« FÉLICITATIONS ET MERCI, MICHEL TREMBLAY! »

2006 textes seuls

(Version intégrale)
Que diable! Mais qu'a donc dit Michel Tremblay pour soulever autant de poussière dans la chaumière des souverainistes? Regardons de plus près ce que La Presse nous révèle dans l'article paru à la une le matin du 10 avril...
J'ai lu et relu l'article en question. Nulle part, je n'y ai trouvé un seul énoncé de Michel Tremblay qui aurait pu justifier Gesca à titrer l'article: « Je ne crois plus à la souveraineté ». Et donc à faire dire à Michel Tremblay, ce qu'il n'a jamais dit. Et bien sûr, Gesca continue et continuera de prétendre que ses journaux ne font qu'informer le public d'une façon neutre, objective et impartiale...
Mais revenons à Michel Tremblay : « Tant et aussi longtemps que l'économie sera placée en première place, on ne fera jamais la souveraineté. » Je suis d'accord avec lui! Une des raisons essentielles qui justifie que le Québec devienne un pays, c'est parce que nous sommes la seule nation d'expression française en Amérique. Le français, c'est le fondement de notre culture! Le français, c'est le fondement de notre identité nationale! C'est parce que nous parlons français que nous voulons l'indépendance! Sans cette présence du fait français et d'une culture originale et distincte sur le sol québécois, jamais le mouvement indépendantiste n'aurait autant progressé au Québec. Que dit Michel Tremblay? « Ce qui m'a mené à devenir séparatiste à l'époque, c'était le fait de dire : on est français! »
Joseph Facal, dans une chronique intitulée [« L'essence des choses »->901], abonde dans ce sens : « Fondamentalement, le mouvement souverainiste fut fondé afin que la majorité francophone du Québec cesse d'être une minorité entretenue, qu'elle se donne les moyens d'être pleinement responsable et qu'elle puisse assurer l'épanouissement de son identité culturelle. C'est ça et rien d'autre, l'essence du combat indépendantiste. »
Pourtant, [l'Office québécois de la langue française a démontré que le français est menacé!->61] Il a rendu publique une étude en mai 2005 et ses conclusions sont claires : entre 1971 et 2001, l'anglais a progressé au Québec, et le français, lui, a reculé! Malgré la loi 101! L'étude prévoit même que le français sera minoritaire à Montréal d'ici 10 ans! Et puisqu'il s'agit de l'essence du combat indépendantiste, nous, du Parti Québécois, nous avons la responsabilité de nommer les choses et surtout nous devons proposer des solutions concrètes pour assurer la pérennité du français à Montréal, au Québec et en Amérique. Il y a loin de la coupe aux lèvres...
Michel Tremblay pense que la souveraineté est devenue une question d'argent : « Tant et aussi longtemps que l'économie sera placée en première place, on ne fera jamais la souveraineté. » Rien ne peut illustrer autant le propos de Michel Tremblay que notre obsession à parler du déséquilibre fiscal. Il est d'ailleurs fascinant que beaucoup de commentateurs aient justement pensé spontanément au déséquilibre fiscal en lisant les réflexions de Michel Tremblay.
Par exemple, [Yves Boisvert écrivait dans sa chronique du 12 avril->889] : « Michel Tremblay a raison. C'est bien beau le déséquilibre fiscal, mais ce n'est pas ça qui fait brailler les foules au Centre Paul Sauvé. Ce n'est pas ça non plus qu'on inscrit dans le préambule de la constitution d'un nouveau pays. Attendu que le peuple québécois en avait marre du déséquilibre fiscal...». Plus loin, Yves Boisvert rajoute que le déséquilibre fiscal, « fondamentalement, procède d'une logique fédéraliste! »
En effet, la rhétorique du déséquilibre fiscal nous enferme dans une logique " provincialiste " puisqu'elle nous condamne à exiger du gouvernement fédéral qu'il agisse à la place du gouvernement québécois dans toutes les sphères d'activité qui touchent le quotidien des Québécois. Ainsi, lorsque nous, du Parti Québécois, nous sommes au pouvoir, le déséquilibre fiscal devient un prétexte pour ne pas agir en fonction des attentes, des aspirations et des besoins des citoyens du Québec. Il existe pourtant une foule d'enjeux qui exigent des interventions urgentes et immédiates. Et la population québécoise s'attend de son gouvernement national, élu démocratiquement, qu'il apporte des solutions qui amélioreront la qualité de vie de tous les citoyens. Il est toutefois normal que le gouvernement provincial et fédéraliste de Jean Charest demande au gouvernement fédéral de régler le déséquilibre fiscal. C'est ainsi qu'il perçoit son rôle et il croit avoir été élu pour ça!
