Mario lance et compte

Gouvernement Charest - à la remorque...




Quand vous entendrez Mario Dumont dénoncer le budget libéral, aujourd’hui, dites-vous bien que son défi ne sera pas de battre ce budget en Chambre, mais de remporter la bataille de l’opinion publique. C’est exactement ce qu’il a fait hier, dans la grève des transports en commun à Montréal.
C’est un véritable coup de maître qu’a réussi M. Dumont en forçant le gouvernement à bouger. Dès mardi, le chef de l’ADQ a lancé la période de questions sur le sujet, exigeant une attitude énergique de la part des libéraux. Bien assis dans son fauteuil, Jean Charest a laissé son ministre David Whissell répondre mollement qu’on souhaitait une reprise des négociations. Même attitude de la part du PQ, qui s’est intéressé au prix de l’essence au lieu de s’inquiéter de ce conflit qui bouscule des centaines de milliers de Montréalais. Toujours en mode action, Mario Dumont en a remis hier matin en allant donner son appui au maire de Montréal, Gérald Tremblay. Réunis en caucus, les libéraux ont compris qu’ils se dirigeaient vers un fiasco. Ils ont dépêché David Whissell annoncer qu’il donnait 48 heures aux parties pour mettre fin à la grève.
Le ministre aurait été fort malvenu d’aller se coller au maire Tremblay dès hier matin, pendant que son conciliateur tentait de rapprocher les parties. Mais peu importe, c’est à Mario Dumont que les Montréalais donneront le crédit de la fin de ce conflit. Les gens de la région de Québec, qui ont ragé pendant des semaines dans le passé en attendant la fin de conflits dans le transport public, ne manqueront pas de souligner la diligence du gouvernement pour Montréal. Il aura fallu l’intervention d’un politicien de Rivière-du-Loup et d’un caucus qui ne compte aucun député sur l’île de Montréal, pour changer la donne. Cherchez l’erreur !
Ce qui s’est produit hier illustre bien la stratégie de Mario Dumont par rapport aux libéraux et aux péquistes. L’attitude du PLQ et du PQ sur la grève à la STM lui permettra d’affirmer, encore une fois, que libéraux et péquistes, « c’est du pareil au même ».
Le même scénario attend le gouvernement dans le cas du budget qui sera déposé aujourd’hui. Le critique des finances de l’ADQ, Gilles Taillon, a mis la barre tellement haute, hier, qu’il lui sera impossible d’appuyer ce budget. Mario Dumont sait déjà que les péquistes n’auront d’autre choix que d’appuyer le gouvernement, ou à tout le moins de s’abstenir de voter pour éviter le déclenchement d’élections générales. Quelle que soit la décision du PQ, le résultat sera le même : PLQ et PQ, « c’est du pareil au même ».
Notez bien que Mario Dumont ne « brille pas parmi les meilleurs » lorsqu’arrive le moment de proposer des solutions. Même dans le cas du conflit à la STM, il déclarait encore hier matin qu’il était trop tôt pour l’adoption d’une loi spéciale. Mais il
excelle dans l’art de deviner et de faire écho aux griefs de la population.
Indépendamment de la partisanerie, les préoccupations mises de l’avant hier par le critique des finances de l’ADQ, Gilles Taillon, sont bien ciblées : équilibre budgétaire, contrôle de la dette publique, politique tarifaire claire et régularisation des pratiques comptables du gouvernement. Mario Dumont serait bien en peine s’il devait relever lui-même ce défi, mais tout le monde s’entend depuis trop longtemps sur les problèmes de transparence de nos pratiques budgétaires, pour ne pas applaudir aux demandes de l’opposition officielle sur le sujet. Mario Dumont sera d’autant plus à l’aise pour faire pression sur le gouvernement que dans ce domaine comme à la STM, libéraux et péquistes ne se sont pas vraiment démarqués dans le passé. Du pareil au même, quoi.


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