Réplique à M. Louis Bernard

PQ - des réponses insuffisantes

C’est le refus d’aborder ces aspects de la question qui explique, à mon avis, pourquoi beaucoup d’indépendantistes estiment que le Parti Québécois ne parle plus de l’indépendance.

PQ - stratégie revue et corrigée

M. Louis Bernard,
Nous sommes beaucoup de souverainistes qui ont le sentiment que le Parti
Québécois ne parle pas suffisamment de la question de l’indépendance du
Québec. Selon vous l’explication en est qu’appelé par les circonstances à
gouverner le Québec, le Parti Québécois a développé un programme de
gouvernement qui, avec le temps, a pris le pas sur la nécessité de faire
la promotion de l’indépendance. Je ne partage pas cette explication.
Tout d’abord, qu’est-ce qui constitue un discours indépendantiste ? Au
cours des années, les thèmes ont varié selon les objections soulevées par
les adversaires de la souveraineté. Au début, les principales objections
étaient de nature identitaire et économique. Selon Trudeau, la nation
québécoise n’existait pas, tout au plus une société civile particulière, ce
qui a donné naissance au concept de la société distincte. Le débat sur la
capacité financière et économique du Québec indépendant a également pris
beaucoup d’espace durant de nombreuses années.
Lorsque les Parizeau, Lévesque et autres ténors discouraient sur ces
thèmes, le Parti Québécois parlait de l’indépendance du Québec. Pourtant,
certains de ces débats sur l’économie étaient plutôt ternes et difficiles
à comprendre pour la majorité des Québécois. Souvenez-vous du concept de
l’élasticité sur lequel Parizeau a trébuché !
Mais ces aspects du débat sont maintenant classés. Ils se sont terminés à
l’avantage des indépendantistes puisque la nation est reconnue et que les
adversaires admettent que le Québec a les moyens de réaliser
l’indépendance.
Les adversaires ont développé de nouvelles objections qui portent sur la
clarté du processus référendaire et sur la divisibilité du territoire
québécois advenant l’indépendance. Le Parti Québécois se contente de
répliquer à ces objections des positions de principe. Sur la question de la
clarté, le Parti Québécois rétorque que la décision appartient au peuple
québécois et que le processus relève de l’Assemblée nationale. Sur la
divisibilité du territoire québécois, le Parti se contente d’affirmer le
principe de l’intégrité du territoire en vertu de la Constitution
Canadienne et de la jurisprudence internationale.
C’est tout à fait insuffisant pour rassurer les personnes de bonne foi sur
la portée du résultat d’un éventuel référendum et sur les craintes
suscitées par les problèmes d’unité nationale du Québec indépendant. Or le
Parti Québécois refuse de reconnaître la valeur de ces objections sur le
plan politique. Il est indéniable que les Québécois s’interrogent sur ces
questions et qu’ils estiment ces positions du Parti Québécois irréalistes.
C’est le refus d’aborder ces aspects de la question qui explique, à mon
avis, pourquoi beaucoup d’indépendantistes estiment que le Parti Québécois ne parle plus de l’indépendance. Cela n’a rien à voir avec la nécessité de
défendre et de promouvoir un programme de gouvernement. Sans doute le Parti
Québécois craint que ces débats dérapent de façon incontrôlée. Les Parizeau
et autres ténors de l’indépendance ne se sont jamais censurés pour de
semblables considérations dans des débats dont les thèmes prêtaient tout
autant à des dérapages.
Gilles Laterrière
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2007

    Un ajout important: n'oublions pas que c'est Louis Bernard qui nous a fait avaler l'APPROCHE COMMUNE. Il n'a rien d'un patriote, bien au contraire.
    Claude Jodoin,
    Boca Raton FL.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 avril 2007

    Ce nationalisme désincarné qui détruit le PQ
    Nier ce que nous sommes, nier le bagage culturel qui nous a façonnés, regarder de haut notre passé ou même prétendre sauter dans l'avenir par la brisure avec notre héritage, c'est faire fausse route.
    Le fait est que la culture canadienne-française et la religion catholique font partie de notre héritage. Ces deux composantes sont la souche distinctive qui a fait naître les Québécois à travers les vicissitudes de l'histoire.
    N'en déplaise à quelques personnes, même si un certain nombre de nouveaux arrivants se sont greffés à notre peuple et au projet d'indépendance en cours de route, il n'en demeure pas moins que ce sont les Québécois canadiens-français, les Québécois de souche, qui sont les porteurs du projet d'indépendance pour le Québec.
    La réalité crue est que personne ne parlerait d'un peuple québécois sans les Canadiens-français du Québec, plus tard appelés Québécois. Les Canadiens-français se meurent partout au Canada. Les arrangements politiques au cours de l'histoire ont été faits à l'avantage du conquérant.
    C'est-à-dire que politiquement, les Canadiens-français ont été amenés à la division. Présentement il y a seulement au Québec qu'il est encore possible (pour combien de temps étant donné 700000 nouveaux venus en seulement 10 ans sur une population d'à peine 7 millions. C'est de l'invasion interstitielle comme au Tibet) numériquement pour les Canadiens-français de se donner un pays. Dans chaque autre province les Canadiens-français sont en minorité. Ils ne peuvent pas y penser.
    De façon concrète la réalité de la nation canadienne-française ou de la nation québécoise est bafouée au Québec et partout au Canada. Il est significatif que désormais nous n'entendons plus l'expression Canadien-français ou Québécois pour parler de nous mais bien de Québécois de souche et de plus en plus de Québécois francophone. Un peu comme on dit les anglophones, les hispanophones,... Or il y a davantage que la langue qui nous distingue. Il y a tous les traits culturels faisant notre culture.
    C'est bien parce que nous avons une culture que nous formons une nation. N'est-ce pas? Donc vous voyez que dans les faits c'est notre réalité nationale qui est niée et que l'on veut nier. Le pire c'est qu'au PQ notre culture héritée ne pèse pas lourd. De mon côté Le PQ perdra mon vote s'il ne s'ajuste pas sérieusement dans son approche. Des gens de mon entourage ont laissé tomber le PQ exactement pour ces raisons. Ils ne sentent plus que le PQ les représente comme peuple!
    Je n'exige pas que tous les souverainistes soient pratiquants ou grands croyants mais je requiers que le passé de notre peuple soit respecté tel qu'il a été et que l'on cesse de vouloir gommer la composante identitaire de notre peuple. Que les discours et les gestes posés fassent en sorte de montrer que nous sommes un peuple bien adapté au temps présent, ouvert à l'avenir mais en même temps fidèle à son passé.
    Autrement ne parlons plus du peuple québécois. Préparons-nous plutôt à parler de feu le peuple québécois.
    Soyons clairs. Si vous continuez d'enlever la composante identitaire du projet souverainiste, dites adieu à l'indépendance.
    Richard Caisse