Une communauté de conscience qui cherche à vaincre le temps et à s’affirmer dans la durée

La Nation

Un cas enviable du phénomène de civilisation

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EN RAPPEL - Chronique de Me Christian Néron

Il semble bien que chaque époque s’accroche à ses illusions. Aujourd’hui, le préjugé néo-libéral sur « l’infinie richesse de la diversité » a le vent dans les voiles. Ne pas le partager est mal vu. Quiconque y déroge est vite associé à l’extrême droite, au totalitarisme, et même au fascisme meurtrier des années 1930. On dirait qu’il n’y a dans le monde que des extrêmes et que tout est irrémédiablement divisé entre le Bien et le Mal. Le moindre commentaire qui met en doute l’utopie libérale sur « l’infinie richesse de la diversité » doit être fustigé. Bref, c’est tolérance zéro pour les petits esprits qui refusent d’ouvrir leurs bras et leurs cœurs à ceux et celles qui cherchent à venir chez nous dans l’espoir d’une vie meilleure. Au moindre écart, nos libéraux, piqués au vif, crient et hurlent : fascistes, xénophobes, islamophobes, racistes, nazis, négationnistes, etc. Assuré, pour ma part, d’avoir une vision du monde compatible avec celles des petits esprits des forces du Mal et, surtout, de n’avoir aucune disposition au Bien, je vais m’enfoncer un peu plus loin dans mon état de noirceur morale en ne disant que de bons mots sur ce que les forces du Bien haïssent au suprême degré : la nation !


Dans un premier temps, je vais m’efforcer de clarifier le concept même de nation pour voir en quoi cette notion se distingue des autres modes de regroupement social. Dans un deuxième temps, je vais, à partir de ce que rapportent nos historiens, examiner dans quelles circonstances et à quelle époque est apparu le sentiment national au Québec. Enfin, je vais me pencher sur deux cas de perversion ou de déviation du sentiment national, soit celui de l’Allemagne à partir des années 1920, et celui du Canada à partir de 1867.


Des origines de la nation


Pour comprendre le concept même de nation, il nous faut, dans un premier temps, examiner quelles sont les caractéristiques qui distinguent la nation des autres formes de regroupement social. Bien qu’il existe nombre de peuples qui possèdent des formes d’organisation sociale s’apparentant à celles de la nation, il faut reconnaître qu’il y a entres elles bien des différences, lesquelles se retrouvent surtout au niveau de la qualité des « états de conscience » au sein d’une même communauté.


C’est tout d’abord à partir de sa culture et de la force de ses institutions qu’un peuple prend conscience de lui-même et des liens de solidarité qui unissent ses membres les uns aux autres. Ainsi, au fur et à mesure que la vie d’un peuple progresse et s’enracine dans le sol d’un territoire longuement travaillé et humanisé, il se crée au sein de sa population une mentalité, un état d’esprit, une personnalité collective, de plus en plus orientés vers la recherche du bien commun.


C’est en exposant continûment la conscience de chacun à un même contenu présenté sous une même forme que les contraintes du milieu naturel parviennent à créer un état de conscience commun et à consolider les liens de solidarité. Les consciences individuelles, sans cesse exposées aux mêmes idées, mêmes sentiments et mêmes valeurs, se rapprochent et se reconnaissent au point de voir apparaître un état de conscience collectif. Mais qui dit collectif ne dit pas forcément national. Il y a des nuances et des gradations.


Bien des communautés de conscience pourraient en rester là, mais la dynamique sociale poursuit sa marche. D’autres états de conscience s’ajoutent. La familiarité entre les hommes, les similitudes de la vie en société, le prolongement des liens de solidarité dans une sorte de parenté spirituelle, continuent de façonner la structure sociale du groupe. Il se crée alors un profond sentiment d’appartenance, un sentiment d’être réellement chez soi et de pouvoir y vivre en toute sécurité. C’est la force de ce sentiment qui amène le groupe à ne plus se contenter de simplement exister, mais à vouloir se perpétuer, à se donner un projet d’avenir, et vaincre le temps en s’affirmant dans la durée. C’est à ce moment qu’il y a nation.


Ainsi, lorsqu’une telle communauté de conscience prend à ce point conscience d’elle-même, de son originalité, de son unicité, bref, de tout ce qui la distingue des autres communautés, on peut dire qu’elle est parvenue à un état de conscience national, qu’elle est consciente de former une personne collective à la recherche d’un bien commun qui lui est propre, d’un état social dans lequel chacun peut vivre, s’enraciner et se projeter dans l’avenir.[1]


On peut également ajouter que la nation ainsi formée constitue un cas particulier du phénomène de civilisation puisque, de toutes les formes de regroupement social qui ont pu exister depuis la nuit des temps, la nation est certainement celle qui a le plus favorisé la paix, l’harmonie et la prospérité à l’intérieur d’un regroupement.


