Il faut lire dans le Journal de Montréal de ce matin (samedi 7 novembre) deux articles intéressants : le premier par J. Jacques Samson : Le nouveau fédéralisme à la Trudeau : le second par Benoît Aubin : Du changement qu’ils disent.
Les bonnes intentions et la réalité ne s’accordent pas toujours. La politique est affaire d’intérêts, de rapports de forces et d’effectivité, celle-ci liée aux principes qui gouvernent l’action d’envergure au niveau de toute stratégie d’État.
À l’origine, ces principes ont été identifiés dans les guerres et pour cette raison, on les a appelés des principes de guerre. Ils m’ont été enseignés par les Britanniques, qui s’efforçaient de les mettre en pratique en toutes circonstances, alors qu’il leur fallait liquider l’Empire britannique.
J’y ai été impliqué, notamment avec les Programmes d’Assistance aux Pays du Commonwealth, pour aider ces pays à se doter d’un État viable et compétent. C’est à cette fin que j’ai servi trois ans au Ghana, en Afrique équatoriale. Le pays était alors en proie à une guerre civile qui a duré tout le temps que j’y étais et s’est prolongée vingt ans par la suite.
Avec mes mentors, nous avons fini par réaliser l’universalité des principes que nous avions associés avec la guerre. Ces principes sont des universaux et s’appliquent à toutes les circonstances. Ils font maintenant partie intégrale de la géopolitique et c’est dès maintenant que nous devons apprendre à les connaître et à nous ’en servir.
Ce qui est en train de ressortir après l’élection qui porta le jeune Trudeau au pouvoir commence à démontrer la progression continue des provinces vers les statuts d’États à reconnaître. Le progrès est le progrès.
Il devient de plus en plus évident maintenant que le Manitoba n’est pas le Nouveau Brunswick, l’Alberta n’est pas Terre-Neuve, la Colombie Britannique n’est pas la Nouvelle Écosse, l’Ontario n’est pas le Québec.
Peu à peu, le Canada commence à surgir et se montrer comme ce qu’il est réellement : un continent distinct au nord des Amérique. Par nature, un continent est une masse géographique qui se prête au développement de sociétés différenciées et contrastées, qui deviennent avec le temps des nations et des États,
Aucune comparaison entre le Canada et les États-Unis, sauf pour la langue commune (et encore), qui n’est dans la réalité qu’un seul facteur de différenciation et d’individuation, dont le facteur principal demeure le temps et l’espace. En géopolitique, on les appelle des facteurs de continuité, des constantes, dans l’instant, par opposition aux variables du moment.
Très peu accessible par mer et peu avantagé par voie de terre, le Canada est un territoire nordique immense et massivement dominé par des plateaux et montagnes de roches cristallines et métamorphiques, des masses telluriques qui ne bronchent pas et n’invitent guère la présence humaine, par défaut de surfaces sédimentaires propices à l’agriculture et aux développements industriels et urbains.
Très aisément accessibles par les océans Atlantique et Pacifique, les États-Unis au contraire sont massivement remplis de surfaces sédimentaires propices aux développements humains. Il n’a fallu à la Nouvelle Angleterre originelle que 156 ans pour progresser de colonie à État et posséder une logistique capable de chasser l’Angleterre, qui en avait fait son fief.
Rapidement, après 1783, les Américains ont saisi les immenses espaces ouverts de l’intérieur, entre les grands Lacs et le golfe du Mexique, les Appalaches et les Rocheuses américaines, espaces qui avaient été initialement explorés et mis en valeur par les colons, commis-voyageurs et soldats de la Nouvelle France, dont les Anglais n’ont pas ou peu compris l’importance stratégique aux débuts, quittes à tenter de se rattraper lorsqu’il était trop tard.
Aujourd’hui, la population des États-Unis dépasse 320 millions d’habitants, celle du Canada seulement 34 millions sur toute la superficie, ce qui est inférieur à la Californie dont la population dépasse 39 millions. Au nord, la Colombie Britannique n’a que quatre millions d’habitants. Toujours, la géographie est en cause, sauf qu’il faut se garder de le dire pour ne pas être taxé de « déterminisme » par les cuistres et savantasses qui pullulent dans certaines facultés universitaires.
Il n’y a pas que l’argent qui va finalement mettre fin au centralisme unitaire d’Ottawa, brandon politique de la bourse de Bay Street, qui tente de tout saisir et tout contrôler. De plus en plus, les provinces, qui ne sont des provinces que sur papier, ont intérêt à se prendre en charge et laisser tomber Ottawa, dont elles ont de moins en moins besoin.
Le jeune Trudeau et son gouvernement vont l’apprendre à leurs dépens. Quant au docteur Couillard, il va bien falloir qu’il finisse par voir le mur qu’il refuse de voir.
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1 commentaire
Robert J. Lachance Répondre
19 novembre 2015Il y a ici matière à inspirer un projet de refondation du mouvement indépendantiste.
http://refondation.quebec