Une question d'unité

Tribune libre 2008

Il est plutôt pathétique de voir les indépendantistes restés fidèles au
Parti Québécois tenter d'interpréter la situation actuelle en faisant une
analyse au premier degré du comportement militant et d'appeler à une unité
sans réel fondement. Bien sûr, nous avons grandement besoin d'unité au sein
du mouvement indépendantiste, mais on n’est pas sortis du bois.
D'une part, on nous propose une unité fondée sur une haine commune de Jean
Charest. D'autre part, on nous propose une unité fondée sur un appui
inconditionnel au Parti Québécois, parce qu'il est symboliquement
souverainiste et aspire à former un gouvernement. D'une manière ou d'une
autre, on nous propose une unité fondée sur le vote stratégique.
Malheureusement, une telle unité artificielle est vouée à l'échec.
Comment demander à des indépendantistes de s'unir autour d'une plate-forme
qui, à toute fin pratique, ne parle pas d'indépendance? Nous savons qu'à
l'origine le Parti Québécois était un regroupement de différents courants
indépendantistes réunis pour une cause: l'indépendance du Québec. Cette
cause a créé des passions, mobilisé des milliers de militants et
d'électeurs; c'est elle qui a agit comme soudure entre ces différents
courants et a su ramener certains dissidents au PQ après des périodes plus
difficiles. L'indépendance du Québec est un projet de société capable d'une
puissance mobilisatrice hors du commun et on met ce projet de côté comme
priorité numéro un lorsqu'on parle d'unité.
On parle plutôt de cette cause comme un objectif, une idée, un rêve, mais
rien de concret. Il y avait bien un cadre financier pour un Québec
souverain préparé par le PQ en 2005, mais qui s'en souvient, même chose
pour le programme. Au lieu d'élaborer une stratégie en tant que mouvement,
on se fie sur les chefs du PQ et leur propre stratégie. Et le pire, c'est
que la base ne dit rien ou bien elle parle pour ensuite se faire ignorer.
Quant aux électeurs, on ne leur parle pratiquement plus d'indépendance et
de pays. De plus en plus confrontés à de la petite politicaillerie
insignifiante, dont le meilleur exemple est probablement la campagne
électorale actuelle et définitivement le débat des chefs, ils se
désintéressent de la politique et des politiciens, dont les promesses se
résument à être moins pire que l'autre. On passe à autre chose. Le taux de
participation descend. Et en bout de ligne ce sont les politiciens
d'intérêt qui en tirent profit.
Je crois que l'on peut s'entendre sur la nécessité de faire de
l'indépendance la priorité numéro un du parti à utiliser pour notre combat
électoral, mais le PQ est assez mal enligné par ses orientations actuelles
et son histoire depuis 1995. On n'entend même plus parler de la fameuse
conversation nationale de Pauline… Dans le cas du Parti Indépendantiste, le
nombre de candidats en soi limite l'impact du parti pour les élections
actuelles, malgré la présence notable de candidats comme Ghislain Lebel et
Michel Lepage, en plus du chef, Éric Tremblay. Le parti est jeune, connaît
certains problèmes et a beaucoup de chemin à faire dans l'éventualité où le
PQ ne reprend pas concrètement le combat pour lequel il est né, mais au
moins chaque vote pour le PI est un message clair, non ambigu, en faveur de
l'indépendance. Par ailleurs, les raisons d'appuyer le PI sont nombreuses;
par conviction indépendantiste, pour brasser la cage du PQ avant qu'il ne
soit trop tard (si ce n'est pas déjà le cas…), pour se sortir de cette
vaine attente du grand soir ou du grand chef, pour éviter de se faire
prendre dans le piège du référendum, etc.
Certes, l'idée d'une coalition souverainiste formée par les partis
favorables à la souveraineté est privilégiée par beaucoup de militants,
mais ce n'est vraisemblablement pas au court de cette élection qu'une telle
formation électorale verra le jour. Pour se faire, il faut d'abord que tous
les partis de la coalition acceptent de laisser tomber leurs orientations
idéologiques au profit de la raison pour laquelle la coalition aura été
formée, soit la souveraineté, et ce au cours de la campagne, puis à
l'Assemblée Nationale. Or, aucun parti, au niveau de la direction, pas même
le PQ, ne semble avoir la volonté sérieuse de former une telle coalition;
ils vous diront tous de vous unir sous leur propre bannière.
