La légitimité du député Aussant ne fait pas l'unanimité au PQ

Le représentant de Nicolet-Yamaska confirme vouloir créer un nouveau parti souverainiste

Option nationale - Jean-Martin Aussant


Québec — Les péquistes ne s'entendent pas sur la légitimité du député indépendant Jean-Martin Aussant, qui a confirmé hier vouloir fonder un nouveau parti politique indépendantiste qu'il souhaiterait nommer Option nationale. Si le député de Drummond, Yves-François Blanchet, estime qu'il devrait démissionner comme élu de Nicolet-Yamaska, le président du Parti québécois, Raymond Archambault, et la chef, Pauline Marois, refusent d'aller jusque-là.
En juin déjà, M. Blanchet disait douter de la légitimité des députés qui ont quitté le caucus péquiste. Depuis hier, le cas de Jean-Martin Aussant est encore plus grave, à son sens: «C'est un détournement de mandat. C'est très clair. Il a été élu sous une bannière. Il a encore les ressources de l'Assemblée nationale. Le personnel de l'assemblée va donc servir à faire quelque chose de contraire à ce pour quoi il a été élu! Il veut créer un parti qui va s'opposer à celui sous la bannière duquel il s'est fait élire!»
Sur Twitter, Jean-Martin Aussant a lui-même répliqué en ces mots: «Note au PQ: R[ené] Lévesque et L[ucien] Bouchard ont fondé des partis après avoir siégé comme indépendants. Les trouvez-vous illégitimes?»
Les temps ont changé, a rétorqué M. Blanchet. «À l'époque, une compagnie pouvait donner 10 000 $ à un parti, aussi. N'a-t-on pas évolué?» De plus, depuis, des élus ont cru devoir retourner devant l'électorat pour valider leur changement de cap: la libérale fédérale Sheila Copps, en 1996, avait démissionné de son siège lorsqu'elle avait décidé de changer d'idée sur l'élimination de la TPS. «Ça pourrait être un exemple», a admis M. Blanchet avant de relancer quelques flèches à celui qu'il considère néanmoins toujours comme «un ami»: «Lui, il se permet de se comparer à René Lévesque et à Lucien Bouchard. Moi je dis "un instant; le plus simple, va donc en élection partielle! Va chercher un mandat des mêmes électeurs".» M. Blanchet souligne en plus qu'aujourd'hui, une bannière est beaucoup plus importante que jadis. «On a des textes et des initiatives d'un peu partout qui vont dans le sens de faire une nouvelle politique... ce serait une occasion.»
Pas à 100 %
Ce n'est toutefois pas l'avis de Mme Marois, dont l'entourage a fait parvenir cette réaction sibylline par courriel, hier: «C'est à la population de Nicolet-Yamaska de dire à M. Aussant s'il a la légitimité de demeurer comme député.» Quant au président du PQ, Raymond Archambault, qui a tenu une conférence avec le député de Drummond, il a été clair: «Je n'endosse pas à 100 % les paroles d'Yves-François Blanchet. Je n'étais pas porteur de ce message-là du tout.» À ses yeux, «la loi permet justement à un député de quitter son caucus et de siéger comme indépendant ou même de traverser la chambre et de siéger dans un autre parti. Tant que la loi va le permettre, on va être pris avec des situations comme celles-là». Au reste, M. Archambault a annoncé hier la mise en tutelle de l'association péquiste de Nicolet-Yamaska, puisque la douzaine de membres qui composaient son exécutif, dont la présidente, Marjolaine Lachapelle, ont décidé de suivre M. Aussant.
Marois déplore la division du vote
Par ailleurs, Pauline Marois a raillé hier le projet de M. Aussant, lequel a soutenu vouloir faire «avancer rapidement» la cause souverainiste. «Diviser le vote souverainiste, ça ne fait pas avancer le pays vers la souveraineté», a-t-elle insisté. Quant aux souverainistes «pressés», ils devraient plutôt «être très "pressés" de convaincre la population québécoise» en vue d'un référendum plutôt que de se laisser courtiser par la formation politique fondée par M. Aussant, a-t-elle dit. «C'est ce à quoi j'ai le goût de travailler comme chef du Parti québécois.»
Jusqu'à maintenant, aucun des quatre autres députés qui ont quitté le PQ — Louise Beaudoin, Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Benoît Charrette — ne souhaite rejoindre M. Aussant.
Dans un communiqué hier matin, M. Aussant se justifie ainsi: «Nous sommes devant une situation où les Québécois pourraient être confrontés, lors des prochaines élections, à trois options fédéralistes [PLQ, ADQ, CAQ] qui se contentent de laisser la moitié de nos outils de développement à un autre gouvernement que le nôtre, et deux options [QS, PQ] qui n'offrent qu'une possibilité lointaine de récupérer nos leviers de décision si jamais le vent souffle dans le bon sens. Or, pour une nation qui a voté Oui à 50 % la dernière fois qu'on le lui a demandé, et qui se maintient favorable au Oui dans une proportion d'environ 40 %, il manque clairement une option. Il manque l'option nationale».
M. Aussant aurait aimé baptiser Option Québec son nouveau parti, mais le Directeur général des élections a rejeté ce nom récemment en expliquant qu'il était déjà réservé par un groupe de militants. Le député a donc réservé hier le nom d'Option nationale, lequel a déjà été octroyé par le DGE à un parti entre le 30 janvier 1997 et le 14 novembre 1998, mais est actuellement libre. M. Aussant n'a toutefois pas encore obtenu l'assurance d'obtenir ce nom et son parti n'a pas non plus reçu d'autorisation, a précisé Denis Dion, porte-parole du DGE.


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