Après la révolution tranquille, la dépossession tranquille (3)

Fusion des bourses de Toronto et de Londres…

Le Québec perdrait ainsi sa compétence en matière de valeurs mobilières

Chronique de Richard Le Hir

Allez donc savoir pourquoi, il y a de ces nouvelles qui vous mettent immédiatement tous les sens en éveil. L’an dernier, j’avais éprouvé cette sensation à l’annonce de la décision d’Hydro-Québec d’acheter Énergie Nouveau-Brunswick. Cette transaction constituait un moyen d’assujettir Hydro-Québec à la compétence fédérale et d’ouvrir la porte à sa privatisation. Heureusement, elle devait avorter dans les circonstances que l’on connaît.
Cette année, et plus particulièrement ce soir, même sensation, cette fois-ci à l’annonce d’une fusion possible entre les bourses de Toronto et de Londres. Mais, me direz-vous, en quoi cela nous concerne-t-il ? Londres, c’est l’Angleterre, et Toronto, c’est l’Ontario.
Détrompez-vous, cette affaire nous concerne au plus haut point. Pensez-y un instant. Si ces deux bourses se fusionnent, c’en est fini de la compétence du Québec et des provinces en matière de valeurs mobilières, et le gouvernement fédéral se la voit automatiquement attribuer car ce ne sera plus un sujet de nature provinciale, mais un sujet de nature internationale, donc automatiquement de compétence fédérale.
Devant une telle perspective, cette question qui a fait l’objet d’un renvoi devant la Cour suprême et qui doit encore faire l’objet d’auditions le printemps prochain serait de ce fait même tranchée en faveur du fédéral.
Il ne faut surtout pas voir dans ce développement le fruit du hasard. Cette affaire se mijote dans les officines d’Ottawa, de Toronto et de Londres (et peut-être même aussi du gouvernement Charest) depuis un certain temps, et la fusion des bourses de Montréal et de Toronto en constituait la première étape. La société québécoise toute entière n’y a vu que du feu et n’a pas jugé pertinent de s’y objecter de toute son énergie.
Dans ce dossier, le gouvernement Charest a fait preuve d’une mollesse et d’une résignation dont on découvre aujourd’hui tout le caractère suspect, voire même coupable. Encore tout récemment, certains observateurs s’étonnaient de la faiblesse du mémoire déposé par le Québec devant la Cour suprême. On comprend aujourd’hui pourquoi.
Le gouvernement Charest sait déjà depuis un bon moment ce qui se trame, et a joué le jeu de l’opposition pour s’éviter les conséquences politiques de sa capitulation. En effet, pas question pour lui de se retrouver dans la position d’Adélard Godbout qui avait consenti de son propre chef, sans en parler à personne, à laisser le gouvernement fédéral occuper seul le champ de l’assurance-chômage, décision qui avait eu pour conséquence, en 1940, l’adoption d’une modification à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1967, sous la forme de l’article 91(2) a).
Le Parti Libéral du Québec avait été vertement dénoncé par le chef de l’Union Nationale, Maurice Duplessis, pour ce geste qui lui avait ouvert la voie à 16 ans de règne absolu sur les destinées de sa chère province. Reste maintenant à savoir si Pauline Marois a l’envergure pour enfiler les culottes de Duplessis, car à moins d’un revirement spectaculaire, les carottes sont déjà cuites.
En effet, en laissant filer la Bourse de Montréal à Toronto, le Québec a perdu un levier important, et peut-être même essentiel, dans la défense de sa compétence en matière de valeurs mobilières. Encore un autre exemple (auquel je n’avais d’ailleurs pas pensé en écrivant mes deux premiers textes sur ce thème ) de ce que j’ai surnommé la « dépossession tranquille ». Le Québec et les Québécois sont littéralement en train de se faire manger la laine sur le dos et, dans ce scénario, le gouvernement Charest fait figure de cocu content.


