L’année 2015 a été l’année des grandes réformes en santé. Réformes de structure imposées au forceps par le ministre. En 2016, ce sera au tour de l’éducation d’être soumise à la même pression. À l’image de ce qu’a fait son collègue Gaétan Barrette, François Blais profitera du projet de loi 86 sur les commissions scolaires pour centraliser davantage de pouvoirs entre ses mains.
Le projet de loi 86 déposé à l’Assemblée nationale tout juste avant l’ajournement des travaux parlementaires n’est pas anodin. Il passe à la déchiqueteuse de larges pans de la Loi sur l’instruction publique, de même que des éléments de la Constitution canadienne. Ne restera des commissions scolaires que le nom. Il n’y aura plus de commissaires élus au suffrage universel, et malgré cela, elles pourront continuer à lever des taxes.
Le gouvernement Couillard entend procéder rapidement à son adoption, qu’il croit légitimée par une opinion publique plutôt favorable. Depuis des années, on ne cesse de prétendre que les commissions sont devenues des organisations bureaucratiques qui servent leurs propres intérêts avant ceux des élèves et dont l’abolition entraînerait des économies récurrentes qui pourraient être attribuées à des services pédagogiques. À tant le répéter, on a fini par le croire, ce qui a sans doute contribué à réduire le taux de participation aux élections scolaires.
Ces prochains jours, la commission de l’Éducation de l’Assemblée nationale commencera des consultations. Il s’agira d’une consultation sur invitation plutôt qu’ouverte à tous, ce qui est regrettable. Il faut se rappeler que l’on s’apprête à faire table rase d’une institution démocratique historique dont l’abolition privera les citoyens d’un droit de vote.
Or, malgré une opinion publique favorable à ce projet de loi, il y a des gens qui continuent de croire à la valeur de cette institution. Pour certains, dont les Anglo-Québécois, qui voient l’existence de leurs institutions scolaires garantie par la Constitution, le projet du ministre Blais dans sa forme actuelle est inacceptable. Il faut que tous ceux qui le veulent se fassent entendre.
Les groupes invités à témoigner sont, il faut le reconnaître, nombreux. Mais il faut s’inquiéter des choix faits par le ministre, qui a écarté des voix importantes, comme la Commission scolaire de Montréal et la Commission scolaire English-Montréal ; il est de commune renommée que leurs relations avec le ministre sont tendues. En raison de leur taille et du rôle qu’elles jouent à Montréal, leur absence est difficilement compréhensible, alors que Marguerite-Bourgeoys, qui entretient de bonnes relations avec le ministre, a été invitée.
Le ministre Blais doit présider à cette consultation avec ouverture. Il n’est pas réputé être un homme à l’écoute du milieu de l’éducation. On lui reproche son approche théorique, pour ne pas dire philosophique des problèmes des secteurs primaires et secondaires. Son projet de loi cache mal ses objectifs, qui sont d’accroître les pouvoirs du ministère de l’Éducation et les contrôles sur les projets éducatifs.
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FRANÇOIS BLAIS
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