Un lecteur m’écrit

Les vraies raisons du départ de François Legault

Chronique de Louis Lapointe

À la suite de ma dernière chronique, À l'ombre de Michael Jackson, un fidèle lecteur m’a avoué avoir été étonné par la façon dont j'avais traité la démission de François Legault, insistant sur le fait que les vraies raisons de son départ n’avaient rien à voir avec son épouse comme je l’avais écrit dans ma chronique. « Que sa compagne de vie ait manifesté des réticences, c'est une chose. Qu'il ait construit sa décision sur ces réticences, c'en est une autre.»
Les arguments de ce lecteur m’ont paru suffisamment crédibles pour que je les soumette à l'ensemble de mes lecteurs, puisqu’ils apportent un éclairage intéressant et différent du mien au sujet des véritables raisons qui auraient motivé le départ de François Legault de la politique active.
Ce lecteur m’a fait valoir trois arguments:
1- Que le but de la démission de François Legault était de sonner l’alarme au sujet de l’endettement du Québec qui avait atteint un seuil critique. Que les buts inavoués de la politique financière du gouvernement du Québec répondaient d’abord à une stratégie de Jean Charest qui visait à rendre le Québec encore plus dépendant du Canada, faisant en sorte qu’une éventuelle séparation du Québec devienne pratiquement impossible.
2- Que François Legault n’avait pas eu tout l’appui voulu de Mme Marois et d'anciens du parti dans sa croisade au sujet des FIER et des PCAA, qu’il aurait aimé aller plus loin, mais qu’il aurait été retenu par le PQ.
3- Enfin, que les investissements du Québec étaient bloqués par le gouvernement fédéral qui refuse systématiquement d’investir la part des fonds qui lui sont versés par les Québécois dans des projets jugés prioritaires par le gouvernement du Québec, favorisant toujours les intérêts canadiens. « Aucun investissement public au Québec ne se fait sans l'aval du Canada. Dans ce contexte, faire des choses actuellement au Québec selon les intérêts du Québec, c'est faire des choses dans les intérêts du Canada selon les visées du Canada.»
En fait, si François Legault a démissionné, c’est parce qu’il se sentait à l’étroit dans le cadre péquiste actuel qui néglige la réalité qui en est une « d'endettement structurel contre lequel une province ne peut rien faire et que seul un pays peut régler ». Une position que le PQ ne jugerait pas assez électoraliste dans un contexte de gouvernance provinciale.
D'après ce lecteur, il faudrait voir dans la démission de François Legault une sévère critique à l’égard du gouvernement Charest, du gouvernement fédéral et de son propre parti, le PQ, plutôt qu’une décision motivée uniquement par des raisons personnelles.
Bien que demeurant circonspect, j’avoue avoir été ébranlé par l’argumentaire de ce très crédible lecteur, voilà pourquoi je vous en fais part aujourd'hui, chers lecteurs.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2009

    Je veux bien croire votre éminent lecteur. Cependant, la situation n'était pas tellement différente, en décembre 2008, de ce qu'elle est présentement. M. Legault aurait dû savoir dans quoi et avec qui il s'embarquait, lorsqu'il a demandé un mandat d'au moins 4 ans à ses électeurs, il y a 6 mois.
    Si les motifs de votre lecteur sont vrais, je trouve d'autant plus irresponsable la décision de M. Legault d'abandonner le navire après seulement 6 mois. Il aurait pu rester et tenter d'influencer. Cet homme de chiffres sait pourtant combien coûte une élection partielle. Une démission motivée par son humeur morose après 6 mois me déçoit au plus haut point, et ne me rend guère M. Legault plus sympathique. Nous paierons encore une fois les frais de la frustration d'un de ces hauts personnages.
    Nous sommes bien mal pris.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2009

    Je suis un ancien attaché politique d'une ministre dans le cabinet Bouchard. Donc je me suis fait des amis et amies qui sont toujours attachés aux députés du PQ.
    Et le hasard fait que j'ai une amie qui est extrêmement proche de l'entourage politique du député Francois Legault.
    Ce que je peux vous dire c'est que l'hypothèse de votre lecteur est très très bon.
    Je rajouterai que la vieille garde du PQ, les purs et durs sont nécessaires au PQ mais leurs positions entrainent nécessairement des effets collatéraux extrêmement négatif pour la cause.
    Francois Legault n'est pas le premier des modérés et du centre droit du PQ à partir. J'en suis un également. Ce n'est surement pas le dernier mais plus ces gens là partent, plus le PQ s'éloigne du but...ultime. La Souveraineté du Québec...Quel temps perdu