La nation peut donc être considérée comme un enrichissement du phénomène de civilisation, une évolution naturelle qui va au-delà de toutes les formes connues de regroupement social. Ajoutons que la nation, ainsi constituée sous la forme d’une personne collective de droit naturel, possède, comme dans le cas des individus, des droits et libertés qu’elle peut revendiquer contre tous, y compris contre son propre État, et ce, conformément aux mêmes règles de justice. Ceux et celles qui, par ignorance ou mauvaise foi, se plaisent à assimiler la nation à une sorte de tribu primitive, sont encore loin de la réalité avec leurs belles utopies sur le multiculturalisme et le postnationalisme. Jusqu’à ce jour, aucune utopie n’a encore réussi à faire régner la paix et l’harmonie entre les hommes. Bien au contraire.


La nation au Québec


Compte tenu de ce que nous venons de voir, et malgré le dénigrement constant et les accusations de tribalisme qui fusent continûment du Canada anglais, peut-on conclure que la population du Québec possède les caractéristiques propres à faire d’elle une véritable nation ? Pour clarifier la question, rien de mieux que d’interroger l’histoire de nos origines, celle de la Nouvelle-France, époque où les Canadiens ont commencé à se rendre compte qu’ils formaient une communauté de conscience originale et distincte en Amérique du Nord.


À ce sujet, nos historiens nous apprennent que, dès les années 1680, le « métissage français » qui s’était fait en quelques dizaines d’années, avait donné naissance à un type hybride dont l’originalité attirait l’attention et faisait l’objet d’observations constantes de la part des étrangers.[2]Des commentaires ainsi recueillis, il ressort que les administrateurs français étaient tout particulièrement frappés par la force, la vigueur et l’endurance de ces métis français du Canada. Voyons-en quelques-uns.


Ainsi, Ruette d’Auteuil, procureur général du Canada de 1674 à 1679, faisait l’une des toutes premières observations à ce sujet, et ce, avant même que ces « hybrides » ne commencent à se faire connaître sous le nom de Canadiens :


« Les Français qui habitent le Canada sont de corps biens faits, agiles, vigoureux, jouissant d’une parfaite santé, capables de soutenir toutes sortes de fatigues et belliqueux, ce qui a fait que les armateurs français ont toujours donné pendant la guerre de la Succession d’Espagne le quart de plus de paye aux Français-Canadiens qu’aux Français d’Europe. »[3]


Peu après, le baron de La Hontan, officier de la Marine en poste au Canada de 1683 à 1693, opinait lui aussi dans la même direction :


« Vous scaurez que les Canadiens ou Créoles sont biens faits, robustes, grands, forts, vigoureux, entreprenants, braves et infatigables… Le sang du Canada est fort beau, les femmes y sont généralement belles… ».[4]


Puis, François-Xavier Charlevoix, missionnaire jésuite au cours des années 1720, – lequel produira par la suite une œuvre magistrale sur l’histoire de la Nouvelle- France – confirmait la même impression au sujet des hybrides du Canada :


« Nous n’avons point dans le Royaume de province où le sang soit communément si beau, la taille plus avantageuse, le corps mieux proportionné.»[5]


Claude Le Beau, jeune homme turbulent incarcéré à la demande de son père, puis exilé au Canada en 1729 dans l’espoir de lui calmer ses ardeurs de jeunesse, y allait d’une touche poétique dans ses Avantures :


« Je m’étonnais de rencontrer ici tant de bons Vieillards forts, droits et points caducs. » – « Je m’imaginais quelquefois, en me promenant dans leur Habitations, être au commencement des premiers Siècles, parmi nos anciens patriarches qui ne s’amusoient qu’à l’Agriculture. »[6]


L’intendant Hocquart, en fonction au pays de 1729 à 1748, rapporte ce qu’il a maintes fois observé au cours de son long séjour :


« Les Canadiens sont naturellement grands, bien faits, d’un tempérament vigoureux. »[7]


Enfin, le comte de Montreuil, un officier de Montcalm qui ne porte pas beaucoup les Canadiens dans son cœur, ne fait que confirmer lui aussi :


« Les Canadiens sont grands, robustes, infatigables… Le sang du Canada est beau, les femmes y sont généralement jolies, grandes, bien faites. »[8]


Bref, ils disent tous la même chose sans s’être concertés. Ils constatent un métissage qui les étonne, mais qu’ils sont impuissants à expliquer. Les Canadiens attirent donc l’attention. Ils sont tout particulièrement remarquables pour leur vigueur, leur robustesse et leur endurance au travail.


