Débats politiques - La tête ailleurs

Au fond, ce n’est pas que les enjeux disparaissent, c’est qu’ils se rafraîchissent. Ce changement de ton suffit à séduire. Et c’est justement ce que l’on n’a pas entendu au point de presse du PQ hier...

2011 - actualité souverainiste


Il n'y a plus guère de prédictions qui tiennent au pays du Québec, qui a vu disparaître la députation bloquiste et où l'on dit aujourd'hui, même dans les cercles souverainistes, que celle du Parti québécois est tout aussi menacée. C'est dire le sable mouvant sur lequel reposent présentement les débats au PQ et, en coulisse, à l'Action démocratique du Québec. Avec en plus un hic: c'est que les Québécois s'en fichent.
La meilleure lecture de la situation politique actuelle au Québec tient en un chiffre, passé inaperçu en début de semaine et qui, de surcroît, concerne Ottawa: si les Québécois avaient à voter au fédéral aujourd'hui, ils opteraient à nouveau pour le NPD, et encore plus fortement que la dernière fois. Les néodémocrates remporteraient 46 % de l'appui populaire au Québec, alors qu'ils ont obtenu 42,9 % des voix le 2 mai dernier.
Ce vote-surprise a beau avoir été analysé, dépecé, critiqué, et même avoir suscité quelques remords, les gens persistent et signent: ils voulaient du changement, ils en ont eu et ne regrettent rien. La tentation est grande d'ajouter «pour le moment», tant ce vote semble reposer sur un strict effet de nouveauté, mais qu'en savons-nous? Qui sait si dans six mois, un an, quatre ans, ce contentement ne sera pas toujours au rendez-vous? Les appartenances politiques bougent, et les partis, tant au fédéral que sur la scène québécoise, ont à se redéfinir en conséquence.
Stratégiquement, tout ceci est fascinant. Très concrètement, certains partis ont des gestes à poser: l'ADQ a à décider de sa continuité en s'associant ou pas à François Legault; le Bloc québécois doit mesurer s'il peut ressusciter.
Du côté du PQ, chaque geste de Pauline Marois est désormais calculé: ajoutera-t-il ou pas à la grogne? Publiquement, c'est la multiplication des faux pas: la sortie d'hier autour d'un programme connu, tout comme la lettre que nous publions et qui ne dit pas un mot de la controverse actuelle, n'ont rien pour rallier les déçus ou les mécontents. Dans le privé, des mains semblent se tendre pour calmer le jeu.
Mais la stratégie, c'est devenu, pour la population, rien d'autre que de la téléréalité version politique. Sur le fond, les Québécois sont ailleurs. Ils ne misent plus sur des partis, pas même sur des sauveurs et ne veulent surtout pas de projets: ce qu'ils souhaitent d'abord, ce sont simplement des politiciens qui ont l'air de se croire quand ils parlent.
Ils se sont ainsi accrochés à Jack Layton, homme intelligent, affable et convaincu, et ont pris le parti qui venait avec. Ils sont prêts à faire de même avec François Legault, qui partage les mêmes caractéristiques. Notre sondage de samedi le démontrait: si M. Legault crée son propre parti, ils embarquent; s'il rejoint l'ADQ, ils le suivront sans plus d'état d'âme.
Et si l'on en croit les premières réactions sur sa page Facebook, un autre homme est sur le point de créer l'engouement. Pierre Curzi, en convoquant une assemblée publique ouverte à tous dans sa circonscription mardi prochain, entend discuter largement de «la situation politique actuelle».
M. Curzi, intelligent, affable et convaincu, ne manie pas la langue de bois: ses propos, on le devine, auront de l'écho. On n'imagine pas qu'il réclame une pause des débats constitutionnels à la François Legault, mais on sent que s'il parle d'un pays, il ne le fera ni à la manière Marois, ni à celle d'un Parizeau. Comme Jack Layton ne parle pas de la gauche à la manière de ses prédécesseurs, comme Legault réinvente un langage de droite.
Au fond, ce n'est pas que les enjeux disparaissent, c'est qu'ils se rafraîchissent. Ce changement de ton suffit à séduire. Et c'est justement ce que l'on n'a pas entendu au point de presse du PQ hier...


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