Les militants du Parti québécois se retrouvent réunis en congrès ce week-end pour la première fois depuis six ans. Ce sera pour Pauline Marois l'occasion d'imprimer sa marque sur un programme que dans quelques mois elle aura à défendre en campagne électorale. Deux questions polariseront plus particulièrement les débats, le processus d'accession à la souveraineté et la langue d'enseignement au cégep, avec en toile de fond, l'urgence d'agir.
À tous les congrès du PQ, sont à l'ordre du jour les débats sur la démarche vers la souveraineté, dont un des acteurs principaux est toujours Jacques Parizeau. Même s'il n'y sera probablement pas physiquement, il fera cette fois aussi sentir son influence. Pour lui, la souveraineté est un projet urgent. Urgent n'est toutefois pas synonyme dans son esprit de précipitation et il est d'accord avec Pauline Marois que le prochain référendum doive se tenir «au moment approprié». Son insistance cette fois est sur la nécessité de préparer ce prochain rendez-vous avec l'Histoire.
La nécessité de s'engager dans une telle démarche est une évidence. L'appui à la souveraineté stagne dans les sondages autour de 40 %, parfois un peu plus, comme le révèle le sondage Léger Marketing dont nous publions les résultats aujourd'hui. L'attentisme inhérent à la recherche de «conditions gagnantes» jamais réunies a un effet démobilisateur sur les militants tentés de décrocher ou d'aller vers de nouvelles avenues d'action politique, comme la Coalition pour l'avenir du Québec du tandem Legault-Sirois.
Si l'urgence d'agir fera ce week-end vite consensus, les points de vue se diviseront sur le comment. Le débat se cristallisera autour de la proposition de la députée Lisette Lapointe, par ailleurs épouse de Jacques Parizeau, qui veut confier le travail à un comité de préparation de la souveraineté, dont on peut imaginer qu'il pourrait vite échapper au contrôle de Pauline Marois, ce qu'elle veut éviter à tout prix. Trouver le bon compromis sera pour elle un test important pour son leadership.
***
L'urgence d'agir est aussi ce qui anime le député Pierre Curzi qui défendra la résolution étendant à l'enseignement collégial la loi 101. Celle-ci vise à réserver la fréquentation du réseau anglophone des cégeps aux étudiants ayant un droit historique à l'enseignement en anglais. Son geste est clairement un appel à réagir avant qu'il ne soit trop tard au déclin du français sur l'île de Montréal, langue que toutes les analyses montrent en perte de vitesse.
Étendre la loi 101 aux cégeps serait un signal fort. Il faut toutefois inviter les militants péquistes à la prudence. La loi 101 au cégep n'est pas la panacée que certains imaginent. Le danger serait de croire qu'avec cette mesure on aurait réglé un problème, alors qu'on ne se serait attaqué qu'à une de ses manifestations et probablement la moins grave. Le nombre d'immigrants et d'enfants d'immigrants qui fréquentent le cégep francophone a presque doublé en 10 ans et si le nombre de francophones qui optent pour le cégep en anglais est en croissance, ils ne sont tout de même que 5,2 %. Le problème est ailleurs, il est dans l'utilisation de plus en plus grande de l'anglais dans les milieux de travail, qu'il faut franciser; il est dans ces immigrants qui n'ont pas accès à des cours de français et qui des années après leur arrivée ne parlent toujours pas la «langue commune» du Québec. Ils étaient 191 000 en 2006, nous dit le démographe Michel Paillé, dans une lettre publiée ci-contre. Il y a plus urgent que le cégep en français.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé