On n'est jamais si bien trahi que par les siens

Réaction à l'article de Christian Dufour "De la Flandre au Québec"

Tribune libre - 2007

C. Dufour a écrit récemment un article dans la rubrique opinion du Devoir.
Il se glorifie d'un certain passage en Belgique où, invité par qui?, il a
proféré un discours sur le combat flamand et la cause québécoise. Il serait
bon qu'il lise ces lignes qui font titre dans Le Soir de ce jour. Il
comprendra mieux ce qui différencie l'hospitalité québécoise et le fascisme
flamand
***
L’Europe s’inquiète des critères linguistiques
BELGIQUE - La Commission européenne annonce son intention d’analyser les dispositions
légales permettant à la commune de Zaventem de réserver l’acquisition de
terrains à bâtir aux seules personnes s’exprimant en néerlandais ou qui
suivent des cours de néerlandais dans une école reconnue." in Lesoir.be du jeudi 20.12.2007, 15:02
***
ci après l'article de Christian Dufour, visé par mon commentaire

Opinion
[De la Flandre au Québec ->10792]

Christian Dufour, Chercheur à l'ENAP
Le Devoir, mercredi 12 décembre 2007

L'auteur a prononcé récemment un discours à Bruxelles lors d'une
conférence sur les enjeux actuels de la société québécoise, dans le cadre
d'une «Vitrine du Québec en Flandre» organisée par le ministère des Relations iinternationales du Québec.
***
"Le français ayant l'importance que l'on sait ici, les Québécois
s'identifient souvent de façon automatique aux Wallons francophones dans le
conflit qui les oppose en Belgique aux Flamands néerlandophones. Ceux qui
connaissent ce pays savent pourtant que c'est avec ces derniers que les
similitudes historiques, politiques et identitaires sont les plus
nombreuses. Les Wallons, eux, ressemblent parfois de façon troublante aux
Canadiens anglais. Un exemple parmi d'autres: la question que certains
Wallons posent ces temps-ci aux Flamands -- «Où voulez-vous en venir au
juste?» -- ne manque pas de rappeler le «What does Québec want?» que le
reste du Canada a longtemps posé au Québec.
Comme les francophones au Québec, les Flamands ont été dominés et humiliés
par une minorité condescendante, leur langue a été méprisée, et ils ont
porté longtemps tout le poids du bilinguisme. Comme les Québécois par
rapport aux Français, les Flamands ont parfois été considérés par leurs
voisins néerlandais, dont ils partagent la langue, comme des provinciaux
sympathiques mais un peu rustres. Comme les Québécois, enfin, ils ont joui
ces dernières décennies d'une éclatante revanche, notamment économique; ils
sont devenus maîtres chez eux, sans avoir proclamé jusqu'à présent leur
indépendance.
Différences marquées
Au-delà de ces ressemblances, il y a évidemment des différences, des
différences intéressantes en ce qu'elles font ressortir la spécificité
identitaire du Québec. Une des plus importantes est sans doute la franche
rancune que les Flamands semblent éprouver, aujourd'hui encore, à l'égard
des Wallons.
Le poids du passé apparaît plus négatif en Belgique qu'au Québec. Ce n'est
pas «Je me souviens» mais «Je leur en veux! Je leur en veux!» que les
automobilistes flamands pourraient inscrire sur les plaques
d'immatriculation de leurs voitures. Une autre différence tient au
caractère extrémiste et xénophobe des partis politiques qui réclament
l'indépendance de la Flandre: cela les rend inaptes à rendre compte des
aspirations d'une majorité flamande imprégnée d'un nationalisme moins
radical. Malheureusement pour cette majorité, le nationalisme tout court a
mauvaise presse en Europe, souvenir du dérapage nazi oblige.
Si on ajoute que les Flamands ont manifestement de la difficulté à se
sentir fiers de ce qu'ils sont sur le plan identitaire, cela rend le défi
qui est maintenant le leur difficile à relever: s'affirmer politiquement de
façon positive. On est loin d'un mouvement nationaliste québécois pour
l'essentiel modéré et positif, que nos interlocuteurs flamands ne manquent
pas de nous envier, de Québécois qui n'en finissent plus pour certains de
se sentir fiers, à coup de Céline Dion, de Cirque du Soleil ou de
Bombardier, sous le regard ému de tous les Bernard Landry de la Belle
Province.
Et Bruxelles?
Dans le contexte de la crise politique qui secoue la Belgique depuis six
mois, on a fait ressortir la séparation de plus en plus prononcée existant
entre les Wallons et les Flamands: frontière linguistique hermétique,
disparition des partis politiques, d'une opinion publique et des
politiciens véritablement nationaux. Seul reste apparent du vieil
enchevêtrement identitaire: Bruxelles. Mais quel reste! Sise en territoire
flamand et se rattachant historiquement à la culture flamande, la
capitale-joyau de la Belgique et de l'Europe est devenue très
majoritairement francophone, ce qui ne l'empêche pas d'être également, de
façon révélatrice, la capitale de la Flandre. On y pratique un bilinguisme
institutionnel français-néerlandais un peu obsessionnel.
Si les Bruxellois parlaient majoritairement néerlandais, la Flandre
deviendrait sans doute un pays indépendant. Mais la Flandre a perdu
Bruxelles, on parle français dans sa capitale. L'indépendance obligerait
donc les Flamands à l'impensable sur le plan identitaire: faire le deuil
définitif de Bruxelles, avec une méga-enclave francophone au sein d'un
mini-pays accouché sous le regard courroucé de l'Union européenne. C'est
entre autres à cause de cette incontournable réalité bruxelloise que les
partis indépendantistes flamands semblent condamnés à plafonner. Le Flamand
moyen, lui, apparaît plus réaliste: le jeu semble consister à se retirer le
plus possible d'une Belgique identifiée historiquement aux francophones, et
qu'on essaie de transformer en coquille aussi nécessaire que vide.
À moins évidemment qu'il n'y ait dérapage, ce qu'on ne saurait totalement
l'exclure. Mais cela reste improbable en raison de l'habitude du compromis
historiquement cultivée par les Belges, ainsi qu'à cause de la situation
géographique et symbolique exceptionnelle du pays au coeur de l'Europe --
un tel drame serait aussi un drame pour l'Europe. Reste une situation de
plus en plus malsaine, qui ressemble à celle d'un couple à la fois
incapable de vivre ensemble et incapable de se séparer.
Débats identitaires
Un élément de consolation pour ces Québécois qui n'en peuvent plus de
débats identitaires parfois complaisants. La dimension identitaire de la
crise en Belgique, évidente pour un observateur extérieur, n'est
pratiquement jamais abordée de front dans un pays où on ne parle que de
blocage institutionnel ou constitutionnel, en faisant semblant de croire
que la solution, s'il y en a une, viendra essentiellement d'un énième
transfert de pouvoir du gouvernement fédéral aux régions.
Or, le problème tient au moins autant au fait que les Wallons sont restés
condescendants sans toujours s'en rendre compte et que les Flamands gardent
un trop-plein de rancune. Il tient aussi à ce que les deux communautés ne
se parlent plus et que leur système politique ne leur permet plus de se
parler, alors qu'elles sont vraisemblablement condamnées à coexister
ensemble encore un bon moment. Une initiative telle que la reconnaissance
de la nation québécoise par le premier ministre Harper, représentant en
cette matière symbolique et identitaire le Canada anglais, serait
difficilement imaginable en Belgique.
Un Flamand qui tomba par hasard, lors d'un récent séjour à Montréal, sur
la télédiffusion des audiences de la commission Bouchard-Taylor, n'en est
pas revenu: «Vous êtes une grande démocratie pour être capables d'avoir des
débats comme ça.» «Cela fait du bien à entendre, lui a-t-on répondu, car,
comment dire...? Vu d'ici on n'en est pas si sûr.»
***
Commentaire

