Quels sont les effets du repliement identitaire québécois ? Contribution à la psychologie politique
19 novembre 2007
« sic deus dilexit mundum »
Pour ceux qui aiment le monde
Monsieur Desroches,
Veuillez croire que mes éloges envers vous sont sincères. J’ajoute que les allumeurs de peuple seront récompensés. La plus grande conquête de l’humanité étant le dialogue, je veux bien saisir au vol votre invitation à débattre de vos deux préoccupations, au demeurant légitimes et pertinentes : le risque de division et notre rapport au monde.
La vie, d’aussi loin qu’elle remonte dans la profondeur du temps et dans l’évolution qui lui est propre, s’est épanouie par crises successives cherchant sans cesse des formes d’organisation et des adaptations continuellement et remarquablement plus efficaces et toujours tendue vers plus de sur-vie. Cette vie a culminé dans l’humain et avec lui est apparu la conscience et une forme d’organisation supérieure que nous appelons la société. Notre civilisation s’est construite à son tour sur une suite ininterrompue de crises, de guerres cruelles et de révolutions. L’Histoire nous l’enseigne que trop, n’est-ce pas ? Nous pouvons débattre longuement à propos de ce comportement. Nous pouvons le juger, le déplorer, le craindre mais impossible de le nier. Au Québec la réalité est telle que nous ne saurons faire l’économie d’une confrontation salutaire entre nous et non pas d’une division. La nuance est importante ! Les Danois avant nous ont eu le courage de voir en face leur réalité avant de rayonner dans le monde. Et ça n’a pas été de la tarte ! Soyez confiant que c’est par ce processus qui aboutit à la transfiguration des amoindrissements que nous libérerons les puissances de croissance du peuple québécois et qui le fera parvenir au bout de lui-même.
Quel-est "ce bout de nous-même" qui nous aspire et que nous cherchons si maladroitement à faire émerger ? Il se trouve précisément au bout du monde. C’est là que d’autres peuples luttent pour la préservation de leur identité. C’est à leur contact que nous percevrons et accepterons notre propre singularité collective. C’est par eux que nous actualiserons notre potentiel en proposant une alternative au processus corrompu et malsain du développement mondial que nous subissons. Paradoxalement, cette ouverture confiante au monde nous protègera des menaces qui pèsent sur notre existence et notre devenir. En acceptant tous ensemble de se donner la maîtrise de notre autonomie partagée nous pourrons jusqu’à infléchir l’ordre mondial. Rien n’est impossible à un pays neuf sur qui souffle le vent de la révolution. N’est-ce pas le Général Lafayette qui porta le message de liberté au cœur même de l’Amérique ? Or qu’a fait le peuple étasunien de cette liberté ? Avec l’aide de leurs alliés anglo-saxons ils détournent, corrompent les nobles principes à l’origine de la mondialisation et imposent brutalement leur principe de mondialisation prédatrice. La destruction de l’environnement et le viol des identités nationales est le résultat de leur volonté d’expansion, de colonisation et de conquête des marchés. Leur influence est devenue envahissante et intolérable. Les Québécois se sentent, malgré tout, protégés par leur différence culturelle en Amérique. Le Québec est une petite nation et il semblerait que ce soit un atout dans le contexte de la mondialisation.
Dans l’état actuel des choses la politique internationale du Québec est dépendante et soumise à un ordre de gouvernement étranger, celui d’Ottawa. Il en résulte que les règles de la mondialisation surgissent et s’établissent sans que nous puissions y participer pleinement de notre influence et donc pas toujours à notre avantage. Nous savons que l’avenir du Québec se joue dorénavant dans le contexte de son ouverture au monde. Il faudra convaincre que loin de nous menacer elle pourrait contribuer puissamment à notre avancement collectif et culturel si nous décidons de prendre en main notre destin. Notre position est unique et elle a le potentiel, par un redéploiement de nos alliances, d’influer sur certains enjeux qui concernent de près la Francophonie par exemple. Il ne m’appartient pas à ce moment-ci de préciser certains projets. Je suis convaincu, cependant, que ceux que nous mettrons de l’avant seront à ce point enthousiasmants et auront un tel impact sur notre prospérité qu’ils feront tomber les dernières résistances. Nous avons toutes les qualifications et toutes les qualités requises pour les mener à terme.
Je suis impatient de lire votre prochaine communication. D’ici là je vous laisse sur ce poème engagé…
Forme de mondialisation à réformer..._Les_terroristes_[Licence_Art_Libre]_[www.dogmazic.net].mp3]
Serge Savoie
P.I. Taillon