L'idée d'états généraux quant à elle semble plus prometteuse et il
pourrait en ressortir une coalition. Aussi, il faut être pragmatique; dans
l'éventualité d'une défaite péquiste, c'est sérieusement envisageable.
Autrement, la participation de ce parti est incertaine, se contentant de
mettre en œuvre sa gouvernance provinciale. En ce qui concerne le PI, Éric
Tremblay a publié un article plaidant en faveur d'États Généraux sur
l'Indépendance en mai 2007 et tout indique que la participation du Parti
Indépendantiste ne ferait pas de doute.
D'une manière ou d'une autre, il ne faut pas s'attendre à une solution
miracle. Réorganiser le mouvement en tant que tel va prendre énormément de
temps et d'efforts. Toutefois, une chose est sûre: plus on va attendre pour
s'unir de bonne foi autour d'un projet concret d'indépendance, plus la
souveraineté s'effacera de la conscience électorale, laissant
progressivement place aux idées autonomistes, puis au désespoir. Pendant ce
temps, les libéraux reprendront le pouvoir dans le cadre provincial à x
reprises, vu la logique d'alternance de notre système électoral engendrée
par "l'incompétence" (successive) des gouvernements selon les oppositions.
Dans cette perspective, je dois dire que s'il faut les avoir dans les
jambes pendant encore quatre ans pour éviter de les avoir dans les jambes
encore plus longtemps, ainsi soit-il.
Évidemment, si le PQ reprenait vraiment le combat pour l'indépendance,
s’il se formait une coalition ou si les électeurs se mobiliseraient pour le
PI, ça réglerait quelques problèmes dont celui d’avoir Charest dans les
jambes. Cependant, pour conclure, je crois très fortement que la tenue
d’ÉGIQ et son aboutissement en une coalition est indispensable à notre
succès.
***
Retour sur l’imminence
Je tiens maintenant à poursuivre l’échange constructif amorcé par M.
Archambault dans son article [PQ, QS et PI : la crise de l’unité
souverainiste->http://www.vigile.net/La-crise-du-souverainisme] et qui
s’est poursuivit dans ma réplique [La théorie de
l’imminence->http://www.vigile.net/forum.php3?id_article=16376] portant sur
l’impasse actuelle du mouvement souverainiste.
« J’opine, que dans un contexte d’imminence, les souverainistes, malgré
les irritants, malgré les conflits, malgré tout, ont fait front et ont
accepté de se rassembler dans le PQ et dans le Bloc. […] Mais entre-temps,
la perte de l’imminence, aurait favorisé parallèlement la fondation de QS,
et plus tard du PI. J’opine, que la perte de l’imminence a justifié des
souverainistes mécontents du PQ, à fonder un autre parti. L’unité du PQ
n’est plus de mise, parce que le ciment de l’imminence n’a pas ce qu’il
faut pour fédérer
des composantes aussi disparates que la gauche engagée,
et la droite activiste. […]Ce sentiment [d'imminence] me semble avoir
tendance
à mobiliser, à fédérer […]
»
Est-ce que j'ai vraiment besoin de commenter….
Maintenant, pour ma part, je ne suis pas d'accord avec l'idée que
l'imminence mobilise en soi. Ce n'est qu'un paramètre. Oui, en sentant
qu'on approche du but, on est plus motivés à travailler parce qu'on sent
que notre travail ne sera pas vain, mais la véritable source de
mobilisation est la cause. Par exemple, les jeunes doctrinaires qui
revendiquent la gratuité scolaire manifestent par conviction pour leur
cause. Pourtant, l'imminence n'est pas au rendez-vous; lors de l'annonce de
l'augmentation des frais de scolarité, on assistait à un recul. Néanmoins,
un effort de mobilisation chez eux s'est fait. Toutefois, la majorité des
étudiants appelés à la grève générale illimitée ont répondus non, la cause
n'étant pas partagée par ces derniers. Aussi, l'implication dans les partis
politiques par des militants politisés, notamment dans les partis
politiques marginaux, découle de leurs convictions, pas de l'imminence. Les
militants d’organisations non partisanes le font par conviction pour la
cause et, même si l’imminence n’est plus, ils poursuivent leur combat. Même
des brasseurs viennent de créer une bière pour financer la promotion de
l’indépendance.
