SM la Reine Élizabeth Deux est le plus grand propriétaire foncier de toute la planète

Un propriétaire bien étouffant

Pourquoi ne faisons-nous pas comme les Américains ?

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Her majesty is a very nice girl but…

SM la Reine Élizabeth Deux est le plus grand propriétaire foncier de toute la planète

Et puis après ? Cela vous surprend ? Moi, non. Mon métier de géographe spécialisé en géopolitique porte sur le territoire et la territorialité humaine, statutaire ou non statutaire. Et comme la possession territoriale de jure s’impose le plus souvent sur la possession de facto, particulièrement au Québec, il ne faut pas se surprendre de ce qui nous arrive.

Statutaire. Depuis l’avènement de la territorialité secondaire et la naissance des nations et des États dans le monde, le TITRE sur un territoire donné a été et demeure le principal facteur du pouvoir, qui fait force de loi, avec ou sans constitution, écrite ou non écrite. L’essentiel en matière d’État, c’est le titre, réel ou appréhendé, sur le fond de terre. Le reste est accessoire.

Au Canada, le seul titre sur le territoire est détenu par SM Élizabeth Deux, reine d’Angleterre, du Canada et du Commonwealth.

Une majorité de Québécois-es ne réalisent pas l’importance de ce statut territorial, qui fait de la Reine seul véritable chef d’État sur tout l’espace continental canadien.

En pratique, qu’est-ce que cela veut dire? Rien sans doute parce qu’elle vit loin de tout?

Détrompez-vous. Le titre lui confère « droit de regard et de désaveu » sur tout le territoire du Canada, comme de l’Angleterre et du Commonwealth.

C’est comme un propriétaire et son locataire. Bien sûr, le locataire est « libre » d’utiliser le logement comme il l’entend, sauf qu’avec son droit de regard et de désaveu, le propriétaire peut intervenir s’il n’est pas d’accord avec les actes de son locataire. C’est le propriétaire qui impose les conditions du bail, non le locataire.

En pratique, au niveau de l’État, il arrive ce à quoi on peut s’attendre. Le gouvernement de Sa Majesté à Ottawa légifère et administre en fonction des intérêts de l’Oligarchie en place, très proche de Sa Majesté, très influente quant aux décisions les plus propices au maintien des pouvoirs et fortunes en place.

Dans une dépêche envoyée depuis le Niagara en juillet 1838 - je cite de mémoire - Durham avait constaté qu’aux États-Unis, nouvellement entrés dans l’existence en tant qu’État-nation au prix d’une guerre féroce, la propriété est sujette à un titre sûr en faveur du citoyen américain. Essayez d’exproprier un Américain qui refuse. Le fond de terre n’appartient plus au roi ou à la reine d’Angleterre. Pour les Yankees de Nouvelle-Angleterre, c’était matière à casus belli, motif de guerre, et le règne de l’Oligarchie et la Monarchie britannique avait assez duré.

C’est loin d’être le cas chez nous. Que le gouvernement ou les oligarques décident d’exproprier pour leurs intérêts, rien ne les arrête. Voyez le cas des expropriations de Mirabel. Il y en a une foule d’autres contre lesquelles personne n’a le moindre recours. Résultat : Durham, consorts et successeurs, qui ont voulu et veulent toujours nous assimiler, n’ont pas réussi à convaincre les Anglais en Angleterre de venir s’établir en grand nombre dans le British North America. Il a fallu alors compter sur les United Empire Loyalists pour toutes les mesures visant à protéger et renforcer le territoire de Sa Majesté dans l’Amérique Britannique du Nord.

Les Britanniques, pour leur part, ont préféré et préférèrent encore les États-Unis pour fuir la monarchie et l’oligarchie britanniques, la gentry hautaine qu’ils détestent mais devant lesquels ils doivent s’incliner sans mot dire. Entretemps, on leur rabâche les oreilles avec de lénifiants discours sur la démocratie. Que peut-on faire d’autre dans une île. Admettons qu’une élite intellectuelle et responsable a pris la défense du peuple anglais depuis le 19e Siècle.

Les États-Unis ont reçu des millions de ressortissants britanniques, avant et après leur guerre d’indépendance qui s’est soldée par le traité de Saint-Germain-en-Laye de 1783, alors que la monarchie anglaise perdait tous ses titres sur le territoire américain.

Qu’attendons-nous pour en faire autant ? Dans les conditions actuelles, nous pouvons y arriver sans guerre, si nous prenons nos précautions.

