Qui a bien pu croire que la reconnaissance officielle de clubs politiques structurés au sein du Parti québécois lui serait bénéfique? Bernard Landry, chef au moment du congrès de juin 2004? L'exécutif national? J'ignore l'origine de cette affligeante bêtise, mais le fait est que le seul club accrédité, celui des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre, exerce désormais sur le Conseil national une influence et un ascendant d'un poids considérable. Il ne suffisait pas que le PQ, depuis sa fondation, soit en quelque sorte fasciné et ensorcelé par les postures et les évangiles de gauche, il a fallu, en plus, faire une niche dorée, au sein du Conseil national, à un véritable commando bien organisé d'experts propagandistes de l'archaïque credo social-étatiste.
Sous la houlette de l'ancien président de la CSN, Marc Laviolette, le club des Syndicalistes, ayant appris à bonne école l'art de la manoeuvre et de la rhétorique enflammée, et invoquant même la figure emblématique de René Lévesque, réussit à subjuguer une majorité de membres. Il leur ont fait adopter une motion réclamant, ni plus ni moins, la nationalisation de la filière éolienne au Québec.
Connaissant le fonctionnement souvent schizophrénique (perte de contact avec la réalité) de cette instance, les militants se sont sans doute laissés convaincre que le refus de la nationalisation constituerait une grave entorse au progressisme et au conformisme de gauche.
Intérêts corporatistes
Mais d'où vient donc cette idée saugrenue de la nationalisation des vire-vent? Elle vient directement des quatre syndicats SCFP d'Hydro-Québec. Cette démarche est motivée par des intérêts corporatistes. Nationaliser l'éolien, ça veut dire, pour les syndicats, plus de membres et plus de cotisations. En soi, poursuivre de tels objectifs n'est en rien illégitime. Mais ça le devient lorsque l'on travestit en Bien Commun de triviales visées corporatistes.
À partir de là, la stratégie s'impose d'elle-même. Il a suffi de recourir à l'aide des camarades du club Syndicaliste et progressiste pour propager l'idée. Laviolette et ses acolytes ont fort habilement exploité la méfiance et l'hostilité à l'endroit de l'entreprise privée qui sont, le fait est bien connu, des sentiments bien enracinés au sein du PQ.
Cela dit, je n'ai pas changé d'avis sur la filière éolienne. C'est une filière coûteuse, inefficace et peu fiable. Le taux d'utilisation d'une éolienne ne dépasse guère 25% alors qu'une centrale hydroélectrique performe à 80% et davantage. De plus en plus de citoyens et de MRC prennent conscience que les grands vire-vent polluent les paysages. Par conséquent, je considère que les milliards de dollars investis dans l'éolien constituent une mauvaise allocation de ressources. Ces dernières devraient d'abord être consacrées au développement de notre potentiel hydroélectrique.
Leadership
Dans les circonstances, reconnaissons qu'André Boisclair fait preuve de leadership en refusant de soutenir une motion pourtant acceptée par une majorité des membres du Conseil national. Il continue de faire l'éloge de l'éolien mais, au moins, il se rend bien compte que de confier à Hydro-Québec la totale maîtrise d'oeuvre en matière d'implantation de cette filière ne peut avoir pour conséquence qu'une substantielle hausse des coûts.
Ce qui s'est produit lors de la tenue de ce Conseil national n'est pas de bonne augure. Car c'est cette instance qui aura la responsabilité de débattre et d'approuver la plate-forme électorale du parti. Je vois déjà la brigade de combat des syndicalistes socialistes s'activer, pour "gauchiser" à outrance les orientations à soumettre à l'électorat. Ce qui se traduirait par un État encore plus obèse et plus dépensier.
André Boisclair devra non seulement faire preuve de courage et de fermeté, comme ce fut le cas récemment, mais il devra aussi éviter de se faire prendre par surprise. Sinon, il risque de se retrouver avec le Bréviaire de Québec Solidaire comme plate-forme électorale.
Comme tous les autres chefs avant lui, André Boisclair est condamné à gérer les dérapages d'une instance - le Conseil national - qui a toujours été plus radicale et plus gauchisante que le membership du parti. La situation est même pire maintenant, avec, au sein de l'instance, l'escadron aguerri des socialo-syndicalistes. Le chef aura besoin d'une garde rapprochée vigilante et clairvoyante.
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