Dans son dernier texte, publié sur Vigile le 10 octobre, mais malheureusement peu lu, Daniel Roy insiste sur la nécessité de coaliser les forces indépendantistes :
«L’indépendance du Québec transcende la partisanerie. Les candidats indépendants, le Parti Québécois, Québec Solidaire, le Parti indépendantiste, le Parti Communiste du Québec, l’Option Nationale et peut-être d’autres doivent former une coalition autour de la nécessaire indépendance pour vaincre. On n’arrête pas de dire qu’il faut faire de la politique différemment, eh bien c’est le temps ou jamais.»
Je suis tout à fait d’accord. Mais citer le PCQ – il aurait pu ajouter les trotskystes –, groupe membre de Québec solidaire, cela ne fait pas bonne presse et donne des armes à on sait qui. Mais bon, monsieur Roy ne fait pas dans la langue de bois. Mais la CAQ de Legault risque de faire des ravages, le PQ risque l’atomisation, QS ne fera pas beaucoup de petits, Option Nationale n’en fera pas davantage. Désuni, le mouvement indépendantiste – toutes tendances confondues – se retrouvera Gros-Jean-comme-devant. Ceux et celles qui prennent la peine de lire les textes étoffés de Richard Le Hir savent à quoi on peut s’attendre : l’affaiblissement de notre État et la mainmise du grand capital sur notre économie, et en premier lieu nos richesses naturelles.
Il y a lieu de stopper ça. Maintenant. Sinon, nous serons condamnés à nous battre dans des sables mouvants, sans stature ni posture. Ne comptons pas sur Legault pour nous éviter le pire. Il y a un proverbe turc qui dit à peu près ceci : Dans une forêt, un jour un arbre a dit
« Regardez, il y a un bûcheron qui vient vers nous ! », et les autres arbres de lui répondre « Ne crains rien, le manche de sa hache est des nôtres ! »
Voilà où nous en sommes. Legault, PLQ, ADQ… De beaux manches en frêne que tient fermement en main l’élite néolibérale pour que s’abatte sur nous le fer de la dépossession. J’exagère à peine…
fg
J’ai beau lire tout ce qui s’écrit sur Vigile, rien ne m’enthousiasme vraiment. Deux courants majoritaires s’affrontent depuis des semaines – un conflit où la sémantique est à l’honneur - sur la marche à suivre pour porter l’estocade finale aux branleurs impénitents. Je nous imagine tels des membres sélects d’un club fermé, assis dans le salon dudit club, aux murs lambrissés, sirotant un brandy de qualité, fumant le cigare, et échangeant entre nous des piques et des craques, toutes plus inspirées les unes que les autres. « James avait de la répartie ce soir, il m’a épaté avec sa sortie concernant notre bien-aimée marquise ! ». Et l’autre d’ajouter « Tu as vu quelle gueule le professeur Gervese a fait quand maître Nailer a cloué le bec à ce parvenu de Stampstead ! »
L’esprit de chapelle aspire le bon air, gratte aux portes. La maison brûle, et à l’intérieur, ça discute ferme de sémantique. Appeler les pompiers ? Si vous osez, vous serez défenestrés. Au moins aurez-vous la vie sauve, avec un peu de chance… Ça me rappelle un passage d’une pièce de Berthold Brecht, je ne me souviens plus laquelle.
Je ne ferai pas le procès du PQ. D’autres le font avec toute leur superbe. Je suis critique, cependant. Partisan du Plan Larose, publié dans l’Action Nationale le 17 décembre 2007, je déplore comme Jean-Claude Pomerleau que le PQ n’ait réussi qu’à pondre une version édulcorée dudit plan. La barre est trop basse. De plus, la stratégie adoptée ne répond pas aux impératifs proposés par Larose. Mettre les citoyens dans le coup ? Ce n’est pas à l’ordre du jour. Poser des gestes de rupture, comme en ce qui concerne la Constitution de 1982 ? Pas là. Et ainsi de suite. Aussant l’a compris, Lapointe itou, ils sont partis. Aussant fonde un parti : une solution comme une autre, mais qui va concurrencer le PQ et QS dans le porte-à-porte à venir. La société civile a-t-elle réclamé à hauts cris la création d’un tel parti ? Nenni. L’homme excelle dans le pourquoi de l’indépendance, mais comme stratège, on repassera. Et si je me trompe, alors je serai parmi les premiers à applaudir.