Mais le type physique ne fait pas la nation. Pour cela, il faut se demander si la communauté en train d’émerger a « pris conscience » de former une communauté originale et distincte, communauté unie dans une sorte de parenté spirituelle qui prolonge les liens de solidarité de la famille et du village. Pour illustrer l’éveil précoce de cet état de conscience chez les Canadiens, nos historiens nous rapportent une pétition datée du 19 mars 1719, rédigée par des marchands de Québec qui se plaignent au gouverneur et à l’intendant d’une compétition injuste de la part de marchands français. Ce document est riche d’informations :


« Remarquez s’il vous plait, Nos seigneurs, que les domiciliés [i.e. les Canadiens] ont en cette colonie trisayeuls, ayeuls, et pères qui sont venus s’y establir, qu’ils y ont leur famille dont la plus grande part sont nombreuses, qu’ils ont contribué les premiers à l’establir, qu’ils y ont ouvert ou cultivé les terres, Basty des Églises, arboré des Croix, maintenu la Religion, fait construire de belles maisons, contribué à fortifier les Villes, Soutenu la guerre, tant contre les nations Sauvages que contre les autres ennemis de l’Estat, même avec Succès, qu’ils ont obéy à tous les ordres qui leur ont esté donnés et supportez toutes les fatigues de la guerre, les hivers nonobstant la rigueur du saijour aussi bien que l’été et qu’ils n’ont épargné ny leurs biens, ny leur vie pour seconder les intentions du Roy, d’établir ce pays qui est un fleuron de sa couronne, puisque sa grandeur se mesure par l’étendue des Etats et le nombres de ses fidèles serviteurs et sujets.»[9]


Ce texte est sans doute le tout premier où les Canadiens manifestent les traits d’une communauté en train de prendre conscience de sa singularité. Bien situés dans l’espace et la durée, les requérants se donnent la peine d’énumérer les efforts et sacrifices que leurs ancêtres ont multipliés pour construire et défendre un pays dont ils sont fiers et qu’ils revendiquent en toute légitimité. On voit qu’il s’agit là d’un peuple qui a fait face à d’immenses défis dans un esprit de solidarité, d’une communauté de conscience déterminée à s’affirmer et à poursuivre un projet audacieux à la gloire de son souverain.


Jusqu’à la fin du régime français, les exemples de cet état de conscience d’une communauté sûre d’elle-même, toujours prête à affronter les défis et les éléments, vont se multiplier. On constate que les Canadiens, dès cette époque, ont commencé à former une personne collective de droit naturel, consciente de sa capacité à faire face à l’avenir, déterminée à tirer profit de tous les principes directeurs de la vie en société.


En fait, les Canadiens font alors preuve d’une telle audace et énergie dans la construction et la défense de leur pays qu’ils en viennent à s’épater, à s’enorgueillir d’eux-mêmes. Toutefois, cette excellente opinion qu’ils se font d’eux semble agacer bien des Français. Les commentaires se multiplient et concordent là encore. Selon eux, les Canadiens sont tellement portés aux excès d’amour-propre et de vantardise qu’ils donnent l’impression de se prendre pour le sel de la terre.[10]


Bref, avant même la fin du régime français, il s’est forgé chez les Canadiens de tels liens de solidarité dans la construction et la défense de leur pays qu’ils ont rapidement constitué une personne collective de droit naturel consciente de son originalité et de son unicité.


D’ailleurs, nos historiens de la Nouvelle-France constatent, chacun à sa façon, la présence de ces caractéristiques qui font de ce regroupement social une nation au sens propre du mot, c’est-à-dire un peuple qui a pris conscience de son existence et de son originalité à partir de ce que l’histoire a fait de lui.


Ainsi, Gérard Filteau, dans La naissance d’une nation, à la page 223 du tome II :


« Les longues luttes en commun, les souffrances des invasions, les défaites, les victoires, les revanches communes, achèvent de marteler l’unité en donnant à chacun la conscience d’un ordre supérieur, d’une société particulière dont il est une unité. Les Canadiens de 1755 possèdent en effet les éléments d’une véritable nationalité. La nationalité est formée de divers éléments constitutifs tels que l’identité ethnique, l’identité de langue et de religion, la communauté d’intérêts différents de ceux des voisins, la communauté de conditions géographiques, d’histoire, de traditions d’aspirations politiques et, surtout, par la conscience d’une vie propre. »


L’abbé Lionel Groulx, dans La naissance d’une race, à la page 283, complète ce tableau avec la question religieuse :


« Le petit peuple canadien de 1760 possédait tous les éléments d’une nationalité : il avait une patrie à lui, il possédait l’unité ethnique, l’unité linguistique ; il avait une histoire et des traditions ; surtout il avait l’unité religieuse, l’unité de la vraie foi. »


Quelques années plus tard, Guy Frégault, dans La civilisation de la Nouvelle-France, met l’accent sur la prise de conscience. À la page 279 :


« Un groupe humain a réalisé en lui-même la synthèse de ses tendances essentielles. Il s’est formé. Son histoire lui a forgé une personnalité distincte. Dès lors, d’une façon générale, les Canadiens ont pris conscience de leur individualité. On conçoit aisément pourquoi. Voici des hommes qui se sont conquis une patrie ; quand il s’est agi de la défendre, puis de la reconstruire, ils ont dû compter largement sur leurs seules ressources. Maintenant, leur pays est leur œuvre. Il leur appartient. C’est à lui qu’ils appartiennent. Telle est la raison profonde de leur sentiment national. »


