Un signe de maturité

La participation provinciale dans certains aspects des relations internationales du Canada est pertinente, nécessaire et même bienvenue

2006 textes seuls

C'est bon de voir le premier ministre Stephen Harper et le premier ministre Jean Charest discuter d'une présence accrue du Québec à l'UNESCO.
Il s'agit sans conteste d'une nouvelle ouverture dans les relations fédérales-provinciales si une compréhension sincère et authentique se fait jour et par laquelle on reconnaît que les provinces peuvent jouer un rôle important et utile dans les relations internationales du Canada.
La valeur de ce rôle dépend de la manière dont la question est présentée. Si la participation du Québec est perçue comme une déclaration tacite d'indépendance (comme c'était le cas sous le règle du premier ministre Jean Chrétien), cela se traduira inévitablement par des conflits et des confrontations. En revanche, si cette initiative est perçue comme une expression parfaitement appropriée d'un intérêt provincial (dans le cas de l'UNESCO, c'est une affaire de singularité culturelle du Québec), elle pourra s'avérer d'une valeur véritable pour la promotion des intérêts du Canada sur la scène mondiale.
Le fait " d'être à la table " quand il est question de relations internationales ne veut pas dire usurpation des pouvoirs du gouvernement fédéral, qui doit continuer à parler pour le Canada sur la planète. Ce que les provinces demandent, c'est de faire partie du dialogue, d'être comprises au sein de l'équipe canadienne, en particulier dans les questions de compétences provinciales.
L'un des bons exemples est le rôle de Murray Smith, un ancien ministre de l'Énergie de l'Alberta, qui est maintenant le représentant de la province à Washington. Le rôle de M. Smith, mis au point sous le gouvernement Martin, démontre quel parti le pays peut tirer lorsque Ottawa est suffisamment ouvert pour accepter la participation provinciale.
Bien qu'il soit un représentant provincial, M. Smith jouit d'un statut équivalent à celui de ministre-conseiller au sein de l'ambassade du Canada, soit un rang tout juste inférieur à celui d'ambassadeur. À ce titre, il a plein accès aux ressources et au personnel de l'ambassade et il travaille en étroite collaboration avec l'ambassadeur et les autres cadres supérieurs. On sollicite l'avis et les conseils de M. Smith lorsqu'il est question de politique énergétique et lors de négociations et de discussions portant sur l'énergie et le commerce.
Intérêts albertains
De cette manière, les intérêts de l'Alberta sont bien représentés sur une base quotidienne et M. Smith fait partie de l'équipe des hauts responsables canadiens lors des interactions avec les dirigeants à Washington. En outre, étant donné que M. Smith était un politicien avant de devenir un envoyé, il jouit d'une plus grande latitude que l'ambassadeur pour nouer des relations individuelles avec les législateurs américains. M. Smith a peaufiné son style personnel dans le climat politique et économique d'un " Alberta volontariste " qui est bien adapté au contexte américain.
Cet exemple démontre que la définition des " intérêts canadiens " peut être véritablement soutenue et enrichie par une participation provinciale opportune. Même lorsque le Canada participe à des négociations, comme dans le cas du bois d'oeuvre, par exemple, il peut être souhaitable qu'il y ait une présence provinciale efficace dans la rangée de sièges " juste derrière la table " plutôt qu'à la table elle-même. Ainsi, les négociateurs canadiens peuvent avoir accès à l'expertise provinciale à propos d'une question d'un intérêt particulier pour les provinces.
L'Alberta a toujours choisi de partager des bureaux, autant que faire se pouvait, au sein des missions diplomatiques canadiennes alors que le Québec et l'Ontario ont souvent opté pour des bureaux distincts fonctionnant sous une bannière provinciale distincte. Si cette approche peut comporter des avantages dans certaines situations, comme la promotion des échanges commerciaux directs, l'Alberta a pour sa part choisi de fonctionner sous le parapluie canadien à Washington.
L'approche adoptée par le Québec et l'Ontario évoquée ci-dessus ne doit pas empêcher la coopération et la participation dans quelque engagement fédéral-provincial que ce soit dans le domaine des relations internationales où des intérêts provinciaux sont en jeu et où le Canada peut profiter de l'expertise provinciale.
Bien sûr, le Québec souhaite une participation accrue au sein de l'UNESCO. Le Québec devrait pouvoir se joindre à l'Alberta et aux autres provinces intéressées par les discussions internationales relatives à des questions telles que les changements climatiques, l'environnement, la politique d'immigration, les traités commerciaux, y compris les mécanismes prévus en cas de différend et leur application. La liste des intérêts potentiels est longue.
Pour que cela se produise, le premier ministre doit souligner clairement que la participation provinciale dans certains aspects des relations internationales est pertinente, nécessaire et même bienvenue. C'est un signe de maturité, d'évolution et d'ouverture dans notre système fédéral de gouvernance que de savoir gré aux intérêts spéciaux et de profiter des forces particulières des provinces dans une grande partie des engagements internationaux du Canada.

Squared

Ken Chapman2 articles

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L'auteur dirige Cambridge Strategies Inc. un groupe-conseil albertain en politique publique.





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