Quant au Bloc, c’est un négligé sur Vigile. Pas d’articles sur la course à la chefferie du parti. Me semble que la question est importante. Ce parti doit-il déclarer banqueroute, ou bien œuvrer à la reconquista du Québec ? Et qui va œuvrer à cette reconquista? Les membres du PQ, les ci et les ça, pour la plupart déjà engagés en ceci et cela ? Gaspillage d’énergie qui ne vise qu’à donner forme à une sorte d’Italie éclatée pré-républicaine, si vous me permettez une image.
L’éclatement du mouvement se vit à tous les niveaux : du macro à l’infinitésimal. Avec le mode de scrutin actuel, c’est suicidaire. On ne s’en relèvera pas de sitôt. Écoeurés de Charest, les Québécois voteront pour celui qui peut aspirer à prendre le pouvoir, quitte à le jeter par-dessus bord s’il s’enlise dans les ornières de son prédécesseur. Mais beaucoup de dommage risque d’être fait d’ici là, genre bradage de nos ressources naturelles et affaiblissement d’un État qui, depuis 2003 au moins, a déjà beaucoup perdu de stature, et conséquemment de sa posture. Le Plan Larose, une fumisterie ? Soit, mais collectivement, nous aurons en à assumer les conséquences funestes si rien n’est fait pour contrer l’offensive des Desmarais, Harper et cie.
Une coalition ? Oui, on ne réformera pas le PQ demain matin, ni QS, ni ce parti là, ni l’autre là-bas. Une coalition est envisageable. Daniel Roy a raison, et quelques autres aussi. Une coalition peut attirer des candidats au potentiel « du tonnerre ». Concentrons-nous sur cet objectif : COALISEZ-VOUS POUR QUE LA NATION ET SON ÉTAT PUISSENT S’ÉVITER LE PIRE !
Et s’ils le font, tout pourra arriver, et nous pourrons alors les conseiller avec nos gros cigares, brandy bien en main, pour ceux du moins qui ne seront pas au front. L’infinitésimal pourra alors assumer son rôle de chirurgien, de tacticien patenté, de muse éclairée, de sceptique fini qui acceptera peut-être enfin de sourire un peu…
C’est pourtant simple : d’abord mener la vie dure aux forces de l’inertie qui s’agitent actuellement. Comme une trirème, enfonçons la carène de leur navire. Une fois bien « ancré », la soldatesque, bien armée, pourra investir leur pont. Si cela survient – et cela pourrait bien arriver -, alors beaucoup de brandy se perdra sur les plastrons, car plusieurs se lèveront d'un bloc pour clamer : "Je l'avais dit!".
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 octobre 2011@ our un Vigile positif,
En fait, la dernière phrase de mon dernier paragraphe, n'est rien de moins que de l'ironie. Si coalition il y a un jour, il y en a parmi les "négatifs" qui pourraient changer leur fusil d'épaule voyant un certain vent tourner, par opportunisme, par exemple.
@ monsieur Grandchamp,
Je suis conscient du problème que vous soulevez. La proportion de votants potentiels pour QS se situe autour de 8-9%,si on se fie aux sondages. Le NPD a obtenu 43%. Faite le calcul. Par ailleurs, il y a des pro QS qui ont voté Bloc. Certains sont intervenus dans les médias,et ici même sur Vigile, pour dire que leur choix était de voter Bloc. Ceci dit, on évalue à environ 40% de taux de défection du Bloc vers le NPD.
D'autre part, il est vrai que QS articule peu son discours en fonction de la question nationale. En ce sens, cela rend plus difficile de future tractation. Mais le PQ aussi ne semble pas intéressé à se coaliser: je lisais ce matin, dans le journal de Montréal, que le PQ entend mener une "lutte à mort" contre Khadir.
