Qui dirige le Québec ?

Jusqu'ici, la classe moyenne a vu le gouvernement faire ce que l'ADQ préconisait la veille.

Gouvernement Charest - à la remorque...

Qui dirige le Québec? Les dernières heures à l'Assemblée nationale soulèvent bien des doutes sur l'identité de celui qui impose son programme. Mario Dumont venait à peine de proposer une loi d'exception pour mettre fin au conflit à la Société de transport de Montréal que déjà le gouvernement Charest faisait volte-face.


Mardi, à l'Assemblée nationale, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, demandait que le gouvernement donne d'ici la fin de la semaine une «date butoir» au-delà de laquelle le conflit ne pourrait s'éterniser.
Pas question, de répliquer le ministre du Travail, David Whissell. Même position hier matin avant d'entrer au caucus des députés libéraux. Pour le ministre, tout comme pour sa collègue Line Beauchamp, le moment des ultimatums n'était pas arrivé. Pour le gouvernement, il importait de donner aux négociations en cours le temps de progresser.
Plus tard, le ministre Whissell soutenait que l'avis de ses collègues députés, lors de leur rencontre hebdomadaire en matinée, l'avait fait changer de stratégie. Il n'en est rien. Bien des élus ont souligné lors d'une première rencontre le risque de voir le conflit s'éterniser, mais tout le monde avait compris en matinée qu'il aurait été contre-productif de tracer tout de suite une ligne dans le sable.
C'est après la réunion du Conseil des ministres que fut convoqué un second caucus, immédiatement avant la période des questions. Cette fois, le ministre Whissell a fait part à ses collègues de son intention de donner un ultimatum de 48 heures aux parties.
Entre les deux caucus, aux côtés du maire de Montréal Gérald Tremblay, Mario Dumont avait prévenu qu'à son avis, il fallait tirer rapidement un trait sur cette grève qui complique la vie de centaine de milliers de Montréalais. Pour lui, la grève devait prendre fin avant la fin de la semaine.
«On a clairement l'air à la remorque», confiait hier un stratège libéral. Propulsé comme opposition officielle aux dernières élections, l'ADQ de Mario Dumont préoccupe au plus haut point les libéraux. Rappelons qu'aux 41 élus adéquistes, il faut ajouter 46 circonscriptions où le jeune parti s'est retrouvé en deuxième place au dernier scrutin. Dans le camp libéral, Mario Dumont est vu comme dans l'antichambre du pouvoir.
Déjà la semaine dernière, le gouvernement s'était ravisé pour adopter 24 heures plus tard la position proposée par Mario Dumont. Il s'agissait alors de réclamer d'Ottawa qu'il renonce au projet de loi C-56 qui réduira le poids relatif du Québec à la Chambre des communes. Après avoir repoussé les doléances de l'ADQ, le gouvernement Charest souscrivait à une motion en ce sens dès le lendemain.
Et, il y a deux semaines, les observateurs avaient retrouvé bien des éléments du programme adéquiste dans le discours d'ouverture du gouvernement. Bulletins scolaires chiffrés, commission d'enquête sur le sort réservé aux aînés, des morceaux importants du plan de l'ADQ en campagne électorale étaient recyclés dans le programme de Jean Charest.
Aujourd'hui, dans son budget, Québec maintiendra le cap sur les baisses d'impôts promises en campagne électorale. À l'époque, l'ADQ ne s'opposait pas aux baisses d'impôts - l'allégement du fardeau fiscal est depuis des années au centre de la plateforme adéquiste. Ce qui était contesté, c'était l'idée d'aiguiller l'argent obtenu au chapitre du déséquilibre fiscal pour les services de santé et d'éducation en «cadeau» aux contribuables.
«La vraie question c'est: qui parle pour la classe moyenne. Qui défend la classe moyenne au Québec?» disait hier le premier ministre Charest.
Jusqu'ici, la classe moyenne a vu le gouvernement faire ce que l'ADQ préconisait la veille.


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