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2009

    En effet, M. Haché, c'est très subtile comme stratégie.
    Il serait ridicule d'espérer voir Laliberté brandir un drapeau du Québec dans l'espace, remerciant René Lévesque de s'être porté au secour du rêve qu'il a put alors réaliser !
    Ce serait trop présomptueux et trop simple.
    Faut être plus "fins".
    Un jour les Québécois auront évolué au point de comprendre cette fine subtilité utilisée qui leur permetra d'ouvrir ces portes qui les séparaient de leur liberté.
    Un jour, un jour.
    Comme à l'expo 67.

  • Marcel Haché Répondre

    3 juillet 2009

    La stratégie fédéraliste est simple* : faire tomber l’un ou l’autre du P.Q. ou du Bloc. En faire tomber un, pour commencer. S’en prendre à l’autre, par la suite. Cette stratégie a failli réussir contre le mouvement souverainiste quand le P.Q. a été relégué à la deuxième opposition.
    Le Bloc a résisté. Au grand mérite de m.Duceppe. Il faut le reconnaître. Cela a pavé la voie au retour du P.Q. Au grand mérite de Mme Marois. Il faut le reconnaître.
    L’appétît du P.Q. est grande maintenant. Non sans raison. Il espère que la règle de l’alternance pourrait le favoriser. À cette fin, si proche et si plausible, le P.Q. ne voit plus clair autrement qu’en termes de prise de pouvoir. Tout ce qui pourrait distraire, ou qui pourrait constituer une porte de sortie aux libéraux provinciaux, qui pourrait les favoriser de quelque façon que ce soit, sera, sinon rejeté, du moins « tassé ». En langage de sport, nous pourrions dire que le P.Q. est « en mission ».
    Cela tombe justement bien : il voudra tout naturellement créer des conditions de discrétions, c’est-à-dire un environnement le plus neutre et le plus propice (à l’intérieur de la mouvance souverainiste) en faveur du Bloc. Le P.Q. et le Bloc s’appuient l’un sur l’autre. C’est la stratégie de défense toute naturelle à la stratégie fédérale, fédéraliste. Comme il est question d’élections fédérales cet automne…en 2009…
    C’est dans ce contexte-là que le Plan arrive pour « discussions », et que le congrès péquiste est remis à 2011 !
    Si le Bloc s’en sort à la prochaine élection, tout deviendra possible à la cause souverainiste. Telle pourrait bien être l’analyse péquiste.
    C’est bien plutôt envers la souveraineté que M.Legault a d’ailleurs laissé voir des doutes, dans le passé, à tout le moins un questionnement. Cela peut l’avoir placé hors-contexte. Pour ma part, je crois qu’il l’était. Et le sujet, majeur.
    Sa démission peut avoir des raisons personnelles. Mais d’un strict point de vue politique, surtout d’un point de vue tactique, souverainiste, qui tient compte de la real politic, cette démission était la bienvenue. Deux élections rapprochées ont ajourné seulement sa décision. Évidemment, tout cela n’a rien à voir avec l’estime que mérite M. Legault. Ce qu’il faut reconnaître ici encore, hormis ses doutes, bien sûr.
    • Cependant panoplie de moyens variés et complexes.


  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2009

    Bonsoir M. Lapointe.
    J'apprécie les précisions que vous apportez sur votre texte précédant portant sur le départ de M. Legault. Ce geste vous honore.
    Ce qui me ramène à la très haute opinion que M. Legaut m'inspirait : Simplicité, franchise et détermination, et pas carriériste pour 5 cents ; tout ça dans un même député, ça peut faire un bon premier ministre quand sa famille aura grandi.
    Frs Beauchemin

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juillet 2009

    Le Québec devra-t-il déposer son bilan après le départ de Jean Charest ??? Et se dirige-t-il vers une tutelle fédérale???
    Une chose est certaine Charest a bien préparé le terrain. Il faut le voir se comporter comme si tout allait bien...!!!
    Il y a anguille sous roche.
    Marie Mance Vallée