Les militants du PI et de QS sont tout à fait conscients que leur parti ne
prendra pas le pouvoir du jour au lendemain. La dispersion du vote n'est
pas due à l'imminence, elle est due au désengagement du Parti Québécois au
niveau de la réalisation ET, surtout, de la promotion active. Ainsi, les
militants ne se reconnaissent plus en tant qu'indépendantistes au travers
du PQ. Ce parti a provoqué le problème de l'unité et il peut, s'il le veut,
le régler.
« […] sous prétexte d’accélérer les choses […] »
Ce prétexte est secondaire et découle d'un phénomène plus profond. Comme
je l'ai mentionné, pour plusieurs le PQ ne représente plus l'indépendance
ET ne la représentera plus; l'espoir de voir ce parti changer de cap est
disparu après plus de treize ans à attendre, soit depuis le référendum
gagné malhonnêtement par le camp fédéraliste et l’abandon subséquent par le
PQ du pays à libérer au profit d’éléments de gouvernance provinciale. Cet
espoir est revenu en 2005 par la base, puis s'est effondré après que la
direction du parti ait décidé, comme d'habitude, de faire ce qu'elle
voulait. Aujourd'hui, un certain espoir demeure (tant qu’il y a de la vie
il y a de l’espoir n’est-ce pas), mais il est si mince qu'on ne peut
s'empêcher de ne pas vraiment y croire.
Dans le cas du référendum, il a fait son temps. Bien qu'il soit tout à
fait noble et souhaitable de consulter directement le peuple souverain,
cette voie référendaire est devenue impraticable pour différentes raisons.
De plus, l'élection référendaire fait maintenant pratiquement l'unanimité
au sein du mouvement indépendantiste militant non partisan. Le débat qui
demeure est celui de la simple majorité vs la double majorité. Or, le PQ,
qui est sensé être l'outil du mouvement indépendantiste, fait la sourde
oreille et conserve le référendum qui mènera invariablement à une nouvelle
impasse.
Ce blocage au niveau de l’espoir de changement, c’est l’histoire des
fédéralistes : comme M. Archambault en regard aux dissidents du PQ, ils
s’indignent que l’on ne croie plus le Canada réformable. Nous savons que la
majorité des québécois privilégie le bon entendement et préférerait un
Québec respecté comme nation avec tout ce que cela implique au sein du
Canada, le meilleur exemple est la déception post-meech, mais nous savons
que c’est impossible, ne serait-ce que par la nature même du fédéralisme.
De même, nous aimerions tous s’unir au sein du PQ, mais ce dernier ne
représente plus, il ne mène plus, notre combat.
La création d'un autre parti revient donc à embarquer dans un canot de
sauvetage pour que la lutte puisse se poursuivre, le bateau refusant de
changer de cap et se dirigeant vers un iceberg. Comme j'en ai déjà fait
état, le report demeure, mais au moins on fait de la promotion active
directement à l'électorat. Les organisations non partisanes, selon moi, ne
rejoignent pas adéquatement les électeurs, surtout dans une société
hypermoderne comme la nôtre où l’électeur est client. Or, un produit
nouveau dont on ne fait pas de publicité ne se vend pas, à plus forte
raison s’il est controversé, et encore faut-il aller chercher le
consommateur au lieu de l’attendre, ce dernier étant si occupé à consommer
et consumer ailleurs. Faire confiance aux organisations non électorales
revient à faire de la publicité à 4h du matin.
Militer aussi sincèrement que ce soi pour le PQ en ce moment en tant
qu’indépendantiste ça ne sert à rien.
« « Il suffirait qu’un parti propose « un projet de société concret qui,
même s’il n’est pas réalisé à très court terme (lire imminence), garde la
flamme allumée. » Il est question ici d’imminentisme virtuel.
»
Non, il est simplement question de faire la promotion de l’indépendance
pour que les gens n’oublient pas la nécessité de cette option fondamentale
en cette ère de désintéressement envers la politique. Ce n’est pas pour
rien que j’ai pris la peine d’écrire que « […] moins on parle de
souveraineté, moins les gens en voient la nécessité, moins cette option est
crédible. Ce, non parce qu'elle n'est pas imminente, mais parce qu'elle
semble infiniment moins importante qu'elle ne l'est en réalité. »
« […] peu importe n’importe quoi... Ce qu’il nous faut c’est retrouver la
flamme... et il n’y a que de détruire l’ancien qui peut nous satisfaire à
cet égard, il n’y a que la fièvre de reconstruire à neuf, […] ce que celles
et ceux qui prônent l’imminence de la flamme retrouvée nous proposent,
c’est de battre Pauline Marois, […]
»
Ici, M. Archambault déforme assez horriblement mon propos par cette
analyse simpliste. Lorsque je fais référence à la « flamme », je fais
référence au goût du pays et de se battre pour lui dans la lutte
électorale. Aussi, n’est-il pas question de détruire le PQ, il est question
de dénoncer son silence. Je l’ai mentionné plus haut, le PQ a causé
lui-même son problème de démobilisation et il peut le régler s’il le
souhaite à condition qu’il fasse la promotion active de l’indépendance.
S’il est question de détruire le PQ, c’est qu’il refuse de le faire pour
une raison qui semble être l’appui à la souveraineté dans les sondages
commandés par des médias fédéralistes, sondages dont la question a changé,
provoquant une descente virtuelle et par le fait même incompréhensible de
l’appui en question. Si ce parti se fie sur ces sondages pour ramener
l’indépendance à l’ordre du jour, il nous condamne à l’attente perpétuelle,
s’engouffrant bien profondément dans le cercle vicieux que j’ai décrit dans
[La théorie de
l’imminence->http://www.vigile.net/forum.php3?id_article=16376].
« Une défaite sera la défaite des souverainistes et des indépendantistes.
Il faudra vivre avec cette défaite, avec un nouveau découragement, un
nouveau report. En lieu et place, une victoire, sera la victoire de tous
les souverainistes, ce sera la victoire des souverainistes enflammés. Cet
élan pourrait créer l’imminence retrouvée, au lieu de la reporter encore
dans la défaite.
»
Non, ce sera la défaite du PQ en soi, de son chef, de sa stratégie qui
consiste à mettre l’indépendance de côté et de sa plate-forme provinciale.
Une victoire ne serait la victoire que du PQ, sa stratégie, sa cheffe et de
sa plate-forme provinciale. Si bonne soit sa cheffe, elle n’a aucune
importance dans notre combat. Aussi, puisque Mme Marois n’a aucun plan pour
réaliser l’indépendance, ce n’est certainement pas cette défaite qui
créerait un nouveau report.
« […] trouver n’importe quelle querelle pour satisfaire notre impuissance
à livrer la vraie bataille qu’il nous faudrait livrer.
»
Comme essayer de livrer bataille à l’individu insignifiant qu’est Jean
Charest au lieu de reprendre notre combat vital pour l’indépendance…
- Antonis Labbé
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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2008

    Luc Archambault écrit :
    « […] l’imminence est un facteur important de mobilisation des procrastinateurs et des non-engagés. Ce qui suscite l’adhésion et la mobilisation d’un plus grand nombre. »
    Tout d’abord, ce qui mobilise les procrastinateurs c’est la dernière minute ; ils n’agissent que quand l’ombre du trop tard se pointe. Quant au plus grand nombre, aux non-engagés, ils n’adhèrent pas, ils ne se mobilisent pas, ils votent et c’est tout. Toutefois, puisqu’il est question de vote, le comportement de ces électeurs est simple et je l’ai expliqué : c’et un client. Il consomme des idées qui vont l’influencer concrètement dans sa vie ou qui lui suscite un sentiment quelconque. Ainsi, bien qu’il ne se mobilise pas, le moment venu de faire un choix, il fera le meilleur (à son sens) qu’on lui offrira. L’imminence se porte donc sur le choix ; c’est le choix qui est l’imminence pour l’électeur. Toutefois, le client choisit l’idée qu’on lui propose. Pour que le client choisisse l’indépendance, il faut la lui proposer.
    Ainsi, un parti comme le Parti Indépendantiste va recevoir le vote d’électeurs qui choisissent l’indépendance, parce que c’est ce que le PI propose. Malheureusement, dans notre soi-disant démocratie, le PI n’a pas droit à toute l’attention médiatique offerte aux autres partis et est présentement condamné à être très peu connu et par le fait même d’avoir moins de moyens de se faire connaître. Le choix qu’offre le PI est donc en général méconnu des électeurs. De ceci en découle que QS reçoit le vote d’une bonne partie des indépendantistes de gauche désillusionnés du PQ, qui, lui, offre une plate-forme de gouvernance provinciale et recevra un vote en fonction de cette plate-forme… et des souverainistes qui votent par dépit ou demeurent dans l’illusion que le PQ offre l’indépendance.
