Mémo de Moody’s aux épargnants : allez tous chez Desjardins !

Bourse - Québec inc. vs Toronto inc.



Je ne sais pas combien vaut, pour le Mouvement Desjardins, le rapport de recherche publié ce mardi par la firme Moody’s (l’agence de notation dont je disais du mal ce matin même — quelle vitesse de réaction, tout de même, pour que j’en dise du bien en fin de journée !)


À la base, ce rapport — qu’on ne trouve malheureusement pas en ligne — informe ses clients du monde financier que l’extension des opérations de Desjardins et autres Credit Unions au reste du Canada va bientôt soustraire des tas clients aux banques traditionnelles, parce que ces clients, pas fous, vont ouvrir des comptes chez Desjardins.
Pourquoi ? Voici ce que dit l’analyste de Moody’s, Ali Mozaffari :

« Les caisses populaires offrent les mêmes services et produits que les grandes banques. En plus, elles tendent à verser des dividendes à leurs clients en cas de profit [les ristournes chez Desjardins], ce qui les rend attrayantes aux yeux des consommateurs. »

Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre ! Et c’est exactement ce que je disais la semaine dernière à un fort sympathique cadre de la Banque de Montréal qui me demandait pourquoi je faisais affaire chez Desjardins. Il ne pouvait rien me répondre. (J’ai aussi souligné que j’étais froissé par la pratique des grandes banques à centraliser leurs achats en Ontario.)
Le nouveau budget fédéral prévoit de laisser les banques coopératives, comme Desjardins, s’incorporer au niveau fédéral — plutôt que devoir passer par chaque province comme c’est le cas maintenant. Il ne reste plus à Desjardins — ce fleuron du modèle québécois — qu’à conquérir le marché canadien, pour le plus grand bien économique de ses clients, et à convaincre les Québécois encore égarés dans les banques à chartes qu’ils y font une mauvaise affaire — foi de Moody’s.
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Moody's : Desjardins une menace pour les banques canadiennes
La Presse Canadienne . les affaires.com . 27-04-2010

Les caisses populaires prennent de plus en plus de place sur la scène bancaire canadienne. Photo : lesaffaires.com
Les caisses populaires prennent de plus en plus de place sur la scène bancaire canadienne et pourraient éventuellement représenter une menace pour les grandes banques, selon l'agence américaine Moody's.
Les caisses populaires rassemblent actuellement 16 pour cent des dépôts canadiens et 19 pour cent des hypothèques résidentielles, deux chiffres qui seraient susceptibles d'augmenter au fil des années.
L'agence de notation ajoute que la croissance des caisses populaires dépendra aussi de leur capacité à gérer le risque, au fur et à mesure que leurs modèles d'affaires deviendront de plus en plus complexe.
L'auteur du rapport, l'analyste Ali Mozaffari, rappelle que les caisses populaires offrent les mêmes services et produits que les grandes banques, mais qu'en plus elles versent des dividendes en cas de profit, ce qui les rend attrayantes aux yeux des consommateurs.
Le secteur des caisses populaires est aussi en pleine centralisation, en raison des besoins de financement des caisses individuelles et de la demande des consommateurs pour davantage de services.
En mars 2010, rappelle l'étude, le gouvernement canadien a dévoilé son intention de présenter une loi permettant aux caisses populaires de s'incorporer en tant qu'entités fédérales, ce qui leur permettra de créer des réseaux nationaux. Moody's croit que cela stimulera leur développement, puisque les caisses ne peuvent actuellement s'incorporer qu'en tant qu'entités provinciales.
M. Mozaffari explique que les banques peuvent offrir à leurs clients des services à travers le pays, et que la nouvelle loi pourrait permettre aux caisses populaires d'acquérir une présence nationale.
Ultimement, conclut-il, un nombre plus petit de caisses populaires centralisées pourrait représenter un défi stratégique à long terme pour les banques canadiennes.
Moody's croit que si les caisses populaires se regroupent, simplifient leurs opérations, mettent sur pied des réseaux nationaux et augmentent leur offre de produits et services, elles pourraient accroître leur part du marché canadien des services financiers.

Squared

Jean-François Lisée296 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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