On ne s’y trompe pas. Là où la vie s’enracine dans le sol, il y a formation d’un état d’esprit, d’une culture, d’une prise de conscience particulière. En exposant la conscience de chacun à un même contenu sous une même forme, les contraintes du milieu social finissent par créer un état de conscience commun, première étape vers la création d’un sentiment national. Ce sentiment – si important ! – c’est celui de se savoir chez soi et de pouvoir y vivre en toute sécurité. C’est alors que la communauté de conscience ainsi constituée ne veut plus se contenter de simplement exister, mais cherche à se perpétuer, à se donner un projet d’avenir, à vaincre le temps et à s’affirmer dans la durée. Parmi toutes les formes de regroupement social qui ont pu exister depuis la nuit des temps, la nation, cas particulier du phénomène de civilisation, est certainement celui qui a le plus favorisé la paix, l’harmonie et la prospérité générale, et ce, en dépit des cas qui, au-delà de quelques similitudes, s’en sont distingués au point d’en être la négation.   


Le cas de l’Allemagne


Il y a donc des cas où le dynamisme naturel de la nation – simple milieu de vie – a été récupéré par l’État – principe de puissance – afin de poursuivre des utopies qui, s’appuyant sur des idéologies raciales, ont prétendu pouvoir refaire l’ordre du monde. Sur ce point, il est important de préciser que la notion même de race, contrairement à celle de nation, constitue une classification purement arbitraire qui cherche à réunir artificiellement des hommes sans tenir de leurs liens sociaux. C’est ce genre de dérive qui a pris forme en Allemagne à partir des années 1920. Examinons.  


Au début du XIXe siècle, la population de langue allemande était profondément divisée sur les plans politique, confessionnel et territorial. Dans de telles circonstances, le seul moyen qui lui restait pour tisser des liens de solidarité et favoriser l’émergence d’un sentiment d’appartenance se situait au niveau de la langue. C’est alors que poètes, linguistes, philologues et philosophes qui ont eu l’idée de faire l’apologie des vertus de la langue allemande. Selon leurs dires, la langue allemande aurait été la seule langue primitive de l’Europe, langue qui aurait conservé la propriété de faire briller les esprits dans tous les domaines, tout particulièrement dans la littérature, les arts et les sciences. C’est d’ailleurs en vertu de leur attachement à cette langue que les Allemands auraient accédé à une sorte de noblesse spirituelle qui expliquerait leur excellence dans tous les domaines de la connaissance, et leur supériorité sur tous les peuples de l’Europe. Ainsi, bien avant l’apparition des théories raciales, être Allemand, c’était déjà avoir une longueur d’avance dans tous les domaines et sur tout le monde.


En conséquence, l’idée d’une fraternité naturelle fondée sur la langue a progressé tout au cours du XIXe siècle. [11]La croyance en une unité linguistique et culturelle s’est imposée. À cette croyance s’est ajoutée la conviction – mystique ! – que les Allemands étaient porteurs d’une mission civilisatrice qui devait faire d’eux les sauveurs d’une humanité mise en danger par l’expansion de la barbarie. Seule population au monde habitée par l’idée d’une croissance infinie de la littérature, des arts et des sciences, force leur était de conclure que l’Allemagne parviendrait un jour à produire l’homme parfait, l’artisan indispensable à la formation d’un État parfait. Mysticisme protestant aidant, ce talent hors du commun, résolument consacré à la recherche de la perfection, ne pouvait être autre chose que la preuve d’une intervention de la Providence.


Toutefois, les Allemands n’étaient pas exactement les seuls à croire en la Providence et à leur mission civilisatrice. Leurs cousins anglo-saxons, tant Anglais qu’Américains, n’avaient pas tardé à se plonger dans de savantes recherches pour faire toute la lumière sur l’origine de leur supériorité. À partir des années 1850, l’enthousiasme de ces chercheurs s’était tout particulièrement arrêté sur les aryens, ancêtres communs des Allemands et des Anglo-Saxons. Ce sont toutefois les Anglais – préoccupés par l’idée de justifier un impérialisme planétaire – qui vont aiguiller les avancés de la classe scientifique. Mais ce n’est qu’au début du XXe siècle que les Allemands vont commencer à s’ouvrir aux recherches de leurs cousins et à s’en approprier les résultats pour enrichir leur arsenal idéologique, ajoutant ainsi la preuve d’une supériorité naturelle à une supériorité spirituelle. Précisons toutefois qu’avant cette époque, les anthropologues allemands ne croyaient pas du tout à ces théories, et ce, au point de communiquer avec leurs collègues anglais pour leur dire qu’ils faisaient fausse route avec leurs recherches sur la supériorité raciale.[12]


