À tous ceux qui ne croyaient pas le vieil adage qui dit qu’une semaine, en politique, c’est une éternité, souvenez-vous que, mercredi dernier, on notait la démission d’André Boisclair en s’interrogeant sur l’avenir de ce parti indiscipliné qui dévore ses chefs. Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a une toute nouvelle donne en politique québécoise.
Bien sûr, il faut se méfier des surprises et des sondages qui sont pris quand un nouveau chef se pointe. Pauline Marois aura droit, comme son prédécesseur avant elle, à une lune de miel qui viendra troubler les perceptions.
Tout cela ne dure qu’un temps, mais il reste que la donne a changé. Le PQ n’est pas mort et ses adversaires devront encore se battre contre lui plutôt que de se battre entre eux pour ses dépouilles. C’est majeur comme différence.
La différence la plus grande est pour le Parti libéral du Québec. Bien sûr, il faut prendre les sondages hypothétiques avec un énorme grain de sel. Mais il reste que lorsque CROP a interrogé les Québécois les intentions de vote advenant que Pauline Marois devienne chef du PQ, celui-ci récoltait 40 pour cent des voix, l’ADQ obtenait 30 pour cent et les libéraux tombaient à 21 pour cent des voix. Chez les francophones, le PLQ était laminé et n’obtenait plus que 15 pour cent.
Si quelques autres sondages devaient démontrer la même tendance, il est évident que le leadership de Jean Charest commenca à être très ouvertement remis en question. Mais, comme au PQ, le leadership n’est pas tout. Le PLQ est dans un lent mais constant déclin auprès de l’électorat francophone depuis le départ de Robert Bourassa au début des années 1990.
Les blagues de Jean Charest sur les difficultés du PQ cachaient mal que le résultat de cette semaine incroyable est plutôt une mauvaise nouvelle pour lui.
Déjà, les quelque 20 pour cent obtenus le 26 mars dernier étaient une catastrophe pour un parti qui aspire à gouverner le Québec. Mais en bas de ce seuil, c’est la survie même du PLQ qui est en cause.
À l’ADQ non plus, il n’y a pas de raison de se réjouir. Dans la grande région de Montréal – soit, l’Ile de Montréal et la grande banlieue, donc le «514» et le «450» — le PQ aurait 41 pour cent contre 24 pour cent chacun pour les libéraux et l’ADQ. Pour les libéraux, il s’agit de sa base anglophone. Mais pour l’ADQ, c’est une indication que la percée dans le «450» est loin d’être aussi solide que l’on ne pouvait le penser.
Le véritable défi de l’ADQ ces prochaines années est de transformer le vote de protestation de la dernière élection en vote pour un parti de gouvernement. Avoir, comme chef du PQ, la politicienne la plus expérimentée à jamais être devenue chef de parti au Québec pourrait être autant un avantage qu’un problème pour Mario Dumont.
Un avantage, parce que Pauline Marois est identifiée, qu’elle le veuille ou non, à l’ancien régime et à des façons de faire qui ont souvent oublié la classe moyenne et ses préoccupations.
Un problème, parce que l’ADQ va avoir pas mal plus de misère à dire qu’on va financer des allocations pour les enfants qui n’ont pas de place en garderie à même les budgets de l’aide sociale quand ce sera quelqu’un de la compétence de Mme Marois qui lui donnera la réplique.
Même chez Québec Solidaire, l’arrivée à la tête du PQ de la mère des garderies à 5$ n’est pas une bonne nouvelle. Dans les milieux communautaires et syndicaux qui sont la base de QS, Mme Marois est plutôt bien vue.
Bien sûr, les choses peuvent mal tourner pour le nouveau chef du PQ. Mais il est clair que la donne politique a considérablement changé au Québec depuis une semaine. Et ceux qui croyaient que le PQ serait absent des débats pour plusieurs mois devront revoir leurs stratégies.
La nouvelle donne
Le PLQ est dans un lent mais constant déclin auprès de l’électorat francophone depuis le départ de Robert Bourassa au début des années 1990.
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