Boisclair recule, Charest attend

Québec - prochaines élections 2007


Je veux bien croire qu'André Boisclair soit en train de prendre ses distances du programme du Parti québécois sur les étapes préalables à la tenue d'un référendum. Et je veux bien croire qu'il manque un peu de transparence. Mais soyons réalistes : depuis quand un politicien a-t-il l'obligation de donner des armes à ses adversaires en dévoilant prématurément les détails d'un programme politique controversé ?
Dans un monde idéal, les politiciens devraient être d'une parfaite transparence, mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. La politique, c'est un peu comme la guerre : on ne dévoile pas ses plans à l'adversaire.
Les libéraux aimeraient voir le chef du PQ révéler son plan de transition vers la tenue d'un référendum. S'il en a un !
Mais quand on y pense bien, c'est d'abord aux membres du PQ, qui ont adopté leur programme en juin 2005, que M. Boisclair a des comptes à rendre. S'il ne respecte pas ce programme pour des raisons électoralistes, on trouvera bien des militants pour lui en faire le reproche au prochain conseil national du Parti, les 28 et 29 octobre à Québec. Les péquistes ne sont pas gênés. Même s'il s'agit d'un "conseil national thématique" sur l'environnement, c'est de référendum et de souveraineté qu'on parlera dans les corridors et devant les caméras.
Pour le reste, les Québécois sont suffisamment avertis pour reconnaître, chez M. Boisclair, les hésitations habituelles des leaders péquistes qui mettent un bémol sur leurs convictions à l'approche des élections afin de ne pas effrayer l'électorat. On nous a fait le coup à plusieurs reprises. Jacques Parizeau a été le seul à ne pas tomber dans ce modèle, mais M. Boisclair n'a pas son audace... ou sa témérité.
Les reproches des libéraux, à l'endroit du présumé recul d'André Boisclair, ont ramené à l'avant-plan les intentions du gouvernement Charest sur d'éventuels changements constitutionnels. Le ministre Benoît Pelletier a fait sourire la presse parlementaire, jeudi, en déclarant que le gouvernement attendra d'avoir l'assurance d'un succès, avant de demander une réouverture du dossier constitutionnel. Ce qui a fait dire aux journalistes que le gouvernement attendrait d'avoir réuni "les conditions gagnantes".
"Ce sont vos mots, pas les miens", a rétorqué M. Pelletier.
Conclusion des journalistes présents : libéraux et péquistes sont tout aussi imprécis sur leurs intentions. M. Boisclair promet un référendum "le plus tôt possible durant le prochain mandat", mais ajoute qu'il ne fera pas de référendum s'il n'a pas l'assurance de gagner. M. Pelletier dit que son gouvernement a "l'ambition" de lancer une nouvelle ronde constitutionnelle, mais qu'avant de déclencher une telle opération, "il faut bien préparer le terrain (...) pour assurer au maximum le succès du Québec dans le dossier".
On m'accusera de cynisme, mais comme dirait Mario Dumont, PQ-PLQ, c'est la même chose. Libéraux et péquistes ne lanceront pas le Québec dans un débat constitutionnel ou référendaire au cours du prochain mandat.
À moins, évidemment, d'avoir réuni "les conditions gagnantes".
Lucien Bouchard a reçu un doctorat honorifique de l'Université de Montréal jeudi soir.
Question : qu'est-ce qu'on attend, à l'Université Laval, pour accorder la même distinction à nos anciens premiers ministres ? Après tout, une université qui a diplômé des premiers ministres devrait s'en glorifier un peu, non ? Or, Lucien Bouchard, Brian Mulroney et Jean Chrétien sont des diplômés en droit de Laval.
Vérification faite, la politique officielle de l'Université Laval exclut du doctorat honorifique les gens qui font encore de la politique active. MM. Bouchard, Mulroney et Chrétien ont quitté la politique.
Toujours à Laval, on spécifie que la candidature de chefs d'État "peut être considérée". Mais le chef d'État au Canada, c'est le gouverneur général ! Est-ce à dire que seule Michaëlle Jean peut recevoir une telle distinction ?
Laval devrait dépoussiérer un peu certaines de ses politiques. À moins qu'on ne préfère attendre que les gens soient morts et enterrés avant de saluer leur contribution. Pour être bien, bien, bien certain qu'ils ne font plus de politique...
Blague à part, je peux comprendre que certains anciens politiciens prêtent encore à controverse. C'est certainement le cas de Jean Chrétien, à cause des retombées récentes du scandale des commandites. Dans ce cas, on peut attendre un peu. Mais il y a déjà un bout que MM. Bouchard et Mulroney ont quitté la politique active.
À Montréal, on a moins de réserves envers les politiciens. "À travers l'honneur qui est conféré aujourd'hui à Lucien Bouchard, l'Université de Montréal souhaite témoigner de son admiration pour l'homme d'État, pour le juriste accompli et sa contribution remarquable à notre société et à l'édification d'un Québec contemporain plus juste", a déclaré le vice-recteur Jacques Frémont en décernant un doctorat honoris causa au fondateur du Bloc québécois et ancien premier ministre du Québec.
Pour joindre notre chroniqueur : glavoie@lesoleil.com


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