L'erreur de "Walkyrie"

C'est l'histoire malheureuse du colonel allemand Claus von Stauffenberg et sa tentative de coup d'État contre Hitler le 20 juillet 1944.

Tribune libre 2008



Ce soir, je suis allé au cinéma Atwater, visionner le film américain Walkyrie, avec Tom Cruise.

C'est l'histoire malheureuse du colonel allemand Claus von Stauffenberg et sa tentative de coup d'État contre Hitler le 20 juillet 1944. Il faut voir ce film.

L 'histoire y est racontée en détails, sans manquer aucun ou presque, des aspects qui ont marqué`cette trame. Il faut voir à l'oeuvre le génie d'organisation dont les Allemands sont capables, jusque dans les moindres détails.

Brillants à l'extrême puisque les conspirateurs qui ont prévu renverser Hitler et le régime nazi ont tout prévu: SAUF L'ESSENTIEL.

L'essentiel, ce sont les communications. Le pouvoir est complètement dans ses communications, complètement, C'est que j'essaie de mettre dans la tête des Québécois mais on me pointe du doigt en disant que je ne suis qu'un militaire borné.

Stauffenberg et les conspîrateurs ont oublié de saisir en priorité les communications de l'armée allemande, les communications civiles, les communications des SS et de la Gestapo, les aéroports, les gares de chemin de fer et les carrefours naturels, les contrôles de l'électricité et du gaz, le téléphone et les principaux carrefours routiers.

Leur coup d'État visait la personne d'Hitler, ce qui prouve qu'ils approchent la politique dans une optique nominaliste, exactement comme nous faisons au Québec.

Pourtant, en Russie, à la Révolution d'Octobre 1917, contre la Russie tsariste, Léon Trotsky l'a bien compris.

Il n'avait que quelques milliers d'hommes alors que les Allemands de Stauffenberg totalisaient plus de 100,000 soldats entraînés.

Trotsky les a envoyés faire une reconnaissance de tous les sites à saisir, compte tenu des communications d'octobre 1917 en Russie. Sans bruit, sans attirer l'attention. froidement, calmement.

Les hommes se sont dispersés en petits groupes de deux et trois et effectivement, ils ont fait des reconnaissances détaillées des lieux à saisir.

Après trois semaines de préparatifs silencieux, alors que personne ne leur accordait plus la moindre attention, Trotsky a donné l'ordre d'agir et les communications ont été saisies en quelques heures, presque sans combat ni difficulté.

Trotsky avait vu juste.

Le lendemain, il alla rencontrer Lénine qui se cachait et portait une perruque. "Pourquoi vous cachez-vous?" lui demanda Trotsky. Les vainqueurs ne se cachent pas. Vous êtes maintenant le maître de toutes les Russie, vous et personne d'autre.

- C'est que, répondit Lénine, le Parlement russe siège encore aux Taurides.

- Oui mais il n'a aucun pouvoir, n'ayant aucune communication avec l'extérieur.

Entre temps, les hommes de Trotsky avaient lancé quelques grenades dans les fenêtres du Parlement et les députés sortirent et se dispersèrent.

Il aura fallu du temps pour que Lénine comprenne que les Bolchéviques avaient saisi toutes les communications et qu'en conséquence, les Tsaristes n'avaient plus aucun pouvoir.

Lorsque, 27 ans plus tard, les Allemands tentèrent de se libérer de l'emprise des Hitlériens, disposant de vastes moyens que n'avaient pas les Russes de Trotsky, sans oublier leurs impressionnantes connaissances techniques et administratives, ils ont quand même oublié l'essentiel: Le pouvoir est complètement dans ses communications. Donc, priorité à la saisie des communications allemandes.

Ce qu'il convient de faire en premier: saisir les communications de l'État et le pouvoir change de main par le fait même.

Il n'était pas même nécessaire de tenter d'assassiner Hitler, Goebbels, Goering et tutti quanti. Ne pouvant communiquer, ils n'ont plus aucun pouvoir, AUCUN. Les arrêter et les passer en jugement devenait possible.

En fait, les Allemands auraient pu le faire avant la catastrophe de la seconde Guerre mondiale.

Voilà ce qui arrive lorsqu'on s'en tient à l'accessoire au point d'oublier l'essentiel.