En peu d’années, toutefois, Anglais, Américains et Allemands vont finir par se rejoindre et partager une même conviction en la supériorité des peuples d’origine aryenne. Dans les graphiques de l’époque, les Anglais apparaissent invariablement en tête de classement sur la pyramide des races. Les Allemands les suivent de près, mais ne cherchent nullement à leur en disputer l’honneur, jugé mérité, puisqu’ils ont eu le bon sens d’éviter tout mélange avec des peuples de race inférieure. Plus encore, ils vont même les prendre pour modèle et essayer de les égaler en imposant systématiquement des mesures de purification ethnique. En tout cas, force est de conclure que, dès le début des années 1920, les Allemands avaient commencé à se doter de l’arsenal idéologique qui allait devenir l’une des lignes de force du programme national-socialiste. En fait, sur la question de la recherche en matière raciale, les nazis avaient été infiniment plus plagiaires qu’innovateurs. Ils vont donc concentrer leur ardeur à mettre la main sur la toute-puissance de l’État afin de restaurer l’ordre du monde dans une lutte à finir du Bien contre le Mal. Évidemment, cette entreprise insensée de redressement de la civilisation n’avait rien de national. Elle était mystique et raciale.


Depuis cette époque trouble, des bons esprits ont beaucoup épilogué sur la dangerosité du sentiment national et prêté des intentions coupables à ceux qui osent revendiquer leur appartenance à une nationalité. Cependant, quand on prend la peine d’examiner la dynamique qui s’est déployée à partir des années 1920, on constate que c’est la jonction d’idéologies à la toute-puissance de l’État qui a été la cause des malheurs que l’on sait. La raison d’être de l’État est de faire régner un ordre de justice axé sur la recherche du bien commun, et non de partir en guerre contre la civilisation pour des raisons idéologiques et d’exterminer des peuples considérés comme l’incarnation du Mal.


D’ailleurs, durant les années 1920, les nazis n’ont nullement eu besoin de la nation pour s’enticher d’idées délirantes pour former leur parti politique et s’emparer de l’appareil de l’État. Ils n’ont nullement eu besoin de la nation non plus pour obtenir de la grande industrie un soutien financier imposant qui leur permettra de s’organiser afin de mettre la main sur l’appareil de l’État.


La distinction est donc fondamentale : la nation n’est pas l’État, et l’État n’est pas la nation. La nation est une communauté de conscience fondée sur une culture et des institutions, alors que l’État est un principe de puissance dont le rôle est de faire régner un ordre de justice sur un territoire donné.


Essentiellement un milieu de vie, la nation est une personne collective qui a pris conscience d’elle-même tout au long de son parcours historique. Au Québec, nous sommes fort bien placés pour savoir qu’entre l’État et la nation, il peut y avoir un gouffre. On n’a qu’à penser à notre long passé colonial et à l’état de subordination qui nous a été imposé par la constitution de 1867.


Lorsque les nazis se sont emparés de l’État le 30 janvier 1933, ils n’ont nullement cherché à faire régner un ordre de justice axé sur la recherche du bien commun. Ils ont fait de l’État une machine de guerre. Cet État-nazi, par la propagande, le mensonge, la violence et d’infinies cruautés, a soumis la nation pour l’utiliser à ses fins. Une partie de la population a collaboré, et y a même trouvé son profit. Les victoires militaires des premières années ont certainement provoqué des sentiments d’euphorie dans la population, mais il n’y a pas eu de fusion entre l’État et la nation. L’État a continué à exploiter sans vergogne la nation et ses ressources pour ses propres fins, pour la conduite de son grand projet, mais jamais pour faire régner un ordre de justice au sein de la société. L’État-nazi était un ordre de terreur au service d’une utopie totalitaire.


Au final, la nation n’a rien gagné dans ce projet qui n’était pas le sien. L’origine du mal résidait dans la poursuite d’idéologies et le détournement du pouvoir de l’État pour imposer un fascisme meurtrier, dépourvu d’humanité, animé d’une volonté de puissance au service d’une race supérieure qui, d’ailleurs, n’existait pas et n’avait jamais existé. Les nazis n’ont toutefois pas été les seuls à se gaver l’esprit de belles théories pour mettre la puissance de l’État au service d’un rêve de grandeur. Pour cela, il nous faut aller du côté du plus beau joyau du mysticisme protestant, le Canada anglais.


