Nouveau chapitre du déchirement péquiste

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Début novembre, une cinquantaine de jeunes soutenaient que la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois, c'était l'«autonomisme» de Mario Dumont «sous un autre label».
_ Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Québec — La guerre des lettres ouvertes va se poursuivre au Parti québécois. Après la réplique cinglante de Jacques Parizeau aux 12 députés hier, certains jeunes militants qui avaient publié cet automne une lettre pourfendant la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois «cherchent un moyen d'exprimer leur forte déception» de la gestion de la crise, a appris Le Devoir.
Début novembre, une cinquantaine de jeunes, dont Félix-Antoine Michaud, le vice-président du PQ dans Lévis, et l'ancien candidat dans Bellechasse en 2008, Jerry Beaudoin, soutenaient, dans une lettre publiée dans nos pages, que la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois, c'était l'«autonomisme» de Mario Dumont «sous un autre label».
Admirateurs de Jacques Parizeau, ils s'inquiétaient alors que cette nouvelle doctrine prenne place au coeur du programme du PQ lors du congrès du mois d'avril; ce qui du reste s'est effectivement produit. Fait à noter, Hadrien Parizeau, 21 ans, président de l'association péquiste de Crémazie et petit-fils de l'ancien premier ministre, participe à cette fronde. Joint hier, il a dit estimer que le PQ est malade et que Mme Marois doit «s'ouvrir les yeux et se rendre compte qu'elle ne passe pas dans la population. On demande un changement à la direction».
Connaissant les positions d'Hadrien Parizeau, Mme Marois, la semaine dernière, lui a d'ailleurs suggéré de «mettre fin» à son militantisme en pleine conférence téléphonique à laquelle une soixantaine de présidents de comté participaient. Elle a aussi évoqué à ce moment la possibilité de placer en tutelle la circonscription de Crémazie, dont la députée est Lisette Lapointe, épouse de M. Parizeau et démissionnaire du caucus. Du reste, au terme d'un long débat, l'exécutif de Crémazie a choisi ces derniers jours de continuer à militer au PQ tout en demeurant fidèle à Mme Lapointe.
«Coquetel» dans Crémazie
Puisque, pour justifier la tutelle, la direction du PQ peut invoquer des retards dans le financement, l'exécutif a choisi de répliquer en tenant un «coquetel» vendredi, au restaurant Molisana, rue Fleury. Ironiquement, le thème sera «Agir en toute liberté», le titre du programme du PQ. On annonce au moins quatre invités «mystères», lesquels pourraient être Jacques Parizeau, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant, qui a démissionné du caucus il y a une semaine! La présence d'une autre démissionnaire, Louise Beaudoin, a été évoquée hier, mais la principale intéressée a nié y avoir été invitée. Jointe hier, Lisette Lapointe n'a pas écarté la possibilité d'y être, soulignant qu'avant son départ, la campagne de financement se déroulait très bien puisque 50 % de l'objectif était atteint. «L'exécutif de Crémazie s'engage résolument dans sa campagne de financement, malgré la controverse des derniers jours», peut-on lire sur le site Web de l'association. «Que nous appuyions notre députée démissionnaire ou pas ne change rien à notre engagement envers le PQ et à la nécessité de financer des élections», écrit Hadrien Parizeau.
«Grand-papa»
«Jeunes députés» signataires d'une lettre ouverte adressée à Jacques Parizeau samedi, Nicolas Girard et François Rebello ont haussé le ton, hier, en répliquant au texte de M. Parizeau. Ce dernier est un «grand-papa qui n'a pas à passer son temps à nous gérer», a pesté M. Rebello dans une entrevue à RueFrontenac.com. «Chef du parti, il n'aurait jamais accepté qu'un ancien chef se comporte comme lui se comporte en ce moment», a ajouté le député de La Prairie. M. Girard, quant à lui, a rappelé que M. Parizeau aussi, lors de la campagne référendaire de 1995, avait exigé que tous se rallient à sa stratégie. Et ce, même s'il l'avait «adaptée aux circonstances».
Au demeurant, le «navrant» de M. Parizeau, à la toute fin de sa lettre, visait à condamner la conduite de M. Girard (et non du député Yves-François Blanchet, comme certaines sources l'avaient affirmé). Au moment même où M. Parizeau prononçait sa conférence devant les Intellectuels pour la souveraineté samedi, M. Girard a accordé une entrevue à une station de télévision, ce qui a indigné M. Parizeau.
Deux péquistes chez Legault
Par ailleurs, Le Devoir a appris hier que deux anciens péquistes notoires, Sylvain Lévesque et Philippe Boucher, se sont joints à la CAQ. M. Lévesque a été candidat dans Vanier à deux reprises pour le Parti québécois, en 2004 et en 2007.
Quant à Philippe Boucher, il a été le président régional du PQ en Outaouais en 2006 et 2007, à l'époque où M. Boisclair était chef. Joint par Le Devoir, il a soutenu avoir trouvé «rafraîchissantes» les idées mises de l'avant par M. Legault depuis qu'il a lancé sa Coalition pour l'avenir du Québec. «Je suis en accord avec ce qu'il a proposé.» Soutenant avoir «beaucoup de respect pour Pauline Marois», il dit cependant qu'elle a échoué à rebâtir le PQ ces trois dernières années.
De Lévis, où il prononçait un discours, François Legault a commenté la crise au PQ en soutenant que ce n'était pas un parti facile à gérer. Il s'est dit en désaccord avec les pressés comme Jacques Parizeau. «Je ne pense pas que c'est en parlant plus et plus fort de la souveraineté qu'on va convaincre la population d'adhérer à ce projet.»
Notons que le Parti québécois présentera aujourd'hui son programme tel que remanié lors de son XVIe congrès, tenu à la mi-avril.
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Avec la collaboration de Robert Dutrisac


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