Identifier les Wallons au Canada anglais a bien fait rire ma mère, 82
ans, première mairesse de Belgique dans un petit village de Wallonie aux
confins de la France et du Luxembourg. Le peuple wallon que le distingué et
éthéré universitaire croit comparer est un peuple pauvre dont la langue
n'est même pas reconnue, tout au plus quelques émissions dialectales et
folkloriques à la TV nationale puis communautaire.
Il ne sait sans doute pas, le soi-disant chercheur, que la langue flamande
ne s'est unifiée qu'au début du siècle dernier et que cela acquis, c'est
grâce à l'instruction obligatoire, même époque, que la Wallonie (en
français) comme la Flandre ou les Flandres (en néerlandais), se sont
instruites scolairement.
Il semble feindre d'ignorer, que le conflit majeur est celui qui a séparé
deux peuples après la deuxième guerre mondiale quand les miliciens flamands
durent à leur proximité à la race aryenne, d'échapper à la déportation et
au travail forcé dans les camps allemands.
En bon nord-américain, il fait fi des cycles de l'histoire qui ont vu les
Flandres s'enrichir à certaines époques, sous la domination espagnole, par
ex...
Il semble aussi ne pas avoir saisi, mais il est vrai que ce n'est pas dans
les livres, que le français parlé dans les Flandres l'était comme marque
d'une classe sociale et non comme appartenance à un peuple ou une culture.
En un mot, je suis perplexe devant cet intellectuel ("WA-WA-WA,
WA-WA-WA-WA" SIC CHARLIE BROWN) qui confond identité communautaire et
nationale avec lutte des classes localisée. Je me demande pourquoi il
s'emploie ainsi à tromper les lecteurs québécois du Devoir à moins qu'il ne
veuille faire mousser son Ego et comptabiliser cet article et cette
"conférence" dans son actif carriériste.
JP Gilson
PS. et je ne parlerai pas du diagnostic clinique qu'il accole au pseudo
bilinguisme bruxellois.Il vaut mieux en rire en vidant sa Gueuze!
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2007

    réponse à Pierreplexe
    José Fontaine, reprend aujourd'hui cette question, son éclairage sur place rendra peut-être la chose plus compréhensible.
    JPG