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10 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    13 février 2011

    M. Le Hir, encore une fois, merci pour ce concept de dépossession tranquile. Je l'utiliserai lors de mes échanges et écrits.
    Mme. Hélèna, merci pour cet exemple de chien tout propre et canines sorties, il est bien placé dans le contexte de ces loups dans la bergerie québécoise.
    Quant à la fusion de la bourse, ce n'est selon moi, qu'un subterfuge pour ralentir la chute de la bourse. Une bourse qui est un écran de fumée pour laver l'argent de la drogue. A ce sujet, lire l'excellent livre de Mike Rupert (Crossing the Rubicon), un policier américain, qui s'est fait lavé pour avoir découvert que la CIA était une plaque tournante de la drogue aux États-Unis et que Wall street était le moyen pour laver blanc cette argent sale . http://www.fromthewilderness.com/free/economy/dontblink.html

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Lorsque j'ai entendu la nouvelle, j'ai pensé comme vous Madame Marie-Mance. La fourbe Angleterre.
    Sommes-nous entourés de chacals qui n'en veulent qu'à nos richesses ? J,ai entendu aussi un gérant d'une minière aux petits oiseaux...Le sous-sol du Québec va partir ailleurs, nous aurons les miettes.
    Le Québec est un chien qui se couche et les Gros Pleins en ont pas peur. J'avais comme ça un chien, toujours couché, avec un oeil ouvert et l'autre fermé; il laissait même les autres, des chiens plus petits, à la mine inoffensive,venir gruger ses os, grondant sourdement,parfois.
    Un jour, est arrivé un grand efflanqué blanc,les oreilles droites et la queue dressée. Il était tout propre, tout juste s'il n'avait pas les ongles faits. Il avait l'air de se croire chez lui, prétentieux, arrogant, méprisant. J'ai saisi un bâton pour le faire déguerpir de ma cour. Alors, il a montré les dents et s'est dirigé vers moi, la gueule ouverte. Je n'ai pas eu le temps de m'enfuir, j'ai vu surgir une longue panthère noire,rugissante,et le grand efflanqué a mordu la poussière se plaignant, bavant, braillant : les crocs de mon chien le tenait en respect. Il est reparti, les oreilles basses, la queue entre les jambes. Mon chien est venu vers moi chercher une caresse et il est retourné se coucher, tranquille. Il avait reconnu le véritable salaud et l'avait éloigné. On ne l'a pas revu.
    Qui est le Chef ici ? Et qu'il se lève! (RD)

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Ce n'est pas Toronto...ce sont Toronto, Montréal, Calgary et Vancouver.
    A l' heure actuelle Londres se sert du modèle de Montréal pour les dérivés. Le modèle a été invnté ici.
    Je crois au contraire que le Québec pourrait être un grand gagnant si nous décidons d exploiter notre gas et notre pétrole. Arrêtons d être des contristes avant même de lire de quoi il s' agit. Oui nous reculons mais arrêtons de blâmer toujours les autres pour notre inertie.

  • Jacques Bergeron Répondre

    9 février 2011

    La dépossession tranquile du Québec est commencée depuis le jour où est né le Canada , en 1867. On avait alors décidé de faire ce que font les Canadian actuellement, avec la complicité de quelques french Canadian, soit de déposséder le Québec de tous ses attraits économiques. Depuis la fin de la guerre 39-45 les choses vont bon train, je dirais que le train roule à toute vapeur( ou à l'électricité ou encore au diézel) afin d'écraser le Québec. Pendant ce temps quelques individus s'enrichissent en s'associant avec ceux qui veulent détruire le Québec. Penons à ce monsieur,ancien président de la bourse de Montréal qui a reçu plus de 400 milions«$», ce n'est pas rien, pour se coucher sous ce montant en abandonnant la bourse qu'il présidait. Mais il est maintenant riche et ennemi de notre idéal.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Monsieur Le Hir,
    Je viens de relire votre article, plus spécifiquement son troisième paragraphe, et je maitiens mes affirmations. Vous avez été ministre, monsieur LeHir, et vos opinions ont de ce fait une portée que celles des gens ordinaires n'ont pas. Évidemment, je ne parlais pas d'admission au sens technique du terme.
    Avec mes salutations distinguées.
    Louis Côté

