs à la démocratie interne du parti (ses statuts) et les multiples contorsions imposées au programme par ses chefs sans passer par les instances du parti: "Indépendance - Le PQ a trahi ses militants - De René Lévesque à Pauline Marois". C'est un essai indispensable - en plus de celui de Denis Monière, "Le devoir de cohérence" - pour tout militant indépendantiste qui veut comprendre pourquoi le PQ ne cesse de faire déchanter ses militants et susciter la méfiance et le cynisme envers l'idée d'indépendance.

  • Luc Bertrand Répondre

    12 décembre 2013

    Monsieur Jean, j'ai arrêté de compter les tentatives qui ont été faites de l'intérieur du PQ pour redresser la barre. Dès sa fondation en 1968, les purs et durs du RIN se sont faits montrer la porte par René Lévesque, bien que l'ex-parti de Pierre Bourgault comptait presque autant de membres que le PQ (14 000) et ait récolté 5,55% des voix et la troisième place, après l'Union nationale et les libéraux, dès sa première élection, en 1966. Pierre Bourgault, à titre de membre de l'exécutif national, a tenté de faire entendre leur voix jusqu'à ce que Lévesque l'en expulse. Jacques Parizeau a pris le relais jusqu'à la fin de 1973, étant lui aussi poussé à démissionner après avoir été traité comme le bouc émissaire de la défaite de 1973. Après son remplacement dans l'exécutif national par Claude Morin, Parizeau a tenté une nouvelle fois d'empêcher la dérive du parti vers l'étapisme (stratégie du "bon gouvernement" provincial suivi d'un référendum sur la souveraineté-association) en défendant la position des purs et durs (Montréal-Centre) au congrès de novembre 1974, mais, pour ne pas nuire au leadership de René Lévesque, il s'est abstenu de le défier au micro et la proposition de Claude Morin a été adoptée par les deux tiers des congressistes.
    Après la "nuit des longs couteaux" du 5 novembre 1981, le congrès national du PQ adopte une résolution, le 6 décembre suivant, mettant au rancart la notion d'association et proposant une déclaration d'indépendance dès que le parti prendrait le pouvoir. René Lévesque, après avoir menacé les membres de démissionner, annule la résolution par un scrutin secret auprès des membres ("renérendum").
    Lors du congrès national de juin 2005, la direction du PQ intervient pour battre la proposition dite des "gestes de rupture" qui visait à corriger l'approche stratégique pour réaliser l'indépendance. Pendant la course à la succession de Bernard Landry, à l'automne 2005, le candidat Jean-Claude St-André est le seul candidat endossant l'approche des "gestes de rupture" (voie électorale) et le Mouvement pour une élection sur la souveraineté (M-E-S) se voit refuser le statut de club politique au sein du PQ par André Boisclair. Le seul autre "club politique" du parti, le SPQ Libre de Pierre Dubuc et Marc Laviolette sera dissous en 2008 par Pauline Marois. Jean-Claude St-André, qui avait refusé de se rallier à la décision de reporter sine die la tenue d'un référendum, s'est vu interdire sa candidature dans l'investiture péquiste de L'Assomption en novembre 2008.

  • Éric Lévesque Répondre

    11 décembre 2013

    @ Alain ; Je pense pas que le nom sonnerait comme ça, Solidarité Nationale, peut-être ? ou de quoi dans le genre. Ce parti aurait comme 45 % des voix et 85 députés, simplement mongol... Par contre, si QS et le PQ pourrait s'entendre et que Marois rendre des comptes à QS, on aurait un gouvernement majoritaire de coalition. 1. Il n'y en a jamais eu et 2. Cela montrerait que les québécois sont capables de s'unir malgré leur différence par juste une thèse de sabordage dite sur un coup de tête.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 décembre 2013

    Je suis tout à fait d'accord avec vous sur le rôle que devrait et qu'aurait toujours dû jouer le Bloc Québécois à la Chambre des Communes. Sur le terrain proprement dit, depuis sa cuisante défaite de 2011, il n'est plus que peau de chagrin et se contente de faire une assemblée générale annuelle pour la conformité; je doute que ce parti soit en mesure de monter une structure tel que vous le souhaitez.

  • Alain Raby Répondre

    11 décembre 2013

    Je suggère que tous les partis indépendantistes de toutes tendances s'allient dans un seul parti indépendantiste qui pourrait se nommer LE PARTI QUÉBÉCOIS SOLIDAIRE pour l' INDÉPENDANCE. ( PQSI)

  • Serge Jean Répondre

    11 décembre 2013

    Qu'est-ce qui est plus difficile, reprendre le contrôle de votre vaisseau national, ou rebâtir un vaisseau en pleine mer agitée à partir du premier?
    C'est le peuple qui fera l'indépendance; si d'entrée vous tassez trente pourcent de l'allégeance, c'est trente pourcent du peuple que vous ignorerez. L'indépendance se fera avec tout le peuple. Votre plaidoyer est loin d'être faux mais il est malheureusement dominé par le dualisme et c'est précisément de cette maladie qu'il nous faut guérir tous. Il faut s'accepter comme on est; là est l'unification possible et efficace qui nous fera rentrer tous à la maison.
    C'est le peuple qui compte avant tout!
    Serge Jean