La logique souverainiste est tout autre. Un gouvernement souverainiste est élu pour mener le Québec à une totale prise en charge de toutes nos affaires collectives justement pour agir en fonction des intérêts de la nation québécoise. Nul doute que les considérations économiques, financières, comptables, budgétaires cherchent à effacer les valeurs sociales et humaines qui sont aussi des fondations sur lesquelles les nations libres et démocratiques se construisent.
Par exemple, nous avons constaté une augmentation inquiétante du nombre d'enfants en difficulté ces dernières années. Nous savons qu'il faut mettre en place des ressources professionnelles adaptées aux besoins de ces enfants. L'incapacité des pouvoirs publics pour résoudre cette situation est en soi scandaleuse, d'autant plus qu'il est démontré que plus on intervient tôt pour aider ces enfants, plus on améliore leur chance de s'en sortir. L'approche comptable en vertu de laquelle nous n'aurions pas l'argent pour aider ces enfants aujourd'hui nous condamnera à payer 10 $ un peu plus tard pour chaque dollar épargné aujourd'hui, mais surtout, nous aurons condamné des humains à être des esclaves plutôt qu'à devenir des citoyens libres et heureux. Cela représentera des centaines de millions de dollars en prestations d'aide sociale seulement.
Un autre exemple des absurdités de l'approche comptable : nous fermons des écoles élémentaires autant en ville qu'en région éloignée pour économiser de l'argent sans se préoccuper des conséquences économiques, sociales et culturelles pour les communautés concernées.
L'absurdité absolue consiste à nous faire croire, justement au nom d'un certain économisme, de la mondialisation, de la compétitivité du Québec, que nous aurions besoin de deux centres hospitaliers universitaires à Montréal! Tout à coup, on a assez d'argent pour construire deux mégas-hôpitaux alors que nous n'aurions pas les moyens de nous occuper des jeunes pris en charge par la DPJ, des personnes âgées en perte d'autonomie, des enfants en difficultés et j'en passe...
Notre responsabilité, comme formation politique, consiste justement à concevoir une plate-forme électorale, un programme de gouvernement, qui mobilisera la population autour de mesures concrètes et audacieuses et qui lui inspireront confiance et lui redonneront de l'espoir. Un gouvernement souverainiste doit agir chaque jour pour construire la société humaine, généreuse, libre, prospère, française et inclusive que nous voulons. Un gouvernement souverainiste devra agir pour mettre le développement économique au service de tous les Québécois plutôt que de mettre les Québécois au service de l'économie et ainsi permettre aux privilégiés de continuer de s'enrichir sur notre dos!
Il faudra se comporter en gouvernement national; c'est-à-dire en gouvernant de façon à ce que le Québec se rapproche un peu plus chaque jour de sa pleine et entière autonomie politique et économique; c'est-à-dire en gouvernant de façon à améliorer chaque jour la qualité de vie des citoyens et des citoyennes.
En terminant, je tiens à remercier Michel Tremblay pour sa contribution pertinente et tout à fait appropriée au débat sur l'avenir du Québec. On ne dira jamais assez que nos artistes, nos écrivains, nos chanteurs ont toujours exprimé notre fierté d'être Québécois, de parler et de chanter en français, de vivre en français. C'est Félix Leclerc qui disait : « le Québec est un pays divisé, excepté quand il chante. » On dira peut-être un jour que c'est la contribution de l'écrivain Michel Tremblay qui nous aura donné un nouvel élan qui nous mènera au pays!
Jean-Claude St-André, député de L'Assomption

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M. St-André avait été élu député du Parti québécois dans L'Assomption à l'occasion d'une élection complémentaire en juin 1996. Il avait été réélu en 1998 et 2003, puis battu en 2007.





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