    « […] des personnes comme vous qui élaborent des plans de reports, sous de faux prétextes de reports […] Qui en l’occurrence se trouvent à être de faux raccourcis, voire des impasses. […] Votre réponse à cette question est claire. Vous optez pour le report. […] »
    Combien de fois dois-je répéter que tant que l’unité ne sera pas faite il y aura report et que le prétexte de rapidité n’est pas le mien. Ce que je dis c’est qu’il faut parler d’indépendance. Je crois que c’est assez clair. Si le PQ ne le fait pas, un autre parti doit le faire. Continuer à ne pas parler d’indépendance c’est plonger dans le report perpétuel.
    « Ce n’est pas l’un [contre Charest] OU l’autre [pour l’indépendance], comme vous tentez de nous le faire croire, ou comme vous tentez de vous le faire croire à vous même, mais c’est bel et bien l’un ET l’autre. »
    Ce serait l’un et l’autre si le PQ menait les deux combats. Or, il n’en mène qu’un et c’est celui de battre Jean Charest.
    « […] refusant le combat contre les canadianisateurs, vous reportez aux calendes grecques la tenue de tel combat [pour l’indépendance] […] »
    Totalement faux. Ici vous assumez carrément que ces deux combats sont indissociables, que l’un ne va pas sans l’autre. Or, bien que la promotion de l’indépendance se fasse sur le dos de Jean Charest, ce dernier étant fédéraliste, la propagande contre les libéraux sur la base de leur plate-forme provinciale et de leur bilan sur la santé ne sert essentiellement à rien dans notre combat pour l’indépendance. Autrement dit, ne pas parler d’indépendance en attaquant Charest c’est jouer le jeu provincialiste de ce dernier et le combat n’en est plus un contre des canadianisateurs, mais contre un homme et sa plate-forme tout aussi provinciale que celle du PQ. À l’inverse, on ne peut que sortir gagnant à faire activement la promotion de l’indépendance.
    « Il est question ici de sous-estimer l’ampleur de ces dommages, comme si la situation actuelle était tolérable, comme si on ne perdait rien à assurer la pérennité du statut quo […] »
    À vous lire on croirait que le PQ va réaliser l’indépendance une fois au pouvoir. Malheureusement, la réalité c’est que même avec le PQ au pouvoir le statut quo va demeurer. Les dommages, comme vous dites, seront causés par le refus du PQ de fournir une base solide à l’unité de notre mouvement, soit l’indépendance, et sa prise de pouvoir ne changera rien, pas même son intention de former une coalition, justement parce qu’il n’en a pas besoin pour prendre le pouvoir. Autrement dit, tant que l’unité ne sera pas faite, les dommages sont inévitables. De plus, vous avez le choix : l’enveloppe ou l’oeuf ? L’enveloppe contient 4 ans de Jean Charest. L’œuf en contient invariablement plus. Pourquoi ? Vous l’avez dit vous-même : pour cette élection il est trop tard. Pour le reste, en laissant le PQ garder l’indépendance sous silence, l’option reculera et lorsque sera venu le temps du référendum (qui n’arrivera jamais de toute façon vu que l’option ne peut pas progresser sans qu’on en vente les mérites) nous le perdrons encore que ce soit par la fraude utilisée 1995 ou parce que nous ne récolterons plus suffisamment d’appuis.
    « Une organisation capable d’être un grand parti de rassemblement malléable. »
    Ici vous faites une grave erreur : tous les efforts mis de l’avant pour changer ce parti n’ont servi strictement à rien. C’est une évidence.
    « C’est votre opinion. En fait c’est un souhait. Vous souhaitez que ce soit le cas. »
    Au contraire, si vous saviez à quel point je souhaite me tromper. Si vous saviez à quel point je souhaite que ce parti reprenne concrètement notre combat pour l’indépendance et qu’il nous mène à bon port. Ce que je fais, ce n’est pas un souhait, c’est un constat que j’espère, au plus profond de mes sentiments, erroné, mais qui est renforcé par d’innombrables preuves dont le nombre ne cesse d’augmenter. Pourquoi croyez-vous que je m’acharne à écrire que, si le PQ reprenait le combat, l’unité se porterait mieux ? Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, mais le constat reste. Parizeau demeure, mais je me poserais question du pourquoi si sa femme n’était pas députée.
    Vous vous contentez de m’attribuer le dessein sinistre d’espérer avoir à recommencer à zéro. Vous n’êtes pas le seul indépendantiste sincère ici vous savez, M. Archambault.
