Protéger la Caisse

Il ne s'agit donc pas de tout laisser faire, mais de bien choisir ses armes. Les caisses de retraite des Québécois ne devraient pas faire partie de l'arsenal.

Bourse - Québec inc. vs Toronto inc.


Sous l'impulsion du député François Legault, les militants du Parti québécois ont adopté en fin de semaine une résolution selon laquelle un gouvernement péquiste confierait à la Caisse de dépôt et placement du Québec «un mandat spécial concernant la propriété des entreprises québécoises». «Nous avons perdu des dizaines de fleurons de notre économie au cours des dernières années, a déclaré M. Legault. Ce qui s'est passé avec Alcan, c'est inacceptable!»


L'Action démocratique a elle aussi suggéré que la Caisse se serve de ses milliards pour protéger les grandes entreprises québécoises des mainmises étrangères. L'inquiétude exprimée par le PQ et l'ADQ est légitime. Toutefois, le remède proposé est le pire qu'on puisse imaginer.
Les deux partis de l'opposition sont avares de détails lorsqu'on leur demande d'expliquer ce que la Caisse devrait faire exactement. Rio Tinto a acheté Alcan pour 38 milliards; on voit mal comment la Caisse aurait pu empêcher la transaction, considérant que cette somme représente pas moins du quart de ses actifs sous gestion. La somme offerte par Teachers' pour acheter BCE est encore plus imposante: 52 milliards. La Caisse faisait partie d'un consortium intéressé par BCE, mais s'en est retirée après avoir jugé que le placement n'offrait pas de perspectives suffisamment prometteuses. Aurait-on voulu que malgré cette évaluation, elle engloutisse 10, 15 milliards dans BCE?
La Loi sur la Caisse de dépôt a été modifiée afin de préciser que le rendement des actifs qu'elle gère doit être sa principale préoccupation. Ces actifs, rappelons-le, ce sont notamment les rentes des Québécois et les pensions des employés du secteur public. Le changement au texte de la loi n'a pas éliminé le rôle de la Caisse dans l'économie québécoise; il y est bel et bien affirmé qu'elle doit «contribuer au développement économique du Québec». Seulement, elle ne doit pas le faire au détriment du rendement. Autrement dit, ce n'est pas aux futurs retraités de faire les frais de décisions de nature politique plutôt que financière.
La capacité du Canada et du Québec de bloquer des mégatransactions qui ont cours partout dans le monde est limitée. D'autant plus que, bien qu'on en parle peu, les entreprises canadiennes participent joyeusement à ce bal d'investissements. Au cours des 10 dernières années, les entreprises d'ici ont investi 38 milliards de plus hors du pays que les sommes qu'ont investies les entreprises étrangères au Canada.
Pour autant, l'État n'est pas impuissant. La Caisse de dépôt devrait toujours être présente dans l'actionnariat des entreprises-clés du Québec et jouer de son influence, comme elle l'a fait récemment dans le dossier de la fusion des Bourses de Montréal et de Toronto. Pour leur part, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient évaluer l'opportunité de revoir les règles régissant les investissements étrangers et le rôle des conseils d'administration à l'occasion de tentatives de prise de contrôle.
Il ne s'agit donc pas de tout laisser faire, mais de bien choisir ses armes. Les caisses de retraite des Québécois ne devraient pas faire partie de l'arsenal.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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