La loi d’urgence, vraiment justifiée ?

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Deux poids, deux mesures, démesure

Je sais que le juge Rouleau a, après enquête, conclu que le recours à la Loi sur les mesures d’urgence (LMU), en février 2022, par le gouvernement Trudeau était justifié.


J’ai lu comme vous que certains manifestants avaient quelque chose d’inquiétant, en raison du caractère « idéologique » de leur motivation (antivaccins, etc.). En même temps, parmi eux, n’y avait-il pas des familles, des fêtards dans leur bain-tourbillon et des élus conservateurs ?


Je comprends le contexte dans lequel les manifestations à Ottawa se sont éternisées. Un an plus tôt, à Washington, une foule ayant des points en commun avec nos « camionneurs » avait saccagé le Congrès.


Pas convaincu


Toutefois, malgré tout, je me demande encore si l’usage de cette bombe nucléaire juridique était justifié.


Je n’arrive pas à m’enlever de la tête que la police aurait pu faire le travail. L’Ontario avait réussi à régler une situation difficile à Windsor avec des injonctions, sans loi d’exception pancanadienne.


Le juge blâme par ailleurs le Service de police d’Ottawa (SPO), dirigé alors par un chef qui sembla bien porter son nom, Peter Sloly.


Autrement dit, le règlement de la crise ne nécessitait-il pas plus d’efficacité policière que d’exception judiciaire ? Quand le juge parle de « forces de l’ordre au bord du point de rupture un peu partout » dans le Dominion, je demeure sceptique.



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Agaçant


C’est aussi l’apparence d’un deux poids deux mesures qui agace ici.


Lorsque des membres des Premières Nations manifestent d’un océan à l’autre en bloquant des chemins de fer, Justin Trudeau sacralise la liberté de manifester, se montre infiniment patient, ne recourt pas à la LMU.


Ce même gouvernement Trudeau qui a invoqué la LMU en février 2022, c’est pourtant le même qui pousse des cris d’orfraie dès qu’il est question de droits et libertés. Lorsqu’une province utilise la disposition de souveraineté parlementaire (aussi appelé dérogation), qui s’applique temporairement et sur des points de droit particuliers ; à propos desquels les juges entre eux ne s’entendent souvent pas.


Des points tels : porter un signe religieux en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance est-il un droit fondamental ? 


Contraindre les commerces à afficher en une langue, est-ce une atteinte indue à la liberté d’expression ? Ça se discute, non ?


Or, la déclaration de l’état d’urgence de février 2022, elle, ne fait pas dans le détail ! 



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Pouvoirs « extraordinaires » aux gouvernements, à la police et aux institutions financières ; limite radicalement la liberté de réunion ; gel de comptes bancaires et obligation pour les entreprises privées de collaborer avec les autorités, etc.


Le recours à cette bombe nucléaire a pourtant été avalisé par les mêmes députés libéraux prêts aujourd’hui à exprimer leur dissidence sur la Loi sur les langues officielles en raison de leur prétendu attachement sans bornes « aux droits et libertés ».


Par la suite, un honorable juge, par ailleurs ancien militant libéral de l’ère Turner, vient finalement dire que tout était justifié. Cela n’invalide pas son jugement, certes, mais c’est tout de même agaçant.