Au fil des ans, Pauline Marois a néanmoins réussi à refaire l'unité du parti, en déroute après la défaite de 2007, et à se débarrasser des contestataires, tenants de la ligne dure
Photo: PC
Patrice Bergeron La Presse Canadienne Québec - La barre est «très haute» pour Pauline Marois: pour asseoir sa légitimité, elle doit obtenir au moins 95% d'appuis dans son prochain vote de confiance, à l'instar des résultats des autres chefs de parti à l'Assemblée nationale, soutient le gouvernement libéral, à une semaine du congrès du Parti québécois, où les militants devront plébisciter leur chef.
Le ministre des Affaires gouvernementales canadiennes, Pierre Moreau, estime que Mme Marois est dans une «situation délicate», en raison des «tensions extrêmes» au sein de son parti, puisqu'elle sera «tentée de céder» aux radicaux afin d'obtenir un score incontestable.
«Mme Marois a l'obligation d'affirmer son leadership, a-t-il dit dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne dimanche. Et pour ça la barre est très haute. Les autres partis, que ce soit l'ADQ, que ce soit chez nous, au Parti libéral du Québec, q ue ce soit même au Bloc (québécois), ont donné à leurs chefs des mandats extrêmement clairs.»
Jean Charest, au PLQ, et Gérard Deltell, à l'ADQ, ont ainsi tous deux reçu 97 pour cent de soutien de leurs militants. M. Moreau juge que la chef du PQ doit faire au moins aussi bien que son allié du Bloc, «la succursale du PQ», Gilles Duceppe, qui a décroché une note de 95 pour cent en février.
«Je pense que le test, c'est véritablement ce qui s'est fait dans les dernières années avec M. Duceppe», a poursuivi M. Moreau. Or M. Duceppe jouit d'une forte cote de popularité non seulement dans son parti, mais aussi auprès de la population, tandis que Mme Marois reste moins populaire que son parti.
«Je comprendrais mal que le parti (le PQ) lui-même ne donne pas un appui très fort à son chef», a surenchéri le ministre libéral.
Le ministre libéral prévoit une grand-messe des radicaux au congrès du PQ à Montréal la fin de semaine prochaine, parce que Pauline Marois devra les courtiser pour recueillir tous les votes possibles.
La preuve est faite que «l'aile radicale a pris le contrôle» du Parti québécois, a argué M. Moreau. À titre d'exemples, il cite la volonté du PQ de rendre obligatoire le cégep en français pour les allophones et les francophones, ou encore, sa détermination à utiliser les fonds publics pour faire la promotion de la souveraineté.
Le parti de Mme Marois s'affirme donc comme donc «plus radical» que celui de ces prédécesseurs comme René Lévesque, Jacques Parizeau, et Bernard Landry, «qui ont été capables de ne pas céder aux pressions des groupes radicaux», a déclaré M. Moreau.
Le Parti québécois n'a pas tardé à réagir. Pour son président, Jonathan Valois, Pierre Moreau fait de la politique «à la hauteur de ce qu'il est capable de faire et se comporte comme un politicien de fond de ruelle».
«Il se couvre de ridicule, a dit M. Valois en entrevue téléphonique. Il faudrait qu'il se rappelle qu'il est ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, et comme par hasard, il y a une campagne électorale fédérale (en cours) et le Québec est puissamment muet.»
Les militants se préparent au congrès avec «beaucoup de sérénité», a assuré M. Valois. «On sait qu'on va avoir des débats importants (sur le cégep obligatoire en français et l'objectif de faire la souveraineté). Tout le monde sait que Mme Marois va réussir son vote de confiance. C'est avec beaucoup de calme qu'on se dirige vers ça. Et on ne tombera pas dans le piège de donner des chiffres»
Les congrès du Parti québécois sont souvent des épreuves exigeantes pour ses chefs. En 2005, Bernard Landry avait démissionné après avoir obtenu 76,2 pour cent d'appuis.
En mars, à la dernière conférence des présidents du PQ avant la tenue du congrès, tous les députés étaient toutefois confiants quant au résultat du vote de confiance à venir de leur chef, même s'ils étaient rares à se risquer sur le pourcentage acceptable. Le leader parlementaire de la formation, Stéphane Bédard, avait alors reconnu que le PQ était une bête «difficile à chevaucher».
Au fil des ans, Pauline Marois a néanmoins réussi à refaire l'unité du parti, en déroute après la défaite de 2007, et à se débarrasser des contestataires, tenants de la ligne dure. Elle a notamment dissous le club SPQ libre, qui faisait la pluie et le beau temps dans les rangs du parti. Il reste néanmoins des membres plus «pressés», qui souhaiteraient que l'engagement à réaliser la souveraineté soit plus ferme.
Vote de confiance: la barre «très haute» pour Marois
La barre est «très haute» pour Pauline Marois: pour asseoir sa légitimité, elle doit obtenir au moins 95% d'appuis dans son prochain vote de confiance
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé