Madame Hébert, ce n’est pas d’hier que remonte le problème de loyauté au Parti québécois. En fait, il y a deux questions qu’il faut se poser : Qui doit loyauté à qui ? Vaut-il mieux se pincer le nez et rentrer dans les rangs plutôt que de faire dissension et quitter ?
Le problème remonte à la création même du Parti québécois. Celui-ci rassemblait les souverainistes de deux tendances : les tenants de la souveraineté-association, une forme de confédéralisme Canada-Québec, et les indépendantistes purs et durs, dans le sens de faire l’indépendance d’abord et envisager des formes d’association ensuite et, surtout, seulement si nécessaire.
Pierre Bourgault et les militants du RIN, défenseurs de la deuxième tendance, ont été les premiers à devoir quitter le navire, la direction du PQ étant totalement fermée à leurs idées. Ces gens ont eu beau revenir au PQ comme simples militants, la direction les a marginalisés dans son obsession de prendre le pouvoir, choisissant même de séparer la cause (et les moyens) de la prise du pouvoir.
Je ne m’éterniserai pas sur le pathétique parcours de la démocratie dans ce parti vis-à-vis les purs et durs. Il faut cependant retenir le refus catégorique du PQ de revoir sa stratégie pour faire l’indépendance et sa définition de la citoyenneté québécoise lors de la Saison des Idées, lors du congrès de 2005, de la course à la direction de la même année ainsi que sous la direction d’André Boisclair et Pauline Marois. Le pourquoi ? Toujours les considérations électoralistes à courte vue. Et ce, au mépris des militants qui n’aspirent qu’à conduire le Québec à sa pleine liberté politique et des électeurs qui reçoivent un mauvais message. En effet, comment croire à la nécessité de faire l’indépendance quand on se permet de faire les plus belles promesses, même en sollicitant un mandat de gouverne provinciale ?
Je reviens donc à mes deux questions du début. La loyauté de qui ? Pour qui (ou quoi) ?
Pour bien des militants, le Parti québécois a pour mission fondamentale de faire du Québec un pays. Depuis la coupure avec l’idéologie du RIN et la marginalisation des purs et durs, les faits démontrent que ce n’a jamais été le cas, hormis sous la direction de Jacques Parizeau de 1988 à 1995. On a, bien sûr, pris soin de répéter ce faux mantra aux membres du parti pour conserver la base militante, mais, dans les faits, le PQ n’aura appliqué, surtout depuis 1996, que des politiques davantage du ressort de la défunte Union nationale.
Il ne s’agit pas, selon moi, autant d’une question de loyauté que de franchise ou d’honnêteté. Les militants doivent loyauté au chef, à condition que ce chef reste loyal au programme de parti. Or, les seules fois où ce programme n’a pas été censuré par la direction, il a été invalidé ("renérendum" de 1981) ou non respecté (depuis le congrès de 2005) par le chef. Les militants ont donc été floués par leurs dirigeants. Si un vote pour le PQ ne sera jamais un vote pour l’indépendance, comment blâmer les souverainistes de quitter ou bouder le parti ?
La question de loyauté se pose donc ainsi : les vrais indépendantistes se disent indépendantistes d’abord et péquistes ensuite (et encore !). Depuis 1996, il conviendrait plutôt de dire que la direction du PQ (et les candidats acceptés pour les élections) est péquiste d’abord et souverainiste ensuite, sinon "au besoin".
Je vous demande donc de me dire à quoi, finalement, aura servi au Parti québécois de favoriser la prise ou le maintien du pouvoir au détriment de l’indépendance ? Qu’aura donné aux militants leur ralliement aux diktats de leurs chefs ou leur silence après 43 ans d’existence du parti ? Où est le progrès de l’idée de l’indépendance auprès de la population depuis 1995 ?
Réplique à l'article "Et si?..."
Le problème remonte à la création même du Parti québécois
Pacte électoral - gauche et souverainiste
Luc Bertrand19 articles
Vice-président, programme et affaires politiques
Parti Québécois de L'Assomption
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
10 juin 2011Le rêve normal et incontournable d'une nation colonisée par une autre nation est et sera toujours se DÉCOLONISER , SE LIBÉRER et S'OUVRIR AU MONDE .
Et pour en finir avec sa colonistion mettre fin au règne des traîtres au service de la Nation colonisatrice et ceci en mettant fin aux médias qui permettent cela.
La Nation québecoise décolonisée en 50 ans à au moins 50% continuera son combat contre les royalistes orangistes canadians et vaincra .
Impossible qu'il en soit autrement
Présentement les collaborateurs des orangistes crient victoire contre la Nation Québecoise mais seront déçus et apeurés de leurs crimes comme jamais lorsque le mouvement de libération entrera en action pour réaliser pour toujours l'indépendance du Québec
Ces mêmes collabos prirent peurs de 1960 à 1976 mais cette fois ils prendront l'épouvante et comprendront que leur règne appauvtissant de commandités pour de l'argent est terminé
VIVE LE QUÉBEC LIBRE
TÉTRAÈDRE
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2011Exact. Je l'ai écrit souvent sur Vigile et ailleurs.
Il existe un mythe au Parti Québécois voulant que les militants sont durs envers leurs chefs. Rien de plus faux.
Au contraire, ce sont les chefs qui ont violé systématiquement le programme voire les statuts de ce parti depuis sa fondation et bafoué les souhaits des militants.
Et la pire d'entre tous est précisément Pauline Marois qui, dès son arrivée à la tête du parti en 2007 a jeté aux poubelles le "projet de pays" voté au congrès de 2005, a modifié l'article 1 (réaliser la souveraineté du Québec) et envoyé le référendum rapide dans les limbes.
Tout cela en violation du programme et des statuts, car au Parti québécois, le Congrès est l'instance suprême du parti.
Depuis 2007, Mme Marois a été dissidente du Congrès de 2005, voté par les militants de la base. Ce n'est qu'en 2011 qu'un nouveau congrès a eu lieu pour revenir à la doctrine de l'affirmation nationale de Pierre-Marc Johnson, qui avait failli faire éclater le parti en 1987.
Alors, il y a une forme de justice naturelle qui s'applique et Mme Marois paie aujourd'hui le prix.
C'est aussi simple que cela.