L’orgueil de la race sous la Confédération


En octobre 1864, lors de la Conférence de Québec, les Pères de la Confédération avaient convenu de se doter d’un État fédéral afin d’assurer la pérennité des souverainetés provinciales tout en permettant une meilleure gouvernance des sujets d’intérêt commun. Mais en aucun moment il n’a alors été question de créer un État national ou de donner naissance à une nouvelle nationalité. Quelques mois plus tard, lors des Débats parlementaires sur la Confédération, quelques parlementaires de langue anglaise ont soulevé cette possibilité mais, à chaque occasion, un député canadien-français s’est levé pour la condamner, précisant qu’il n’était pas question pour eux de favoriser l’émergence une nouvelle nationalité, ou de s’aventurer dans une entreprise qui pourrait mettre la leur en péril. D’ailleurs, dans la presse de l’époque, les journaux du Bas-Canada en faveur du projet ont été unanimes à proclamer que, tout au contraire, c’était pour protéger leur nationalité si souvent attaquée qu’ils avaient accepté de confier certaines compétences et responsabilités à un organisme nouveau, à la fois commun et subordonné. Il s’agit de l’État fédéral né officiellement le 1er juillet 1867.


Par contre, du côté du Canada anglais, certains ne vont pas tarder à s’exciter pour l’idée d’une nouvelle nationalité. Un groupe du nom de « Canada First » avait d’ailleurs pris contact avec D’Arcy McGee – Père de la Confédération – pour s’entretenir du sujet. Des membres de ce groupe se sont aussi mis à produire des essais et brochures pour faire la promotion de cette grande et nouvelle nationalité. Toutefois, lorsqu’on se donne la peine d’examiner cette littérature, on voit toute de suite que la nationalité qu’ils ont à l’esprit n’est rien d’autre que l’espoir de voir émerger une race d’exception au Canada.


Mais il y a un monde entre la nation et la race. La nation est un regroupement naturel fondé essentiellement sur la réalité, alors que la race consiste en une classification idéologique qui cherche à réunir artificiellement des hommes sans tenir compte de leurs liens sociaux. Bref, l’idée de créer une grande et nouvelle nationalité au début de la Confédération n’était rien d’autre que l’idée de faire de l’État fédéral un État racial et sectaire au service d’un groupe privilégié. Malheureusement, ce genre d’idées était déjà courant au Canada dans les années 1860.


Ainsi, la volonté de privilégier les intérêts d’une race d’exception était à ce point courante que les législatures provinciales ne vont pas tarder à voter des mesures résolument discriminatoires. Dans toutes les provinces, ou presque, des lois vont être votées pour s’en prendre aux droits et libertés des Canadiens français, constituant une dénégation indécente des promesses d’amitié et de fraternité prononcées par nombre de ministres et députés anglophones durant les Débats parlementaires sur la Confédération. Toutefois, une fois la Confédération votée et mise en vigueur, les masques ne pouvaient que tomber. On verra apparaître partout des chasses en règle aux droits et libertés des Canadiens français. Ces mesures seront adoptées de 1870 à 1912. Bien entendu, elles seront contestées devant les tribunaux supérieurs, mais partout les appels seront rejetés. Pour ces tribunaux, tous les droits qui n’avaient pas été nommément garantis par la loi de 1867 n’avaient aucune existence. Avec un sans-gêne incroyable, les plus hauts tribunaux du Canada appliquaient un « positivisme juridique » brutal et à sens unique.


L’idée de race et d’inégalité de droits dominait donc partout, y compris à la Cour suprême du Canada. Dans les jugements de cette dernière, on retrouvera un même genre de raisonnement : « Si les droits et libertés allégués par les Canadiens français ne se retrouvent pas dans la loi, c’est qu’ils n’existent pas ». Le fait que les Canadiens aient été le peuple fondateur du Canada et qu’ils avaient des droits et libertés bien avant le 1er juillet 1867 n’avait aucune importance. Seule comptait la rupture de 1763 en faveur des Britanniques. Il n’y a qu’à voir l’arrêt Caron-Boutet rendu par la Cour suprême tout récemment – le 20 novembre 2015 – pour se convaincre que même la Charte canadienne des droits et libertés n’a été d’aucune utilité pour remettre en question la vieille idée que la cession de 1763 avait tout enlevé aux Canadiens et tout donné aux Britanniques. Évidemment, le mot race n’apparaît jamais sur papier, mais les bons vieux préjugés, eux, conservent leurs airs de jeunesse.


L’idée d’une race d’exception a aussi été plaidée pompeusement devant le Parlement fédéral. Quelques députés ont alors été assez vaniteux et prétentieux pour dire aux Canadiens français – race de vaincus ! – qu’ils ne pouvaient revendiquer d’autre droit que celui de se soumettre aux Anglo-Saxons, race impériale prédestinée à dominer sur le Canada, et même sur le monde entier ! En bons protestants habitués aux allégories, ils ont poussé l’arrogance jusqu’à traiter les Canadiens français de « Gabaonites au milieu d’Israël ». Les Gabaonites étaient une figure de vaincus de guerre réduits à l’esclavage par les Israélites, rabaissés au point d’en avoir fait leurs scieurs de bois et leurs porteurs d’eau. Tel était devenu le sort des Canadiens français. D’abord flattés par une avalanche de promesses d’amitié et de fraternité tout juste avant le vote sur la Confédération le 10 mars 1865 ! – ils vont vite être réduits à un état de soumission après que le verrou du 1er juillet 1867 aura scellé leur destin. La loi jouissant d’une autorité absolue dans la pensée protestante, les Canadiens français vont commencer à réaliser qu’ils étaient devenus une sorte de condamnés à perpétuité dans une constitution qui leur avait été imposée et qui ne leur reconnaissait de droits que ceux expressément nommés dans le texte de loi.