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Plusieurs questions me semblent sans réponse dans ce dossier:
    1- Les entités légales " Bourse de Montréal" ou "Bourse de Toronto" sont des entreprises privées, alors quelles sont les véritables moyens légaux pour annulées leurs ventes?
    2- Qui sont les véritables actionnaires de ces entreprises?
    3- Quand Alcan a été vendu à Rio Tinto, avions nous un moyen d'annulé cette vente?
    4- Entre Alcan et la Bourse de Montréal, qui est un plus fort levier de développement du Québec?
    5- Dans un Québec souverain, Pourrions nous recréer une nouvelle Bourse de Montréal?
    6- S'il est vrai que les ressources naturelles au Nord, du Québec tout entier font l'envie du reste du monde et que les prochaines années seront prometteuses...ne trouvez vous pas que c'est suffisant pour expliquer le comportement de Jean Charest de s'accrocher au pouvoir pour les 2 prochaines années?
    7- Espère-t-il (avec ce qu'il sait de ce qui s'en vient en terme de développement des ressources naturelles au Québec) s'enrichir personnellement en faisant cadeau à ses mentors...de droits sur ces ressources??
    En fait, je répète ce que j'ai déjà dit, ca prends un coup de grâce final pour évincer le plus rapidement possible Jean Charest et le PLQ du pouvoir à Québec.
    Je sais qu'il y aura une manifestation l'autre fin de semaine à Québec, mais je crois que ca sera pas suffisant...Ca va prendre plus que ca...Une grève générale illimitée de tous les québécois?...c'est ce que je prône...

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Aussi longtemps que les colonisés fédéralistes ne respecteront pas la Nation francophone Québecoise en francisant tous les emplois au Québec nous devrons combattre pour libérer le Québec .
    Au Canada les anglophones ont droit de gagner leur vie dans 100% des emplois
    Au Québec il faut que les francophones aient droit de gagner leur vie dans 100% des emplois
    Seule solution pour faire cesser l'anglicisation du Québec = l'Indépendance
    Les Canadians et leurs collabos fédéralistes du Québec ne comprendront jamais cela
    Car ils ne comprennent pas que le bilinguisme pour tous est une utopie à la Trudeau pour assimiler les francophones au Canada et détruire le Québec francophone

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Ressources, ressources, ressources. Londres vient de mettre la main sur les mines et le pétrole canadien.
    J'en ai parlé dans ma série sur le "Québec pauvre": les ressources vont propulser le Québec parmi les pays les plus riches de la planète. Trois milliards d'êtres humains vont s"équiper" dans les années 10,20 et 30, comme 200 millions de Nords-Américains se sont équipés après la Deuxième Guerre mondiale. On va s'arracher nos ressources.
    Pour l'instant, faute de direction, on se contente de les donner aux premiers venus.
    Une fois que les scandales sur la construction vont retomber, l'exploitation de nos ressources, le développement du Grand Nord (notre Klondyke) va devenir LE gros enjeu au Québec. Le débat autour du gaz de schiste n'est que le début d'un très long débat: comment développer et enrichir le Québec avec nos ressources sans polluer ni écoeurer les citoyens, sans se faire f... par les étrangers?
    PS: En dernières minutes, j'apprends qu'on a découvert de l'or dans l'Estrie. L'argent sort vraiment de partout au Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    La perfide Albion qui remet la main sur sa colonie canadienne. Serait-elle intéressée par nos richesses naturelles, particulièrement les mines ? On se croirait revenu au temps du Régime anglais où des centaines de navires quittaient le port de Québec remplis de troncs de pins blancs destinés à être utilisés comme mâts de navires.

    On n'avance pas, on recule. Et je me souviens lors de la fusion de la bourse de Montréal et celle de Toronto n'avoir entendu que quelques jappements de chiens battus québécois.
    Souhaitons que Mme Marois saura y faire, sinon nous retournons des siècles en arrière.
    Et on nous dira que c'est le progrès, que c'est la mondialisation des bourses. Et il s'en trouvera pour penser que nous sommes chanceux d'être des colonisés du Royaume-Uni.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2011

    Bien des questions demeurent en suspens. Quel avantage la bourse de Toronto tire-t-elle à fusionner avec celle de la Cité de Londres au lieu de Chicago? L’Autorité des marchés financiers (AMF) et la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario détiendront-elles un droit de veto sur toute forme de transfert de propriété, comme en 2008 lors de la fusion de la bourse de Montréal et celle de Toronto? Québec et Ottawa sont bien silencieux là-dessus.