Rodage électoral

Québec - prochaines élections 2007

Éditorial - Qu'il y ait des élections générales cet automne ou au printemps n'y changera rien : le discours électoral de Jean Charest est écrit. Le chef libéral le rode. Il le peaufine de sortie en sortie.
Ce discours, M. Charest l'a livré plus clairement que jamais devant les jeunes libéraux, dimanche à Saint-Augustin. Il le répétera à peu près tel quel jusqu'à ce qu'il convoque les Québécois aux urnes.
Il le modifiera, mais seulement pour y ajouter quelques paragraphes. Par exemple, sur l'apport financier supplémentaire que son gouvernement consentira aux collèges et aux universités. Sinon, il se contentera de l'adapter aux circonstances.
Mais les thèmes sont là. Les arguments de campagne aussi.
Si ce n'est déjà fait, l'entourage d'André Boisclair devrait s'en procurer une copie. Pas parce que cette allocution a été prononcée de façon magistrale. Là-dessus, le leader libéral a été égal à lui-même. Les moments de passion ont été plutôt rares.
Si le chef péquiste doit y jeter un oeil, c'est pour voir venir les coups et - qui sait ? - préparer les parades.
Vous vous souvenez des 771 millions $ de pertes à la SGF, des dépassements de 265 millions $ à l'usine Gaspésia, des 179 millions $ du métro de Laval (alors que les coûts réels se situent à plus de 800 millions $), du "trou" budgétaire de plus de 4 milliards $ ? Le chef libéral, lui, s'en souvient très bien ! Il en a fait ses choux gras devant les jeunes libéraux.
Pourquoi ce "gâchis" péquiste, selon lui ? Parce que le PQ est "obsédé" et "aveuglé" par son option souverainiste. C'est simpliste, mais efficace dans un débat des chefs...
Et la "bonne gestion" libérale ? Jean Charest a fait valoir qu'elle est à l'origine de l'entente sur l'équité salariale, de la hausse de la cote de crédit du Québec, du Fonds des générations, du pacte fiscal avec les municipalités, etc. Ce n'est pas faux, mais disons qu'il prend quelques raccourcis en soutenant que "les résultats sont au rendez-vous".
Ce n'est pas devant les jeunes libéraux que Jean Charest a parlé des promesses de baisses d'impôt non réalisées. Non plus que du cafouillage autour du financement des écoles juives ou de la saga entourant la vente d'une partie des terrains du mont Orford. Ni de l'impossibilité pour les provinces de s'entendre sur la façon de régler ou même d'atténuer le déséquilibre fiscal.
Cela dit, André Boisclair doit s'inquiéter de voir que son adversaire libéral maîtrise mieux que jamais ses dossiers. Le fruit de l'expérience, sans doute. Et avec quelle facilité il s'est emparé de ceux dont lui-même espérait faire sa marque de commerce : l'éducation et l'environnement.
Sur l'éducation, on est encore loin du réinvestissement promis par les libéraux. Mais peu de Québécois reprocheront à Jean Charest de combler une partie des besoins sans attendre Ottawa. Surtout que M. Boisclair n'a jamais dit de quelle façon il parviendrait à financer plus adéquatement les réseaux collégial et universitaire.
Sur l'environnement, on n'a pas fini d'entendre le premier ministre se féliciter des applaudissements que Greenpeace et David Suzuki ont réservés à son plan d'action sur les changements climatiques. Là-dessus, tout ce que pourra faire André Boisclair, ce sera de dénoncer l'irresponsable abandon du Protocole de Kyoto par le gouvernement Harper.
André Boisclair devra présenter des propositions étoffées s'il veut faire mieux que Bernard Landry en 2003. Il aurait tort de miser sur l'échec des négociations sur le déséquilibre fiscal. Car une fois le résultat connu, il y aura autant de Québécois qui jugeront le verre à moitié vide qu'il y en aura qui l'estimeront à moitié plein.
jmsalvet@lesoleil.com


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