Puis, il y aura D’Alton McCarty. Juriste éminent, homme politique prestigieux, plusieurs fois pressenti au poste de ministre de la justice et même à celui de premier ministre, il ira jusqu’à déclarer en public et en présence de la presse que si les Britanniques n’arrivaient pas à faire disparaître les Canadiens français par des moyens légaux, il faudra se résoudre aux grands moyens, c’est-à-dire les éradiquer à la baïonnette ! Idée audacieuse de la part de l’un des parlementaires les plus puissants du Canada, quelqu’un à qui le premier ministre avait confié l’insigne privilège de choisir lui-même les juges de la Cour suprême du Canada. D’ailleurs, n’eut été un tragique accident qui mit fin prématurément à ses jours, il est probable que ce génocidaire en puissance serait lui-même devenu juge à la Cour suprême. Bref, après tant de belles promesses d’amitié et de fraternité, on basculait dans le mépris et les menaces. La réalité démontrait que la Confédération n’avait été qu’un piège, qu’elle n’avait pas été créée au profit du bien commun, mais pour favoriser la prééminence de ceux qui pouvaient revendiquer leur appartenance à une race impériale faite pour dominer.


En fait, toutes les grandes idées civilisatrices qui vont faire la gloire des nazis à partir des années 1920 faisaient déjà celle du Canada depuis quelques dizaines d’années. Les Pères de la Confédération les connaissaient et c’est sans doute pour cela qu’ils tenaient tant à faire du Canada un pays de race nordique. Plus révélateur encore, certains de nos pères fondateurs ne se gênaient pas pour se déclarer favorables au maintien de l’esclavage aux États-Unis. C’était leur façon à eux de s’ouvrir aux valeurs de la civilisation.


Entre les idées raciales du Canada anglais à partir de 1867 et celles des nazis à partir de 1920, les similitudes sont accablantes, même si les actes réellement commis et les catastrophes provoquées par les seconds n’ont rien de commun avec les menaces de génocide et les lois discriminatoires. Comparons, par exemple, les injures proférées devant le Parlement fédéral avec quelques tirades d’Adolf Hitler aux pages 271 et 281 de Mein Kampf. La vanité raciale est la même :


« Ce ne fut pas par hasard que les premières civilisations naquirent là où l’Aryen rencontra des peuples inférieurs, les subjugua et les soumit à sa volonté ». – « Conquérant, l’Aryen soumit les hommes de race inférieure et mit leur activité pratique sous son commandement, suivant sa volonté et conformément à ses buts ». – « Tant que l’Aryen maintint rigoureusement sa situation morale de maître, il resta non seulement le maître, mais aussi le conservateur de la civilisation qu’il continue à faire progresser ».


Hitler, bien au fait de l’extermination des Indiens, prit même la peine de faire l’éloge de ce grand « succès » de la race aryenne en Amérique du Nord :


« Resté de race pure et sans mélange, l’Aryen est devenu le maître du continent américain ; il y restera tant qu’il ne sacrifiera pas lui aussi à une contamination incestueuse ».


Bref, le Canada est loin d’avoir été le parangon de vertu que nous vante aujourd’hui la propagande fédérale. Jamais les Canadiens français n’ont été considérés comme de véritables partenaires sous la Confédération. Les comparaisons méprisantes avec les Gabaonites, peuple de vaincus et race d’esclaves, n’étaient que la pointe de l’iceberg. L’idée la plus extravagante qui circulait à l’époque était que l’immoralité et la dangerosité des Canadiens français exigeaient de les neutraliser en les mettant en état de subordination, et même de les exterminer purement et simplement avant que la situation ne dégénère. Le pire dans tout ça, c’est que cette dangerosité n’était que fantasmatique. Les faits n’ont jamais supporté un tel délire.


Par exemple, lorsque les Canadiens français vont plaider en faveur du biculturalisme, ils se sont fait répondre qu’il était impensable de mettre leur culture de duplicité sur un pied d’égalité avec la culture de moralité des Anglo-saxons protestants. Lorsque les Québécois vont commencer à parler de nation et d’indépendance, ils vont se faire répondre qu’ils ne pouvaient remettre en question l’unité d’un pays dans lequel ils n’avaient joué qu’un rôle accessoire. Quand le gouvernement de Robert Bourassa va plaider en faveur d’une pleine souveraineté culturelle pourtant tellement promise avant le vote sur la Confédération – il va se faire répondre qu’il y avait une diversité de cultures au Canada et qu’elles étaient toutes égales.


