On a les héros qu’on mérite

Autant M. Philpot est respectable par sa rigueur et son honnêteté intellectuelles autant la campagne de marketing de Roméo Dallaire est méprisable.

Tribune libre - 2007


Je me souviens de mon sujet de philo au bac international : Pourquoi les
Hommes ont-ils besoin d'un héros? Je trouve une réponse 30 ans après, en
voyant le succès du général Roméo Dallaire. J'enlève volontairement son
titre de général... Roméo Dallaire n'a serré que la main de son diable à
lui. C'est à dire son incompétence prouvée dans les faits et par ses
contradictions.
M. Dallaire n'hésite pas à se contredire oralement mais
aussi par écrit comme le révèle Robin Philpot dans sa critique parue dans
l'Aut'Journal (28 octobre 2007) et dans son émission à CIBL (22 octobre
2007). Autant M. Philpot est respectable par sa rigueur et son honnêteté
intellectuelles autant la campagne de marketing de Roméo Dallaire est méprisable.
De toute évidence, on préfère la médiocrité d'un Dallaire à
l'intelligence d'un Philpot (que les médias n'ont pas hésité à lyncher lors
des dernières élections provinciales). N'avons-nous pas d'autres héros
québécois qu'un général qui a manqué à tous ses devoirs comme en attestent
les témoignages de personnalités étrangères telles que le colonel belge Luc
Marshall, l'ancien secrétaire des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali,
Jacques-Roger Booh-Booh (le patron de Dallaire) et le général canadien
Lewis MacKenzie, pour n'en citer que quelques-unes?
Je conseille d'ailleurs
fortement à tous les Canadiens de lire le livre de Booh-Booh Le patron de
Dallaire parle : Révélations sur les dérives d'un général de l'ONU au
Rwanda
aux Éditions Duboiris et les livres de Robin Philpot Ça ne s'et pas
passé comme ça à Kigali
et Rwanda : crimes, mensonges et étouffement de la
vérité
(Les Intouchables).
Peut-être ressortiront-ils de ces lectures avec
un avis plus circonstancié et pourront-ils décider en meilleure
connaissance de cause du choix de leur héros.
En attendant, Dallaire reste
le héros des Canadiens comme en atteste le box office (plus d’un million
d’entrées). Et le mot d’ordre est : touche pas à mon pote! Un jugement
purement émotionnel, dépourvu de toute réflexion qui fait qu'on a les héros
qu'on mérite.
Claude Herdhuin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2008

    La sortie du film de Dallaire m'avait inspiré ce texte dans le cadre de mon cours "d'écriture et médias"
    Je serai la main du Diable
    Plus fidèle de la réalité, c'est ainsi que Roméo Dallaire voulait l'adaptation cinématographique de son best-seller « J’ai serré la main du Diable ». Comme nous le savons tous (j’imagine), on y relate les horreurs qu’il a vécues, en 1994, alors qu’il dirigeait la MINUAR (Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda).
    Depuis la sortie du film, du plateau de G.A. Lepage à la barre des témoins au tribunal de Montréal, l’honorable Dallaire se tue, à la manière d’un infatigable pèlerin, à enfuir dans la mémoire collective le souvenir d’un drame qu’il dit n’avoir pu éviter. Ne trouvez-vous pas qu’à force de répéter, les gens en redemandent, et l’histoire finit par plaire? Qu’est-ce qui les intéresse tant dans ce récit pour qu’ils envahissent encore les salles de cinéma dès la sortie d’une nouvelle version? Comme s’il fallait en faire une surdose afin de parvenir à saisir la gravité de ce qui s’est passé dans les collines rwandaises en 1994.
    Il ne s’agit pas ici de minimiser l’importance de garder vivant le souvenir de cette tragédie. Mais le statut de héros qu’on colle à Roméo (qu’il ne semble pas vraiment détester) et son affirmation de vouloir faire connaître l’histoire du Rwanda m’agacent un peu. La fascination populaire généralisée pour une action salvatrice orchestrée par l’ex-commandant entraîne un effet pervers : elle détourne les projecteurs de la vraie scène.
    Que savez-vous aujourd’hui du Rwanda pré et post génocide? Ce n’est pas qu’un pays d’Afrique où les indigènes s’éliminent sauvagement à coups de machette. Voyons donc! Mais comment voulez-vous qu’il en soit autrement lorsqu’on se limite à apprendre l’histoire d’une contrée lointaine à travers les seules lunettes teintées d’un général qui reconnaît avoir failli à sa mission.
    Allez le voir, le dernier-né du récit de Roméo, vous ne perdrez rien. Ce que vous gagnerez, je l’ignore. Toutefois, ne vous fiez pas trop à la seule main du Diable qui a écrit à l’encre brillant ce conte que nous nous plaisons à gober. Souvenez-vous surtout, à beau mentir qui vient de loin…