En attendant, Ottawa continue de nous soumettre à la loi du nombre, ou loi de la pesanteur, contre laquelle nous devons nous soustraire, ne serait-ce que pour l’honneur de notre nom.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2015

    «Le peuple québécois à plusieurs problèmes de frontières à régler. Celle de ses frontières physiques plus particulièrement les limites du Labrador, des rives de la baie James, baie d'Hudson et baie d'Ungava sans oublier celui du golfe du St-Laurent. Cela représente près de 75% du territoire national, c'est pas rien. Mais la principale frontière à régler reste celle de notre conviction profonde à faire la souveraineté pour nous et ceux qui suivront l'expérience extraordinaire d'être seul maître chez nous.
    Pour tous les souverainistes du Québec ils seraient temps d'arrêter de s'auto- convaincre entre nous mais d'axer nos argumentations à la cause à ceux et celles qui n'y croient pas encore.
    Vive le Québec, seul République Francophone, Démocratique et Laïque des Amériques.

  • René Marcel Sauvé Répondre

    16 mars 2015

    Chère Madame Moreno,
    En capital humain, elle nous coûte l'honneur de notre nom parce que, sans titre reconnu sur notre propre territoire, nous ne sommes pas chez nous au Québec. Les 400 années de travail ardu pour mettre en valeur un territoire qui compte parmi les plus rudes de toute la terre sont ignorées. Notre continuité territoriale est ignorée. Sans titre reconnu, nous sommes rien et moins que rien.
    En capital-argent, c'est aux comptables professionnels d'évaluer nos pertes. Je suis géographe et peu versé en comptabilité d'État. À chacun son métier.
    JRMS

  • René Marcel Sauvé Répondre

    16 mars 2015

    Monsieur Lachapelle,
    Je n'irai pas par quatre chemins. La seule manière de régler le cas de la possession territoriale de jure comme de facto du territoire du Québec, c'est par l'État-nation du Québec, reconnu de droit comme de fait. Si NOUS ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place.
    Nous devons démontrer à la face du monde que ce territoire, nous l'avons conquis de la manière la plus légitime, par l'exploration, le défrichement et la mise en valeur d'un espace géographique inhabitable à l'état de nature, suite aux glaciations du Quaternaire et aux froids prolongés de nos hivers.
    Nous, Québécois, avons vaincu l'hiver comme personne d'autre au monde et je sais de quoi je parle pour avoir étudié la Scandinavie et la Russie sur place. Ils sont loin d'avoir autant de neige que nous avons et s'ils ont accompli quelques perfectionnements, ils ne sont pas allés aussi loin que nous. L'équipement contre la neige et le froid glacial, les vêtements et les perfectionnements dans la construction, personne n'est allé aussi loin que nous. Nous avons dompté l'hiver pour en faire notre serviteur.
    Nous avons travaillé d'arrache-pied pour débarrasser les sols de leurs moraines glaciaires et nous travaillons encore pour essayer d'obtenir au moins une récolte assurée par année, afin de ne plus dépendre de l'extérieur pour nous nourrir. Garçon de ferme à l'âge de quinze ans, je sais ce que veut dire épierrer un sol peu productif et j'ai fait le travail avec des chevaux, avant les tracteurs. J'aime la terre.
    À cette fin, une politique de défense territoriale semblable à la Suisse, la Suède, la Finlande et la Nouvelle France s'impose, afin de dissuader en partant toute tentation de recourir à la violence armée pour nous arrêter dans notre légitime démarche.
    C'est le but que je poursuis avec mes recherches et mes travaux. Laissez-moi un peu de temps que je termine le dernier ouvrage sur la défense territoriale. J'ai 84 ans maintenant et il me reste encore beaucoup à rechercher et à écrire.
    JRMS

  • François A. Lachapelle Répondre

    15 mars 2015

    @ Monsieur Sauvé
    Vous écrivez à la fin de votre texte, je cite: « Qu’attendons-nous pour en faire autant ? Dans les conditions actuelles, nous pouvons y arriver sans guerre, si nous prenons nos précautions
    Est-ce possible que vous expliquiez le genre de précautions auxquelles vous faites allusion ou des suggestions de lectures qui illustrent les actions à poser pour abroger tous les titres de propriétés détenus par la Couronne britannique ?
    Dernières questions: existe-t-il une différence de pouvoir pour nous au Québec entre la Couronne du Canada et la Couronne britannique ? Depuis le rapatriement de 1982 de la Constitution du Canada, la couronne britannique a-t-elle encore un statut juridique au Canada ?

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2015

    Un texte très intéressant et de l'information à faire connaître au plus grand nombre de gens possible. La République voisine peut nous instruire sur comment se libérer de la monarchie britannique.
    J'ai vu un sondage, il y a quelques années qui disait qu'une majorité de Canadien- Anglais en plus que les Québécois voulaient abolir la monarchie et pourtant à part quelques députés libéraux et le NPD il y a peu de politiciens fédéraux fédéralistes qui osent en parler.

  • Caroline Moreno Répondre

    15 mars 2015

    Combien nous coûte-t-elle?