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2007

    pour info et faire suivre et sans identifier l'ensemble du peuple flamand à ce qui suit évidemment.
    JPG
    La Belgique démantèle un groupe néonazi préparant des attentats
    Article publié le 07 Septembre 2006
    Source : LE MONDE.FR avec AFP
    Taille de l'article : 262 mots
    Extrait : Un groupe néonazi, baptisé Sang-Terre-Gloire-Honneur (BBET, Bloed-Bodem-Eer-Trouw), particulièrement actif au sein de l'armée, a été démantelé par les autorités belges, jeudi 7 septembre, alors qu'il préparait des actions terroristes destinées à déstabiliser les institutions démocratiques du royaume.Le parquet fédéral a expliqué que le groupe "avait l'intention de mettre ses idées terroristes en pratique", ajoutant néanmoins : "On n'a pas trouvé d'indices pour un attentat spécifique." Environ 150 policiers fédéraux ont perquisitionné dans la journée cinq casernes, en Flandre et à Bruxelles, et dix-huit adresses de particuliers en Flandre.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 décembre 2007

    Monsieur JPG, vous dites:
    "Depuis 1945, vingt quatre premiers ministres se sont succédés en Belgique, trois furent wallons (Leburton, Duvieusart et Pierre Harmel bien que ce dernier, né à Bruxelles pourrait être considéré comme un autre hypothétique quatrième, Joseph Pholien,comme plus francophone que Wallon. Tous les autres furent soit bruxellois bilingues soit , en majorité, Flamands."
    Ceci ne se compare-t-il pas encore avec le Canada?
    Depuis 1945, création de l'ONU et des casques bleus de M.Pearson
    Largement majoritaires les P.M. canadiens-français ou bilingues!
    Dans l'Empire britannique, toutes les colonies ont connu cette ruse de mettre au pouvoir non pas des éléments flamboyants de la classe british, qui seraient vus comme provocateurs, mais des sujets respectés de la population de la colonie, plus habiles à faire passer chez leurs concitoyens les messages assimilateurs. Leur nom officiel était: AGENTS DE DÉNATIONALISATION.
    Si la même situation prévaut en Belgique, ça corrobore l'hypothèse que les Wallons exerceraient une position dominante sur les Flamands... J'essaie seulement de comprendre.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2007

    Toute comparaison a ses limites. Ce cas de la communauté de Zaventem voulant discriminer les acheteurs de propriétés selon des critères linguistiques n'a heureusement pas son équivalent au Québec. On se croirait à Jérusalem-Est où de riches Américains sur le qui-vive achètent toutes les maisons qui y sont mises en vente pour y installer des familles juives très militantes, grugeant ainsi peu à peu la présence palestinienne. Je vois d'ici les virulents épithètes qu'on lancerait à la figure des Québécois francophones qui entreprendraient pareille stratagème dans le "West Island".
    Christian Gagnon

  • Jean-Paul Gilson Répondre

    21 décembre 2007

    réponse à Perplexe
    Cher Ougho
    Il y a la vérité, la réalité et l'objectivité
    Nous reparlerons de ces notions bien différentes.
    Depuis 1945, vingt quatre premiers ministres se sont succédés en Belgique, trois furent wallons (Leburton, Duvieusart et Pierre Harmel bien que ce dernier, né à Bruxelles pourrait être considéré comme un autre hypothétique quatrième, Joseph Pholien,comme plus francophone que Wallon.
    Tous les autres furent soit bruxellois bilingues soit , en majorité, Flamands.
    Vraiment pas de quoi pousser des rugissements léonins de dépit(le lion est l'emblème flamand) encore moins de cocoricos wallons
    Bonne journée et A+
    JPG

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    20 décembre 2007

    Cette question n’est pas claire.
    Des amis belges m’avaient sensibilisé depuis longtemps au fait que l’affrontement linguistique et culturel chez eux se présente de façon contraire au nôtre. Les Flamands, minoritaires, se plaignant de persécution par une majorité francophone(Wallons)inflexible. Cependant je rencontrais une description inverse sur Vigile récemment : Bientôt la Wallonie sera libre!(José Fontaine 2 déc.) N’ai pas pris le temps de l’étudier, mais demeuré perplexe…
    Voilà que Christian Dufour nous livre cette version, qui colle plutôt à ce qu’on m’avait vaguement résumé. Pour une fois que je pouvais tomber d’accord avec la majorité d’un texte de Christian Dufour, d’habitude plutôt assimilé à la thèse canadian…
    Ce n’est pas parce qu’ils sont francophones qu’ils sont automatiquement vertueux, me suis-je persuadé à la longue. Et leur situation dominante dans la capitale située en territoire flamand ressemble étrangement à celle des anglos à Montréal, en plein cœur d’un Québec francophone. Nous le disons bien : dès que Montréal tombe significativement majoritaire anglaise, le Québec perd toute velléité indépendantiste.
    Qui dit vrai?