De Tricofil à Pharma-Québec

Québec 2007 - Québec solidaire



Tout avait si bien commencé...
"La démocratie québécoise ne peut que bénéficier de l'entrée en scène de Québec solidaire, qui vise autre chose que l'incitation au profit individuel et pour qui l'article premier est une abstraction anachronique comme la création d'un État-nation. En favorisant la recherche du bien-être de tous les citoyens d'aujourd'hui et de demain, cette formation propose de s'acquitter des rôles sains d'un gouvernement: ceux permettant d'optimiser le bien-être de la population."
Martin Chaput, un Lavallois, commentait de cette façon, le printemps dernier, l'arrivée de Québec solidaire. Né de la fusion d'Option citoyenne et de l'Union des forces progressistes, le nouveau parti de Françoise David et d'Amir Khadir semblait promis à un bel avenir. D'ailleurs, de nombreux courriels de lecteurs de La Presse saluèrent alors avec enthousiasme l'arrivée du nouveau-né.
Au yeux de ces lecteurs, alors que cela faisait des années que le Québec attendait la naissance d'un authentique parti de gauche, le nouveau venu allait être capable de tenir un discours social et économique nouveau et rafraîchissant.
Puis est arrivé le premier test électoral, l'élection partielle de Sainte-Marie/Saint-Jacques, le 10 avril, où la candidate de Québec solidaire, Manon Massé, a obtenu un incroyable 22%, ce qui permettait tout à coup tous les espoirs. "On a de la misère à le réaliser, on est en état d'extase", avait alors lancé une Françoise David ravie.
Mais tout cela était avant que le co-chef du parti, Amir Khadir, commence à torpiller ses propres positions en tenant des propos jugés extrémistes tant sur la théorie du complot en regard des attentats du 11 septembre 2001, que sur la guerre israélo-libanaise de l'été dernier. Nos lecteurs ont réagi:
"Après avoir publiquement appuyé la théorie du complot, voici donc Amir Khadir qui affirme cette fois que les États-Unis sont responsables du terrorisme dans le monde, rien de moins." (Francis Gauthier, Lorraine)
"M. Khadir va-t-il finir par comprendre que le Hezbollah est une organisation terroriste interdite au Canada. Que Françoise David le fasse taire avant qu'il soit trop tard!" (Henri Chassé, Montréal)
"Depuis la création de Québec solidaire, j'observais avec intérêt ce qui se brassait dans ce nouveau parti politique. J'espérais du neuf, du vraiment neuf. J'avais un peu déchanté après les frasques de M. Khadir et j'ai décroché après les dernières propositions déconnectées et d'un idéalisme simpliste. Je songe en particulier aux propositions sur les "riches", les entreprises et sur l'implication canadienne en Afghanistan. Désolant." (Maurice Gauvreau, Terrebonne)
Depuis deux semaines, la glissade s'est poursuivie avec la divulgation par La Presse du document de travail sur lequel plancheront les délégués du parti au cours de leur congrès du week-end prochain. Les commentaires sont dorénavant assassins:
"On ne va tout de même pas recommencer les folies de Tricofil et de la raffinerie de sucre à betterave de Mont St-Hilaire ou plus récemment de Métaforia et Gaspésia. Bien que le Québec doive civiliser son capitalisme et le rendre plus humain, écologique et durable, il n'a vraiment pas besoin des modèles de socialisme dogmatique à la Hugo Chavez, au Venezuela, ou celui d'Evo Morales, en Bolivie." (Albert Bertrand, Mont Saint-Hilaire)
"Éole-Québec, Pharma-Québec, augmentation de 2$ du salaire minimum, hausse des prestations d'aide sociale, construction de 8000 logements sociaux par année, addition de semaines de vacances pour tout le monde, etc. Il n'y a pas de doute, pour Québec solidaire, the sky is the limit. Mais l'argent va venir d'où? Ah oui! On va taxer davantage les ménages de "riches" qui gagnent plus de 50000$ par année..." (André Forest, Longueuil)
Réunis en congrès à compter de vendredi pour finaliser leur programme électoral, les militants de QS sauront-ils faire preuve d'un peu de réalisme électoral? Pourront-ils faire l'analyse que leur parti aura bien du mal à s'imposer sur l'échiquier politique s'il doit se contenter d'un famélique 2 ou 3% lors des prochaines élections? Car, de l'avis de plusieurs de nos lecteurs, c'est bel et bien dans cette voie de la marginalisation que semblent se diriger Françoise David et Amir Khadir.
Au moment de la fondation du parti, beaucoup d'analystes prévoyaient que son existence pourrait nuire au PQ dans plusieurs circonscriptions. Au train où vont les choses, ce danger apparaît de plus en plus comme inexistant. Et s'il y en a un qui doit soupirer d'aise, c'est bien le chef péquiste André Boisclair.
pgagne@lapresse.ca


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    16 février 2007

    Pour les socio-démocrates québécois la seul option réaliste, c'est encore le PQ.