Partout dans le monde, l’histoire démontre que les nations se sont tissées tout doucement au fil du temps. Elles ont été le fruit d’un regroupement naturel, d’une solidarité dans la recherche du bien commun, d’une construction de l’histoire. Mais au Canada, la nation fédérale, elle, serait née soudainement, brusquement, comme une sorte d’explosion. Elle serait née le 1er juillet 1867, tout juste après le coup de minuit. Au lieu d’être le « fruit » de l’histoire, elle s’est tout de suite affirmée pour prétendre qu’elle était « à l’origine » de l’histoire. Bref, puisque l’autorité de la loi de 1867 est, comme les lois de Dieu, absolue, perpétuelle et éternelle, soumettons-nous – une chose que nous réussissons fort bien d’ailleurs ! – à ce fait de puissance et reconnaissons qu’au Canada la nation est née au moment précis où l’État fédéral a surgi du néant. En fait, les deux mots, nation et État, sont synonymes. Dans l’un et l’autre, on retrouve le même principe de puissance incarné par le triomphe d’une race dont la moralité exemplaire n’a jamais été égalée.


 


Christian Néron


Membre du Barreau du Québec,


Constitutionnaliste,


Historien du droit et des institutions.


 


 




Références




  1. ^ J.T. Delos, Le problème de civilisation, La Nation, éd. de l’Arbre, T. I, p. 70 à 96. 

  2. ^ Groulx, Lionel, La naissance d’une race, 3e éd., Granger Frères, 1938, p. 233. 

  3. ^ Frégault, Guy, La civilisation de la Nouvelle-France, 1713-1744, Sciences humaines, p. 282 et 283. 

  4. ^ Groulx, ibid., p. 241. 

  5. ^ Frégault, ibid., p. 282. 

  6. ^ Ibid., p. 283. 

  7. ^ Filteau, Gérard, La naissance d’une nation, éd. de l’A.C-F., T II, p. 219. 

  8. ^ Ibid.,

  9. ^ Frégault, ibid., p. 280. 

  10. ^ Ibid., p. 270. 

  11. ^ Filteau, ibid., p. 221. 

  12. ^ Weindling, Paul, L’hygiène de la race, éd. La Découverte, T. I, p. 8.





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3 commentaires

  • Pierre-Yves Dubreuil Répondre

    15 décembre 2017

    @André gignac.



    Je sais que ça fait un peu mal de simplement penser à ce que la presse dominante et les anti-nationalistes ultra-libéraux pensent de leurs adversaires, mais il faut avoir le courage de persévérer à lire des opinions éclairantes!



    Continuez à lire le texte en question: une tempête de fleurs s'apprête à s'abbatre sur vous... ;)


  • Me Christian Néron Répondre

    15 décembre 2017

    RÉPONSE À ANDRÉ GIGNAC



    Je vous invite à relire le premier paragraphe qui


    est écrit sur un ton entièrement humoristique.



    C'est justement l'utopie béate  et suicidaire de


    nos chevaliers de la tolérance zéro et de l'amour


    universel que j'ai dans la mire et que je dénonce


    sur le ton du ridicule.



    Il est évident qu'il faut faire l'impossible pour protéger


    la nation qui est la meilleure garantie de notre sécurité


    collective.


  • Yves Corbeil Répondre

    15 décembre 2017

    Le Loup et l'Agneau


     


    Un Agneau se désaltérait

    Dans le courant d'une onde pure.

    Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,

    Et que la faim en ces lieux attirait.

    Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?

    Dit cet animal plein de rage :

    Tu seras châtié de ta témérité.

    - Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté

    Ne se mette pas en colère ;

    Mais plutôt qu'elle considère

    Que je me vas désaltérant

    Dans le courant,

    Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,

    Et que par conséquent, en aucune façon,

    Je ne puis troubler sa boisson.

    - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,

    Et je sais que de moi tu médis l'an passé.

    - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?

    Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.

    - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.

    - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :

    Car vous ne m'épargnez guère,

    Vous, vos bergers, et vos chiens.

    On me l'a dit : il faut que je me venge.

    Là-dessus, au fond des forêts

    Le Loup l'emporte, et puis le mange,

    Sans autre forme de procès.


    Jean de La Fontaine



    Il fut un temps ou nous n'avions point besoin de se poser cette question à savoir de quel côté penche l'opinion de la majorité, en particuier celle de la gauche ou même de l'extrême gauche.


    Mais aujourd'hui en re-lisant cette fable de Jean de La Fontaine de quel côté penche cette gauche au QUÉBEC et où se situe cette droite gardienne des droits et libertés gérer par des lois qu'on ajustent selon les besoins.


    Qui sont les oppressés, ées au Québec en 2017. Je ne me plains pas, je fais juste poser une question et je pourrais poser la même question pour les Premières Nations que leurs silences ont été acheté et continue de l'être.



    Un jour, on se tiendra debout tous ensembles face aux oppresseurs.