Le PQ dans une impasse

PQ - stratégie revue et corrigée



Une semaine après les élections du 26 mars, les souverainistes québécois sont en état de choc. Chacun cherche à comprendre les causes du glissement des appuis au Parti québécois. Jusqu'ici toutefois, on a refusé de regarder la vérité en face.
Plusieurs leaders souverainistes ont dit qu'il fallait "faire la pédagogie" de la souveraineté. Comme si les Québécois n'avaient pas compris ce que leur expliquent incessamment depuis 40 ans les René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry!
D'autres estiment que c'est l'engagement à tenir un référendum à court terme qui pose problème. Il est vrai que peu de Québécois, même parmi les indépendantistes, souhaitent la tenue prochaine d'une nouvelle consultation sur la souveraineté. Mais en concentrant leur attention sur l'accessoire, les péquistes ignorent l'essentiel. Si le référendum agit comme repoussoir, c'est parce qu'une majorité de Québécois:
- ou bien ne veulent pas la souveraineté;
- ou bien estiment que ce projet ne pourra obtenir une adhésion suffisante dans un avenir prévisible, jugent la bataille perdue ou futile.
En somme, le boulet du PQ aujourd'hui, c'est son option même.
Depuis 25 ans, les leaders souverainistes entretiennent la flamme parmi leurs militants en répétant que leur cause fait des progrès dans l'opinion publique. Il s'agit d'une interprétation jovialiste de la réalité. Le dernier sondage Crop, réalisé à la fin de la campagne électorale, accordait 41% d'intentions de vote à la souveraineté-partenariat; c'est le score du OUI au référendum de 1980. Hors deux réactions éphémères de colère (échec de Meech, commandites) et la fièvre Bouchard en octobre 1995, la souveraineté plafonne à 45%. C'est considérable... mais insuffisant. Le verdict des quatre dernières décennies est implacable: si les Québécois ont eu quelques sursauts indépendantistes, ils n'ont jamais manifesté de volonté indépendantiste.
Dès lors que sa raison d'être est bloquée dans l'opinion publique, que peut faire le Parti québécois? André Boisclair a ouvert le débat en déclarant la semaine dernière que la souveraineté demeurait souhaitable, mais non réalisable "à court terme". Les conséquences de cette conclusion sur les orientations du PQ dépendront de la durée qu'on attribue à ce "court terme".
En 1984, M. Lévesque lui-même s'interrogeait sur l'avenir du projet indépendantiste: "Quelle forme sera-t-il appelé à prendre, cet État-nation que nous croyions si proche et totalement indispensable?" Pierre Marc Johnson allait compléter le virage en proposant l'"affirmation nationale" du Québec au sein du Canada.
En 2007, cette voie est impraticable. Le terrain de l'affirmation nationale est déjà occupé: c'est l'autonomisme de l'ADQ.
Le parti de Mario Dumont menace les péquistes pour une autre raison. Seule solution de rechange au Parti libéral depuis 30 ans, le Parti québécois pouvait espérer être porté au pouvoir même si une majorité de Québécois n'adhéraient pas à son article un; il lui suffisait qu'il promette de "gouverner autrement". Le 26 mars, les Québécois se sont donné une autre alternative, alternative qui a l'avantage de ne pas comporter de risque référendaire.
Rien de cela ne présage la "mort" du projet indépendantiste ou de son principal véhicule. Mais il est certain qu'aujourd'hui, le Parti québécois se trouve dans une impasse dont il lui sera difficile de sortir. Du moins jusqu'à ce que se produise une de ces crises dont la fédération canadienne a le secret et dont les souverainistes savent si bien tirer profit.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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