Deux retours d'Europe

Québec - prochaines élections 2007


Notre premier ministre et notre chef de l'opposition rentrent au travail, ce matin, après un voyage en Europe. Juste à temps pour le dernier droit avant l'élection générale qui devrait avoir lieu en mai. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne sont pas dans le même état d'esprit.
Jean Charest rentre de Davos, une sortie qui est toujours bonne pour l'image d'un premier ministre puisqu'on peut y rencontrer - et se faire photographier avec - toutes sortes de célébrités. Il est optimiste, peut-être même un peu trop.
Aux députés de son caucus, juste avant son départ, il avait confié qu'il n'attendrait pas que les sondages montrent une victoire libérale assurée avant de déclencher les élections. En fait, si les deux partis devaient être à égalité - ce qui, normalement, donne une majorité de sièges au PQ - ce serait bien suffisant pour M. Charest.
Pour deux raisons. D'abord parce que M. Charest n'a pas envie d'attendre à la cinquième année de son mandat pour déclencher les élections, parce qu'un gouvernement perd alors la maîtrise de la situation. Une cinquième année de mandat, le plus souvent, c'est comme un tour de bobsleigh : ça va vite et ça descend tout le temps.
Dans les circonstances, M. Charest n'attendra pas, et veut y aller dès ce printemps, même si toutes les ficelles ne sont pas encore attachées.
La deuxième raison, c'est que M. Charest croit que même s'il partait à égalité avec le PQ, il serait capable de gagner du terrain sur André Boisclair en cours de campagne. La stratégie de M. Charest est claire, il veut transformer la prochaine élection en référendum sur André Boisclair. Ce qui n'est pas sans risque.
Mais M. Charest semble avoir toute confiance en ses moyens. Peut-être un peu trop puisqu'on sait que Jean Charest est redoutable en campagne électorale quand il est dans l'opposition, mais on n'a aucune idée de ce qu'il fera quand il devra défendre son bilan puisque ce sera la première fois, dans une déjà longue carrière, qu'il aura à le faire.
Si les libéraux affichent un bel optimisme, c'est loin d'être le cas au PQ. André Boisclair rentre de Paris pour trouver un parti en proie au doute quant à son chef et avec une aile gauche qui est proche de la révolte ouverte.
Comme pour faire exprès, M. Boisclair doit rencontrer les cadres de son parti samedi prochain lors d'une Conférence des présidents, la nouvelle version de ces Conseils nationaux qui ont toujours été la hantise des chefs péquistes.
Le danger, c'est que M. Boisclair a tellement tardé à se mettre en mode électoral qu'il sera peut-être trop tard lorsque la campagne électorale formelle sera déclenchée.
Ça ressemble un peu à ce qui est arrivé au candidat démocrate John Kerry lors de l'élection présidentielle américaine, il y a deux ans. M. Kerry a trop tardé à répondre aux attaques sur ses capacités de leadership et quand il s'est réveillé, il était trop tard. On l'a faussement accusé d'avoir menti sur son service militaire au Vietnam, quand il a été décoré pour bravoure alors qu'il commandait un swift boat. C'est même devenu un verbe : se faire swiftboater, ce qui signifie se faire attaquer sans répondre.
À la fin de la session, tous les ministres libéraux, à commencer par M. Charest, ont accusé M. Boisclair de manquer de maturité et de jugement. La réponse de M. Boisclair n'est jamais venue. Elle était pourtant simple : quand on a fait des erreurs comme les écoles juives, le Suroît ou Orford, on ne donne pas de leçons de jugement aux autres.
En fait, la dernière chance du chef péquiste serait de répondre sur le même ton et de répéter inlassablement les bévues de M. Charest depuis le début de son mandat, depuis les baisses d'impôts que l'on n'a jamais vues, aux remaniements ministériels ratés, à la vente d'un parc national qui est en train de tourner en eau de boudin. Pour cela, il faut faire du judo et se servir du mouvement de l'adversaire pour le renverser : si on doit parler du jugement du chef de l'opposition, alors on va aussi parler de celui du premier ministre.
Un mot, en terminant, sur l'ADQ. Mario Dumont fait pas mal de bruit, ces jours-ci, mais c'est surtout parce qu'il choisit de dire à certains groupes exactement ce qu'ils veulent entendre. Le dernier exemple, c'est de s'entourer des maires de quatre des plus petites villes défusionnées de l'ouest de l'île de Montréal pour promettre l'abolition des conseils d'agglomération.
Pour la chance, bien mince, d'arracher une couple de comtés aux libéraux, il vient de se mettre à dos à peu près tout le reste de la région de Montréal. Le même Mario Dumont, qui, à l'époque, était contre les fusions partout... sauf à Montréal. Pas fort.
Pour joindre notre chroniqueur : mcauger@lesoleil.com


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