Québec solidaire : la nouvelle gauche propose

Québec 2007 - Québec solidaire


Denis Lessard, journaliste au quotidien La Presse, et Antoine Robitaille, journaliste au journal Le Devoir, ont dévoilé la semaine dernière des extraits d'un document de travail interne produit par la commission politique de Québec solidaire et intitulé «Engagements électoraux pour les 1000 premiers jours d'un gouvernement solidaire».
Précisons d'abord que notre texte est le fruit de la réflexion et de la recherche de près de 200 membres, collaborateurs et collaboratrices réunis pour leur compétence et expertise au sein de 14 commissions thématiques. Il sert de base de discussion pour nos membres dans des assemblées générales de circonscriptions et régions à travers le Québec, en préparation du congrès des 24, 25 et 26 novembre. Les délégués-es décideront en congrès du contenu de nos engagements électoraux, clôturant ainsi une vaste démarche participative qui se sera échelonnée sur six mois. À la suite de ce congrès, nous nous ferons un devoir de répondre plus précisément aux interrogations légitimes qui seront soulevées.
Certains chroniqueurs ou éditorialistes se sont cependant déjà aventurés à toutes sortes d'interprétations qui, dans certains cas, tendent à caricaturer nos propositions. À les entendre, nous voudrions nationaliser à tout crin, «faire payer les riches» pour dépenser sans compter et créer «une pléthore de nouvelles société » d'État. En est-il vraiment ainsi?
Nos valeurs et nos propositions
Loin de proposer un État omnipotent et centralisateur, nous croyons cependant que l'État est responsable et garant du bien commun, des libertés individuelles et des droits collectifs de même que de l'équité entre les régions.
Nous voulons une plus grande répartition de la richesse en offrant des programmes sociaux adéquats et en garantissant à toute la population l'accès à des services de santé et d'éducation de qualité. Nous pensons que l'économie doit être au service des humains et non l'inverse. Cela nous conduit à soutenir l'économie sociale, à améliorer les conditions de travail des salariés-es et à inclure davantage les personnes issues de l'immigration et les minorités dans la fonction publique.
Nous prônons une décentralisation des pouvoirs vers des instances démocratiques locales, comme, par exemple, la gestion publique de l'eau et de la forêt conjointement par l'autorité centrale et les communautés locales. Ceci permet une participation démocratique de la population à la définition de son développement. Ce choix des régions par Québec solidaire assure que les retombées du développement profitent autant aux collectivités locales qu'à l'ensemble du Québec. Notre vision écologiste du développement est soucieuse de création d'emplois surtout en région. Nous croyons, par exemple, que les retombées économiques du tout nouveau secteur de l'éolien doivent profiter avant tout aux collectivités locales, régionales et nationale.
Nous sommes souverainistes et, si le congrès l'avalise, nous proposerons au peuple du Québec une démarche d'assemblée constituante pour reprendre le débat sur l'avenir politique du Québec. Il s'agit d'élire une assemblée représentative, chargée de faire participer massivement la population à la rédaction d'une constitution pour le Québec. Au terme de cette démarche, la population sera appelée à se prononcer sur l'avenir politique du Québec et sur cette constitution.
Ces propositions seront possibles financièrement par la création d'une richesse collective. Nous voulons soutenir des emplois socialement et écologiquement viables, au sein d'entreprises publiques et de l'économie sociale sans nier la place de l'entreprise privée. Nous voulons éliminer les échappatoires fiscaux et rendre l'impôt plus progressif pour favoriser les familles de la classe moyenne. Ce n'est ni simpliste, ni irréaliste de lutter contre l'évasion fiscale afin que chacun et chacune assume sa part du fardeau, incluant les grandes entreprises.
Écologiste, féministe et responsable
La nouvelle gauche a donc des idées novatrices et réalisables. Elle tire sa légitimité de son enracinement dans la société, de ses militantes et militants qui oeuvrent, entre autres, dans le développement économique local et solidaire, dans les groupes de femmes, dans l'agriculture biologique et le commerce équitable, auprès des personnes en perte d'autonomie et leurs familles, auprès des personnes appauvries, dans des groupes de solidarité internationale. Nos membres travaillent dans des milieux divers comme les services de santé, l'éducation, ou l'entreprise privée. La nouvelle gauche tient pour la plus haute lucidité l'exigence de ne négliger aucun effort et de faire preuve d'imagination pour chercher des solutions inspirées de nombreux actrices et acteurs écologistes et sociaux qui ont construit un Québec plus juste et plus écologiquement viable depuis des années.
Il existe au Québec une pensée économique et politique néolibérale, fataliste et sûre de son bon droit. Pour ces gens, la proposition de réforme la plus modérée apparaît comme du radicalisme sulfureux. Québec solidaire, pour sa part, croit qu'un autre monde est possible. Bien sûr, cela ne se fera pas sans mal. Bien sûr, ce monde prendra forme seulement si les peuples ensemble en viennent à remettre profondément en question les règles injustes actuelles. Mais il faut commencer quelque part et c'est ce que nous proposons modestement comme d'autres mouvements sociaux et partis politiques à travers la planète.
Utopique que tout cela? Regardons où les politiques néolibérales nous ont menés : une crise forestière dévastant l'environnement et menaçant des milliers d'emplois, une augmentation des écarts de revenus entre les riches et les pauvres, une démocratie peu inspirante et loin de la population. L'utopie, c'est de croire que tout peut continuer comme avant et qu'il faut tranquillement laisser les puissants de ce monde se payer notre Terre.
François Cyr
Responsable aux orientations de Québec solidaire


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