    - Antonis Labbé
    À lire : Ce qu’apporte le Parti Indépendantiste par Grégory Vézeau

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2008

    J'ajoute en vous citant...
    « pour plusieurs le PQ ne représente plus l’indépendance »
    C'est un fait que je ne discute pas et je conviens même du fait que de bonnes raisons peuvent être invoquées à cet égard. Je ne les partage cependant pas ces raisons. De plus elle ne me semble pas justifier que l'on abonde dans la division et les reports. Mais tout ça se discute... C'est ce que nous faisons.
    « ET ne la représentera plus »
    C'est votre opinion. En fait c'est un souhait. Vous souhaitez que ce soit le cas. Vous le souhaitez en l'affirmant unilatéralement. Comme pour vous en convaincre, et pour convaincre. Je ne suis pas d'accord. Ne serait-ce qu'en imaginant le retour de Jacques Parizeau aux commandes. Ce qui du reste est en quelque sorte le cas puisqu'il appuie toujours le PQ de madame Marois. Ce qui du reste aussi conforte mon adhésion au PQ. Je respecte cet homme et sa détermination. Il a forcément de bonnes raisons de réitérer son appui au PQ de Pauline Marois.
    Sans cet appui de Jacques Parizeau, je pourrais partager vos doutes. Doté de cet appui, je ne partage certainement pas vos certitudes. Je les mets en doute. Le PQ représente toujours pour nombre de souverainistes, un parti voué à la création de l'État du peuple souverain du Québec. Avec raison. Et, la victoire prochaine du 8 décembre 2008 pourra en mobiliser encore davantage afin de travailler dans le rassemblement et l'unité, à l'avènement de l'État que l'on espère pour ce peuple souverain du Québec dont nous épousons la cause, chacun notre manière.
    Vous aurez compris que j'adhère au fait que le PQ pourra encore représenter pour les souverainistes comme vous, le parti qu'il nous faut pour faire triompher la cause qui nous est chère, la cause du peuple démocratique et souverain du Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2008

    Nous sommes d'accord.
    L'imminence à elle seule n'emporte ni l'adhésion ni ne provoque la mobilisation. Du moins pas celle des engagés. En ce cas ce sont les convictions qui mobilisent. Par contre, et c'est là l'essentiel de ma contribution, l'imminence est un facteur important de mobilisation des procrastinateurs et des non-engagés. Ce qui suscite l'adhésion et la mobilisation d'un plus grand nombre. Elle suscite aussi la cohésion. Dans l'imminence il n'est plus question de penser construire ou emprunter des chemins de traverse, on est pour ou contre. La voie est tracée, c'est imminent, le train fonce tout droit à haute vitesse vers le but fixé. À l'inverse dans la perte de l'imminence, la cohésion ne semble plus être une urgence...
    Dans ce sentiment de perte d'imminence que nous vivons depuis quelques années, le gris peut s'imposer face au tout noir et tout blanc qui s'impose dans l'urgence de l'imminence. Ce qui me semble justifier cette espèce d'insouciance des personnes comme vous qui élaborent des plans de reports, sous de faux prétextes de reports qui du coup semblent tolérables et justifier des refus injustifiés de combattre ce qui se présente à nous maintenant, sous prétexte que d'autres combats devront avoir lieu plus tard. Ainsi, les appels au démembrement du PQ, qui fusent actuellement depuis quelques mois, pour recommencer ailleurs, semblent aux yeux de certains la panacée qu'il nous faut pour perdre maintenant ce que nous pourrions maintenant gagner au profit de gagner plus tard ce que nous pourrions perdre plus tard si nous ne gagnons pas maintenant. Ce qui sous prétexte de rapidité, nous fait emprunter non plus la voie directe, mais permet de rendre intéressantes le fait d'emprunter voire de construire de toutes pièces des voies de traverses. Qui en l'occurrence se trouvent à être de faux raccourcis, voire des impasses.
    La voie directe consiste à prendre le pouvoir, mais il semble qu'il faille attendre et reporter cette échéance...
    « Comme essayer de livrer bataille à l’individu insignifiant qu’est Jean Charest au lieu de reprendre notre combat vital pour l’indépendance… » nous dites-vous.
    D'accord, mais pas sur tout...
    Ce n'est pas l'un OU l'autre, comme vous tentez de nous le faire croire, ou comme vous tentez de vous le faire croire à vous même, mais c'est bel et bien l'un ET l'autre. Ik est question ici d'engager le combat contre les canadianisateurs dont est le prote-voix Jean Charest et son gouvernement démissionnaire. Un combat vital pour appeler le peuple souverain du Québec à se prononcer sur l'État qui le gouverne ou pourrait le gouverner. En refusant de livrer bataille à Jean Charest, c'est reporter l'échéance du vital combat que les souverainistes mènent au nom du peuple souverain du Québec.
    « Aussi, puisque Mme Marois n’a aucun plan pour réaliser l’indépendance, ce n’est certainement pas cette défaite qui créerait un nouveau report. »
    Bien sûr que cette défaite crée un report. Doublement, car en refusant le combat contre les canadianisateurs, vous reportez aux calendes grecques la tenue de tel combat, avec ce que cela comporte de dommages direct et collatéraux pour ce peuple souverain du Québec qui est ainsi, par votre opposition, par votre refus de ralliement, livré pieds et poings liés à l'ennemi canadianisateur qui pourra librement, donner à Jean Charest un mandat de « mains libres » pour négocier avec le Canada des arrangements canadianisateurs ( La Presse -2008 11 26- Tommy Chouinard - Charest: «J'ai les mains libres» ).
    Il est question ici de sous-estimer l'ampleur de ces dommages, comme si la situation actuelle était tolérable, comme si on ne perdait rien à assurer la pérennité du statut quo, comme si il était indifférent que les acquis de la révolution tranquille soient neutralisés ou bradés sous privatisation. Tolérer en en minimisant l'impact 4 ou 5 années supplémentaires d'un tel régime est tout sauf une stratégie capable de mener le vital combat pour la création de l'État du peuple souverain du Québec.
    Qu'est-ce qui est pathétique ? Refuser d'engager le combat maintenant, en reporter l'imminence à plus tard. Ou faire l'unité du mouvement souverainiste pour livrer une bataille gagnante ?
    Votre réponse à cette question est claire. Vous optez pour le report. Vous optez pour une élection référendaire. Vous optez pour reconstruire un parti du PI qui cafouille et qui mettra longtemps, très longtemps avant de pouvoir prendre le pouvoir. Vous optez pour la division.
    Et, il n'est pas question ici d'appui inconditionnel au PQ. Il est question d'élection et de prendre le pouvoir qui est à portée de main avec un PQ gagnant. Je propose ensuite d'investir à nouveau ce lieu de rassemblement vivant. Une organisation capable d'être un grand parti de rassemblement malléable. Rien n'est figé dans le béton, sauf votre acharnement à le proclamer et argumenter. Mais cela est une vue de l'esprit. Rien n'est jamais sûr. Surtout pas le pire. La politique de la chaise vide certes peut favoriser les personnes présentes, les absents ont toujours tort. Mais en étant présent, en grand nombre dans le PQ revigoré par cet apport de personnes mobilisées, fédéré par une imminence retrouvée, par cette victoire essentielle contre l'arrogance des canadianisateurs du PLQ démissionnaire, tout est possible.
    Vous, vous décidez de jeter les gants, pour détruire ce qui a été patiemment construit et pour recommencer ailleurs. Oui j'ai parlé de ruines. Je comprends bien que vous parliez de flamme reliée à la cause du peuple souverain du Québec. Mais c'est bien d'elle qu'il est question quand j'appelle au rassemblement souverainiste. C'est bien d'elle qu'il est question quand je dis qu'elle s'abime dans le report, la division et les cendres parce qu'on aura comme vous participé à l'éclatement de nos forces, de nos énergies, de notre détermination.
    Je ne pense pas emporter votre adhésion. Votre idées est faite. Comme la mienne du reste. Ainsi donc... vive la division !
    Moi je dis. Nous sommes en élection. Nous pouvons gagner.
    Votons en Bloc pour le Parti québécois de Pauline Marois
    J'appelle de plus à voter de manière à donner une voix à la mouvance souverainiste telle qu'elle s'est diversifiée récemment, autant en prendre son parti sans plus de querelles, de manière à faire l'Union du peuple souverain du Québec, un appel déposé dans Vigile au titre :
    Appel au ralliement des souverainistes
    Mobilisation citoyenne souverainiste extra-parti
    Luc Archambault - Tribune libre de Vigile - 26 novembre 2008