Tout ceci pour notre instruction. Allez voir ce film. Il en vaut la peine.

JRMS

P.S. J'ai personnellement rencontré le général allemand Adolphe Heusinger, lorsqu'il est venu faire une visite d'amitié à Québec pendant l'été 1960, je crois. J'ai servi d'interprète entre le général de brigade Dollard Ménard et le général allemand. Heusinger était présent dans le bunker au moment de l'explosion. Il s'en tiré avec des blessures mineures et a perdu l'ouïe.

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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6 commentaires

  • Nicodème Camarda Répondre

    19 janvier 2009

    Bonjour si vraiment vous pensez ce que vous dites ci-bas:
    [L’essentiel, ce sont les communications. Le pouvoir est complètement dans ses communications, complètement, C’est que j’essaie de mettre dans la tête des Québécois mais on me pointe du doigt en disant que je ne suis qu’un militaire borné.]
    Puis-je vous suggérer de vous joindre à l'appel de Pierre Cloutier qui lui aussi se tue à nous le dire depuis des années.
    Vous avez avec Pierre ce point en commun. Il est sur la page de Vigile article intitulé: Appel à tous les souverainistes
    Nicodème

  • Archives de Vigile Répondre

    1 janvier 2009

    Fidel Castro a su subjuguer la communication de masse, par dans son cas, fait exceptionnel, l'art du du discours oratoire, qui a et domine encore l'orientation de la presse écrite ou diffusée...«Dans ce pays, par exemple» Imaginez, parler en tribune publique pendant deux heures sans interruption, les scribes et ceux qui les contrôlent ne peuvent faire autrement que répertorier...
    Le cas du Colonel Stauffenberg n'échappe historiquement pas à la règle, la communication écrite ou diffusée, même à l'époque envers la masse, reste reine.
    Continuons à défier les différents holdings médiatiques par nos webs et courriels , les empires seront obligées de s'y soumettre et perdront du pouvoir de plus en plus.
    Bravo au Colonel Sauvé pour rappeler la cause des échecs sinon des réussites...

  • Archives de Vigile Répondre

    1 janvier 2009

    L'erreur du colonel a été de ne pas retourner à l'intérieur une fois le plastique explosé pour s'assurer qu'Hitler était mort, puis d'achever le travail.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 janvier 2009

    Je suis d'accord avec votre conclusion, mais j'irais un peu plus loin encore. Si le film reporte bien l'histoire, alors le fondement de l'opération Walkyrie m'a semblé erroné dès le départ. On laisse entendre que l'objectif du coup d'état était de tuer Hitler. Le plan a été monté de sorte que si l'attentat contre le Führer échouait, tout échouait. Dans cette perspective, c'est effectivement l'outil du meurtre qui fut défaillant. La prise de contrôle de l'Allemagne fut considérée comme un simple effet de bord à prévoir.
    Avec 15 tentatives de meurtres sur la personne d'Hitler, l'idée de tuer ce personnage était définitivement une idée fixe. C'est là le risque de laisser nos sentiments prendre le dessus sur la raison. Si les allemands ne s'étaient pas laissés aveuglés par ces sentiments meurtriers, peut-être auraient-ils pu mettre l'emphase sur l'essentiel et mieux réussir. Ensuite, ils auraient pu tranquillement s'occuper d'Hitler. Pour montrer la futilité de la chose, le suicide d'Hitler intéresse que bien peu de gens de nos jours.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 décembre 2008

           La bombe est accessoire. L'essentiel, c'est de ne pas    avoir saisi les communications. Je constate que, comme    les Allemands, les Québécois s'attardent sur l'accessoire    au détriment de l'essentiel.    JRMS 

  • Archives de Vigile Répondre

    31 décembre 2008

    Bourgeault avait parlé de censurer les médias après un OUI. Vs vs souvenez du tollé?
    Mais effectivement les coms sont le nerf de la guerre. Combien y'a-t-il de médias de masse indépendantistes au Québec? ZÉRO,ZÉRO. Après on s'étonne que la cause recule!
    Si je me souviens bien l'attentat a raté parce que la bombe avait été déplacée; quelqu'un a mis la valise à coté d'une patte de la table qui était en marbre solide, protégeant Hitler de l'explosion