Vieux contenu, nouvel emballage

Gouvernement Charest - à la remorque...


Quand on a peu de choses originales à dire, on compense avec des symboles et des emprunts. C’est ainsi que le discours inaugural du gouvernement minoritaire de Jean Charest était présenté à la sauce américaine et avec des initiatives qui étaient bien proches du plagiat du programme électoral de l’ADQ.
C’est une vieille manie de M. Charest : quand il a peu de choses à dire et qu’il veut étirer le temps, il sort son dictionnaire de citations. C’est ainsi que, dans le discours inaugural d’hier, il a cité un gourou du marketing, l’historien britannique Arnold Toynbee, Félix-Antoine Savard, le cardinal Turcotte, sa mère, son père et une voisine de Sherbrooke.
C’est ainsi qu’il a pu livrer un discours qui tenait sur quinze pages, mais qui n’entrait dans le vif du sujet – soit le programme législatif de son gouvernement – qu’à la page sept.
Un programme législatif qui ne tient, au fond qu’à une seule promesse, répétée trois fois y compris sur le ton d’une supplique à l’Opposition soit : baisser les impôts de la classe moyenne. Pour faire dans l’air du temps, M. Charest l’a même présentée à la Nicolas Sarkozy : «Réduire les impôts, c’est un moyen d’encourager le travail et de récompenser l’effort».
Sauf que, tout le monde sait que les baisses d’impôt seront proposées par le gouvernement mais que c’est l’Opposition qui en décidera. Une opposition qui ne comprend guère que le Premier ministre revienne ainsi sur une promesse improvisée aux derniers jours de la campagne électorale et qui était rejetée, disait un sondage, par plus des trois-quarts des électeurs.
Au-delà de cette promesse libérale, l’essentiel du discours inaugural de Jean Charest était signé Mario Dumont : retour du bulletin scolaire chiffré, une consultation publique sur le sort des aînés, un couplet sur les accommodements raisonnables, un autre sur la famille et encore un autre sur la classe moyenne.
Pour le reste, on notera des phrases lourdes de sens et de promesses comme «pour que nos agglomérations fonctionnent mieux, au bénéfice de leurs citoyens, nous allons travailler avec nos partenaires pour régler les problèmes». Voilà qui va rassurer tout le monde…
En passant, notons que le parti qui se vantait d’être le seul à faire de la santé sa «première priorité» avait bien peu à dire sur la santé. Sauf de nous dire qu’il y aura bientôt une participation du privé dans notre système public de santé, en vertu d’une loi adoptée en décembre dernier.
En fait, ce qu’il y avait de vraiment nouveau dans ce discours inaugural, c’était l’emballage. M. Charest a voulu faire comme les présidents américains dans les Discours sur l’État de l’Union.
Ainsi, il a invité toutes sortes de célébrités pour être dans les tribunes de l’Assemblée nationale pour illustrer certaines parties de son discours. Par exemple, il y avait les auteurs Fabienne Larouche et Luc Dionne pour illustrer la grande réussite des Québécois dans le domaine de la production télévisuelle. Il y avait, aussi, la voisine de Sherbrooke dont on a parlé plus tôt.
Pour faire encore plus américain, M. Charest a présenté la famille d’Anastasia De Souza, la victime de la tragédie du Collège Dawson et a annoncé la «loi Anastasia», un projet de loi sur les armes à feu semi-automatiques qu’il entend présenter.
Personnaliser le nom d’une loi c’est courant aux États-Unis, mais au Québec ce serait une première et, bien franchement, ça sent un peu la récupération. Que la tragédie de Dawson inspire un projet de loi sur le contrôle des armes à feu, c’est très bien.
Mais lui donner le nom de la victime, c’est tenter un peu trop lourdement de polariser le débat. Être contre le projet de loi, ce serait, en quelque sorte, être contre Anastasia. C’est comme ça que les Américains ont fini appeler une loi anti-terroriste limitant les libertés civiles comme le «Patriot Act», rejetant tous ceux qui pourraient s’opposer dans le camp des terroristes. Ce n’est pas vraiment le meilleur exemple à suivre.


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