Politique canadienne internationale

Mark Carney, le beurre et l’argent du beurre

Tribune libre

En réaction à l’éditorial de Marie Vastel paru dans Le Devoir du 22 novembre sous le titre La décevante méthode Carney.

Dans son éditorial, Marie Vastel fait ressortir clairement la facette de la froideur de l’ex- gouverneur des banques du Royaume Uni et du Canada lors de son voyage aux Émirats arabes unis « Survenant de surcroît alors que les Émirats arabes unis sont accusés par les Nations unies d’armer l’une des factions de la guerre civile au Soudan, où se multiplient les massacres et s’éternise la pire crise humanitaire de la planète. Mais de tout cela, M. Carney n’a pas dit mot ».

Ce n’est pas la première fois que Mark Carney fait des courbettes devant un dirigeant de pays. À cet effet, on n’a qu’à penser à sa décision d’éliminer la taxe numérique pour plaire aux caprices de Donald Trump, et à ses excuses devant le président américain suite à la publicité de Doug Ford sur les déclarations anti-tarifs de l’ex-président américain Ronald Reagan.

Toutefois, le lourd silence de Carney sur la position des Émirats à l’égard de la violation insidieuse des droits humains outrepasse grandement l’obligation réservée de facto à un chef d’État de condamner ouvertement de tels types de barbaries anti-humanitaires. « Un aplaventrisme désolant. Les secousses géopolitiques ont beau commander une indispensable diversification des marchés, la diplomatie ne peut pour autant se résumer à un seul chantier, économique plutôt que démocratique...Un mutisme regrettable, d’autant que ce virage du premier ministre n’a jamais vraiment été présenté aux Québécois et aux Canadiens, qui ont du mal à le suivre. »

Dans cette foulée, l’éditorialiste aborde à juste titre les pourparlers avec la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, eu égard à « un protocole d’entente énergétique ouvrant la voie à la construction d’un nouvel oléoduc vers la Colombie-Britannique », un revirement catégorique et une brèche outrancière dans la politique canadienne sur la réduction des gaz à effet de serre.

Enfin dans ce contexte essentiellement économique faisant abstraction des enjeux humanitaires engendrés par les politiques déshumanisantes de certains pays, tels les Émirats arabes unis, « Il serait temps pour le premier ministre de saisir qu’il n’est pas à la tête d’une entreprise privée aux intérêts uniquement mercantiles, mais d’un gouvernement redevable envers ses citoyens. Si sa quête de nouvelles avenues d’exportation ne fait pas dissension, la méthode Carney, elle, est loin de faire l’unanimité ». Il y a des limites à s’approprier sans scrupule le beurre et l’argent du beurre.

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/935967/decevante-methode-carney



Henri Marineau, Québec



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