La maison brûle, mais on s'obstine de part et d'autre. Si on croit qu'une coalition peut faire avancer le Québec et éviter la marginalisation politique du mouvement indépendantiste, alors il faut le crier haut et fort.
Bien à vous
Daniel Roy C.A. Répondre
12 octobre 2011Monsieur Grandchamps,
Une coalition peut exiger des sacrifices et des compromis de chacun pour la cause. La cause de l'indépendance du Québec est l'objectif ultime. Une coalition permet aussi d'adoucir les prises de position fortes de certains membres et de renforcir les prises de position faibles de d'autres.
Quant à Québec Solidaire, son porte-parole, Monsieur Khadir, a fait les allocutions les plus patriotiques concernant l'obligation de prêter serment à la reine lors de son assermentation et plus tard contre la venue de William. Sur leur site, on voit qu'ils se préparent pour des assemblées publiques sur le thème Un pays de projets http://www.quebecsolidaire.net/ De plus, ils prêchent pour la nationalisation des ressources naturelles.
Quant à l'histoire du NPD, c'est bien triste, mais il y eut quand des Péquistes qui ont voté NPD. La population ne sait plus où se lancer. Il faut un message clair provenant d'une coalition ayant un programme commun menant à l'indépendance.
Moi, je suis prêt à mettre de côté les différences et les différends pour travailler ensemble et éviter la division du vote.
Daniel Roy, C.A.
Luc Archambault Répondre
12 octobre 2011@ Pierre Grandchamp,
Une Coalition ne veut pas automatiquement dire que doit s'imposer le partage des comtés avant campagne électorale. Il y a une autre manière de faire qui s'appelle « dispositif de proportionnelle pragmatique » qui permet de jouer le jeu électoral sans permettre que s'impose la victoire de la partie adverse sur division électorale.
En résumé une commission d'expert statue 3 jours avant le vote d'après les sondages et pointages, que dans tel comté chaud, sur division les partis de la VRAIE COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté du Québec CN-DSQ seront battus par un parti adversaire de la CN-DSQ. Comme la commission observe que c'est tel parti de la VRAIE Coalition qui est en avance, un MOT D'ORDRE est lancé pour élire le candidat de ce parti.
Ainsi tout ce qui peut se passer avant et pendant une campagne électorale peut se produire. Personne n'est lésé, ni contraint de manière arbitraire au silence. La démocratie s'exerce pleinement.
Pierre Grandchamp Répondre
12 octobre 2011En théorie, l'idée d'une coalition est super.
En pratique, difficilement réalisable. Cela signifie, par exemple, demander au PQ de ne pas présenter de candidat dans Mercier. À QS de ne pas présenter de candidats dans les comtés détenus par le PQ...etc.....etc...etc.
Québec Solidaire ne parle à peu près jamais d'indépendance.
Pour QS, l'important c'est "à gauche tous" d'abord!
D'ailleurs Khadir et beaucoup des siens ont voté pour le NDP,le parti fédéraliste le plus centralisateur.NDP,parti qui a voté pour la constitution de 1982 et la loi sur la clarté....et, le 2 mai dernier,appuyé par Québec Solidaire...
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
12 octobre 2011Tous unis pour l'indépendance de notre pays.
Cap sur l'indépendance:
29 octobre, marche à partir de Place du Canada à Montréal (rebaptisée pour l'occasion: Place de l'Indépendance)
http://www.capsurlindependance.org/2011/10/03/tous-unis-pour-lindependance-de-notre-pays/
Michel Pagé Répondre
12 octobre 2011Monsieur,
Je partage l'opinion de votre texte hormis ce qui émane du dernier paragraphe, car ce sont bien les attitudes, les comportements et le caractère acrimonieux de querelles stériles et futiles qui gâchent tout
puis-je suggérer: http://www.vigile.net/Resilience-et-conscience-nationale
Bien votre